Révision tarif heures pleines heures creuses prévu en 2025

La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) présidée par Emmanuelle Wargon envisage de modifier la répartition heures creuses, heures pleines du tarif de l’électricité.

Rappel : le tarif de l’électricité se compose d’un abonnement mensuel, d’un montant proportionnel à la consommation et de taxes. Le montant proportionnel à la consommation dépend du prix du kWh consommé. Ce prix varie selon que l’on consomme en heures pleines (plus cher) ou en heures creuses (moins cher). Le montant de l’abonnement varie an fonction de la puissance demandée ( de 3 kW (soit 15 Ampères maxi) à 18 kW (soit 90 Ampères maxi) et en fonction de la formule choisie (tarif plein, tarif heures pleines, heures creuses, tarif Tempo, …) ;
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Actuellement le tarif heures creuses s’applique durant 8 heures la nuit.
La CRE voudrait, dès 2025, des plages heures creuses de 5 heures la nuit et 3 heures dans l'après midi.

Pourquoi ces heures creuses ?

En fait, les réacteurs nucléaires sont très peu réglables en puissance du fait de leur grande inertie thermique;
- soit ils ne produisent pas assez au moment des pointes de consommation (du matin vers 8h, du midi et du soir vers 19h) et EDF doit faire appel aux centrales hydrauliques, aux autres ENR si les conditions atmosphériques sont favorables (*1) et aux centrales thermiques à gaz
- soit ils produisent trop en dehors des pointes de consommation et gaspillent de l’électricité (*2).

Pour inciter les consommateurs à réduire leur consommation en pointe (heures pleines) et l’accroître en dehors (heures creuses), EDF a donc proposé des tarifs basés sur les heures de consommation. L’idée générale est donc de lisser la consommation électrique sur la journée afin d’adapter celle-ci à la production électrique relativement constante d’origine nucléaire.
Notons que les ENR souvent décriées par les pro-nucléaires sont particulièrement intéressantes pour apporter très rapidement le complément de production nécessaire durant les pointes.

Pourquoi une révision de la répartition heures pleines, heures creuses ?

Les heures pleines sont aux alentour de 8h, 12h et 19h chaque jour. Entre 8h et 12h le ‘creux’ n’est pas marqué. Il l’est davantage entre 12h et 19h. Il l’est nettement entre 19h et le lendemain 8h. Difficile d’inciter les usagers à consommer plus la nuit ! Mais tout à fait faisable l’après midi.
D’où le projet de révision HP/HC de la CRE. On peut déplorer que ce projet réduise le créneau de nuit à 5 heures seulement.
Par ailleurs, les saisons influent fortement sur la consommation électrique. Nous consommons davantage l’hiver pour nous chauffer, nous consommons davantage si l’activité économique est plus forte, nous consommons moins en été quoique l’usage des climatiseurs ne soit pas négligeable.
De même, l’usage des véhicules électriques personnels et le rechargement de leurs batteries doit être pris en compte, la nuit principalement mais aussi dans la journée.
Le projet HP/HC de la CRE sera affiné, révisé jusqu’en 2027 pour tenir compte de ces contingences.

Plus généralement

Le problème général est d’obtenir un équilibre permanent entre la production électrique et sa consommation.
L’accroissement rapide du parc électro-nucléaire durant les années 1970-80 a créé une surproduction électrique.
Pour utiliser celle-ci on a alors privilégié le chauffage électrique. La mode du chauffage électrique qui date de la fin des années 1980 a entraîné une surconsommation électrique importante dès qu’il fait froid. D’où des variations de consommation saisonnières importantes qui viennent amplifier les variations journalières habituelles.
Arrêter ou démarrer un réacteur nucléaire en fonction des saisons est tout à fait possible. Le redémarrer à la demande pour une pointe journalière est au contraire impossible du fait de sa grande inertie thermique. Ce sont donc les ENR d’une part et les centrales gaz (ou fioul, ou charbon) d’autre part qui sont nécessaires pour fournir l’électricité lors des pointes de consommation.
On comprend bien, dès lors, la complexité de réaliser l’équilibre entre production et consommation.
Ce problème est d’autant plus ardu que nous sommes habitués à la disponibilité permanente d’électricité et ne tolérons pas la moindre coupure de cette ressource !
Pourtant, les aléas climatiques nous ont déjà privé d’électricité et le feront encore, nous ne pouvons en douter. Le risque de coupure d’électricité de longue durée est accru par la sensibilité des lignes haute tension aux vents violents, lignes qui relient environ une trentaine de centrales électro-nucléaires aux lieux de consommation, principalement de grandes agglomérations.

Les tarifs HP/HC sont établis de façon à inciter les consommateurs à ne pas consommer ou fort peu durant les périodes de pointes journalières, voire saisonnières. Néanmoins ces tarifs ne remettent pas en cause la centralisation de la production. Que l’électricité soit produite à 500 kms de chez nous ou très proche de nous ne change pas le prix du Kwh !
C’est bien dommage ! Car l’électricité ou la chaleur produite localement via diverses ENR (*3) nous rendrait moins dépendants d’un système centralisé et sécuriserait donc notre alimentation énergétique.

Le chauffage au bois est également décrié désormais bien qu’il soit considéré comme neutre sur le bilan CO2. En effet celui-ci émet des particules fines néfastes. De plus s’il se généralisait à grande échelle, la ressource en bois serait menacée.

Certes, mais pourquoi n’envisage-t-on pas, en particulier lors de grands froids, que plusieurs ménages de logements voisins se réunissent dans un même logement, pendant quelque temps ?
Cela diviserait la consommation de bois par deux ou trois comme par magie ! Et cette idée peut s’étendre à la consommation d’électricité et ainsi réduire par magie les pointes de consommation problématiques !
Sauf que cette idée de bon sens, que nos anciens utilisaient sans doute autrefois, ne peut pas s’appliquer dans notre société hyper individualiste !

On peut sans doute généraliser et en conclure que la plupart de nos problèmes technologiques pointus seraient tous effacés si nous acceptions de vivre davantage en véritable communauté humaine partageuse, responsable, respectueuse de l’autre !


(*1) Par exemple, la pointe de midi peut être absorbée par les panneaux solaires photovoltaïques si le soleil brille. De même les pointes journalières peuvent être absorbées par les éoliennes si le vent souffle au bon moment.
(*2) Pour éviter ces pertes EDF ‘remonte’ l’eau dans certains barrages équipés pour cela, ce qui permet de faire mieux appel à la production d’électricité hydraulique le matin.
(*3) Les ENR les plus connues sont l’éolien et le photo-voltaïque dépendant du vent et du soleil. Mais il ne faut pas négliger le géothermique, un producteur de chaleur constant d’autant plus intéressant que nos besoins sont souvent de la chaleur. Il faut utiliser les courants marins, la houle pour récupérer encore de l’énergie.

Edité le:30/12/2024