Réflexions sur notre (r)apport au vivant et au social
Auteurs : Fabrice Cavaretta et Eric Lenoir Editeur : Payot
Prologue
La rencontre d’Eric et Fabrice et interrogation sur notre rapport au monde végétal ou social.
Introduction
Constat de nos mauvaises habitudes qui dégradent l’environnement et les systèmes sociaux. Parallélisme entre écologie et social.
Rendre notre rôle plus vivant, plus humain, plus cohérent, plus facile à comprendre, plus respectueux de l’existant, moins absurde.
1. Comprendre (la complexité)
Mise en miroir de l’écosystème du jardin (écologie) et celui de la ville (social) et de leurs interactions pour mieux identifier les mécanismes complexes en jeu.
Habiter avant de gérer
Au jardin, intervenir ou travailler moins, laisser faire la nature, prendre le temps de vivre.
Apprendre à observer
La leçon des choses, oui, mais l’observateur que vient-il faire, que veut-il, quelles fins ?
Déterminer quelles sont les interactions avec soi est tout aussi important.
Viser l’économie de moyens
Humilité face au vivant, approche humble, économie de moyens
Comprendre pourquoi les choses, les êtres sont ainsi et s’adaptent aux conditions locales
Concevoir les villes ou accompagner leur évolution ?
Développement anarchique, radiales, densité au centre. Tentation d’organiser, gérer, créer des villes nouvelles qui déçoivent leurs habitants parce que les organisateurs/concepteurs n’ont pas été à l’écoute des gens et n’ont pas su anticiper les changements.
La modernité suppose planification et grande échelle
Exemple de l’industrie automobile, de l’organisation taylorienne, découpage en processus optimisés, actions agressives sur l’environnement. Volonté de contrôle total sur les choses appelée vision ; en réalité non observation et respect de l’environnement.
De la patience et l’acceptation à accompagner les humains
Rôles, autorité, commandement, gestion, direction, management et verticalité du pouvoir
Cependant le leader serviteur (qui peut s’effacer) est bien plus utile pour entraîner les gens.
Accompagner les humains au moins aussi bien que les chevaux
Opposition entre le cavalier maître du cheval (Cadre noir de Saumur) et le cavalier du Théâtre Zingaro de Bartabas où le cavalier aime d’abord son cheval pour créer avec lui une figure. Ceci se transpose dans le social. L’accompagnateur doit être à l’écoute des gens, les aimer pour accomplir de grandes tâches utiles à tous. Habiter (le jardin, les autres) avant de les gérer !
Chérir la biodiversité
Plus de biodiversité, plus de résilience, de survie.
Le pouvoir de la biodiversité
La sélection d’une espèce vivante menace sa survie en cas de variation importante de ses conditions de vie. La culture intensive menace des sols devenant pauvres et incapables de résister aux pluies intenses. Il faut donc préserver la biodiversité pour garantir la résilience.
Les prairies diversifiées, petits paradis de diversité
Plantes diverses aux racines de surface ou profondes, plantes résistant à la sécheresse ou acceptant l’inondation, plantes en osmose avec les insectes divers, sont en mesure de s’adapter à un grand changement de leurs conditions de vie.
Productivisme et besoin de contrôle ont miné la biodiversité
La sélection des plantes les plus productives, l’utilisation d’intrants chimiques et de pesticides ont réduit fortement la biodiversité des plantes mais aussi des insectes et de leurs prédateurs. Des espèces vivantes ont disparu. Laisser faire la nature peut faire revenir la biodiversité mais pas celle qui est souhaitable pour la survie des hommes. Il serait sage de ‘négocier’ dès à présent avec la nature, donc de remettre en cause le productivisme.
A la ville une diversité à préserver
De même dans le domaine social, la diversité des profils équilibre les gouvernances. Il faut pour cela des conditions humaines naturelles. On ne force pas plus les gens que les plantes à se diversifier. Danger de toute discrimination pour la cohésion sociale.
Les travers de notre préférence pour l’endogroupe
Le cerveau humain a tendance à catégoriser. Nous par rapport à eux. Ce qui crée des castes.
De la ségrégation sociale, y compris par autosélection
Certaines populations s’excluent de certaines activités (autosélection) ; métiers de femmes, d’hommes, de forts, de faibles, etc …
Une civilisation taylorienne, frileuse de la variabilité de l’humain
Modèles mentaux sous-jacents de nos modèles industriel, enseignement, commercial desquels émergent des catégories de gens, des mesures de capacité, des assignations à un rôle unique dans la société, des discriminations sur l’âge ...
Diversité sociale : les progrès institutionnels déjà remis en cause ?
Bien que l’on soit conscient des bénéfices de la diversité, les inégalités surtout économiques créent de la ségrégation sociale. L’essai de correction par la discrimination positive ne marche pas bien car imposée d’en haut.
Au jardin comme à la ville, des mécanismes dus à l’homme, réduisent la diversité. L’utilitarisme tend à rationaliser nos paysages et nos organisations. Il faut intervenir pour corriger cela pour rétablir diversité vitale.
Bricoler à la marge
Le charme discret des écotones : la roselière
Ecotone : zone de transition entre plusieurs types de biotypes, réservoir d’espèces vivantes variées. Exemples : estuaire, lisière de forêt, roselière, bocage. Zones de transition, d’accueil qui atténuent les effets des changements brutaux.
Les marges absorbent les difficultés
Exemple du sabara, arbuste du Sahel qui parvient à s’implanter et retenir le sable et l’eau pour lui et d’autres plantes, plantes carnivores des tourbières,virevoltants abandonnant leurs racines pour s’enraciner plus loin, dormance des graines.
Intégrer la gestion des marges au jardin
Le jardinier recherche la performance de ce qu’il cultive et ignore la grande évolutivité et résilience des plantes. Il a intérêt à recréer ces marges (tas de terre,murets,fossés) et à associer les plantes (haies,potager,fruitiers) pour garder la vitalité naturelle et obtenir la résistance aux aléas.
La marginalité, objet central de la sociologie
Ce sont les marginaux qui permettent de comprendre la société ‘normale’.
Le renouvellement organisationnel des marges
De nouvelles opportunités naissent de la marginalité. Elles sont essentielles et accélératrices de l’évolution sociale.
De l’avantage compétitif des intermédiaires
L’organisation (taylorienne) par la division du travail crée des ‘silos’ organisationnels (marketing, production,...) dont l’inconvénient est le manque de communication et d’échange de ressources du à la spécialisation. Néanmoins les intermédiaires (donc marginaux) entre ces silos créent de la valeur et tirent des bénéfices. Ils sont souvent ostracisés par la société normale.
Compter avec l’évolution
De la temporalité des changements (évolution,écologie,évologie)
L’évolution des espèces (selon Darwin) est longue. Le remplacement d’une espèce par une autre dominante semble bien plus rapide. Pourtant l’évolution peut s’accélérer à tel point qu’on la nomme évologie. Exemple : La Fritillaria delavayi, récoltée intensivement par les chinois, a changé sa coloration pour se fondre dans le paysage.
L’extraordinaire capacité d’adaptation à la vie
Exemple : les abeilles ayant appris à résister au frelon asiatique.
Des difficultés d’intervenir sur l’évolution
L’homme sélectionne des plantes pour son usage et utilise des pesticides pour tuer les insectes prédateurs. Mais ces insectes évoluent et résistent ! Nos interventions peuvent être positives ou négatives avec le temps.
Les objets sociaux évoluent aussi même si l’encodage est flou
L’évolution a lieu quand un objet social subit une altération de sa définition sociale (croyance, normes, pratiques, langage, médias). Exemple : les restaurants routiers apparaissent avec le transport par camions.
De l’évolution des mèmes : la mue du concept de liberté
Le concept de liberté a changé et changera encore selon l’évolution de la société. Laisser tout dire ou non, même les haines ?
De la complexité de nos sociétés : le leadership
Qui va diriger un groupe social ? Existe-t-il des qualités intrinsèque à l’individu pour cela ou bien est-ce l’évolution du groupe social et alentours qui désigne la ou les personnes dirigeantes ?
Martin Luther King exemple de coévolution leader-cause
MLK s’est attaqué aux droits civiques des noirs américains ; il a fait progresser, évoluer cette cause et en devient le leader.
Coexister en interaction
Les symbioses, mécanisme clé du monde végétal
Les symbioses sont courantes ; les nodosités racinaires qui hébergent des bactéries, les lichens colonisant roches, ciment, acier, … association d’un champignon hébergeant une algue microscopique, les mycophycobioses où une algue héberge un champignon.
Multiples formes de coopération et d’interaction
Les relations réseau mycorhizien des champignons avec les arbres sont multiples, subtiles et à l’avantage des deux parties (chêne et champignons, truffe,aulne glutineux). On trouve également des symbioses dans le monde animal.
Les interactions indispensables pour appréhender l’écosystème
Pour le paysagiste, le jardinier,la connaissance des interactions entre espèces végétale est difficile mais essentielle à la compréhension de l’écosystème.
Les coopérations plus présentes qu’on imagine
L’énergie vient du soleil, l’eau diffuse dans tous milieux, les substrats minéraux sont courants. Pas assez ou trop de soleil nuit à la végétation. Idem pour l’eau. La vache a besoin d’herbe mais l’herbe a besoin de la vache pour être tondue et se renouveler. A chaque fois il y a un équilibre écologique à trouver.
Omniprésence des interaction symbiotiques en ville
De même les objets sociaux sont en symbiose. Il y a des grandes interdépendances entre objets sociaux. Exemple : les médecins et leurs patients.
Une symbiose entre l’entrepreneuriat social et l’idée de l’état allégé ?
Les collectivités peuvent se décharger de leurs actions sociales sur des entreprises privées. Cet allègement des charges de la collectivité a pour inconvénient de rendre la collectivité dépendante du privé.
Les symbioses, mécanismes de la complexité en économie
La taylorisation et la science économique modélise une suite d’actions à faire dépendantes les unes des autres dans le sens top-down. Trop souvent les interactions inverses essentielles sont ignorées à tord et créent un grand gaspillage.
Ostrom et l’interaction symbiotique totale, de l’économie au social
Les interactions et symbioses existent à la ville et au jardin et à l’échelle la plus large. Ostrom met en évidence des mécanismes de gouvernance polycentriques. Importance de la coopération, de la confiance et de l’auto-organisation des communautés humaines. Besoin de se prémunir de voir les éléments isolés les uns des autres car les relations sont toujours complexes.
Imbriquer dans les communs
L’allégorie de la disparition des mésanges
Le jardinier plante des arbres fruitiers qui sont dévorés par les chenilles. Néanmoins celles-ci constituent la nourriture des mésanges qui rétablissent un équilibre écologique dès l’année suivante ; le jardinier récolte bien ses fruits.
Du fonctionnement en holobionte
Aménager un jardin, c’est transformer complètement l’équilibre écologique d’un milieu existant. Les facteurs modifiés sont nombreux, conjoncturels (clôture,artificialisation,…) et biologiques(changement d’espèces, taille, …).
Donc éviter de se précipiter, prendre le temps de comprendre l’holobionte que constitue le jardin. Exemple d’holobionte : un chien avec ses vers intestinaux et ses puces.
Le domaine socio-économique se structure en holobionte
L’entrepreneur créant une nouvelle activité est parfois décrit comme héros. La réalité est tout autre puisque les interactions avec tout le système socio-économique détermine la réussite ou l’échec de l’activité.
La réalisation d’une liaison rapide entre grandes agglos (TGV) est vue positive ; pourtant l’abandon des villes intermédiaires est négatif.
Les externalités entrantes cruciales à l’entreprenariat
Tout processus économique a des externalités aval mais aussi amont à ne pas oublier. L’entrepreneur souhaite engager du personnel pour développer son activité (externalité aval pour son business) ; mais ce personnel est-il disponible localement ? Faut-il aller le chercher plus loin ? Le former ? (externalité amont).
Les districts industriels, holobionte de l’entreprenariat
La disponibilité des externalités amont expliquent le miracle de la Silicon Valley américaine. Vouloir créer une silicone vallée grenobloise n’est réalisable que si on dispose de toutes les externalités nécessaire.
Le dilemme social de l’acteur dans son holobionte
Reconnaître l’holobionte socio-économique requiert une approche holistique, englobant l’ensemble des interactions et interconnexions d’un système.
Exemple, la délocalisation : l’entrepreneur y voit une externalité positive (main d’oeuvre bon marché, pas ou peu d’investissement) ; mais le territoire local y voit une externalité négative (moins d’emplois, perte de savoir faire local, …). On parle de dilemme social.
Les communs, suspects chez Hardin
L’imbrication des multiples niveaux d’un système à travers de tels dilemmes est particulièrement complexe. La collaboration des abeilles dans une ruche. Les humains sont capables de telles stratégies collectives avec plus ou moins de réussite. Voir l’ouvrage de Hardin, la tragédie des communs. Les partisans de la propriété privée s’opposent à ces stratégies communes.
Les communs, centraux de la civilisation chez Ostrom
C’est l’absence de gestion communale qui interdit les communs. Celle-ci est pourtant indispensable. Ostrom montre que donner la primauté à la gestion des communs est bénéfique à la société, qu’elle constitue la base d’un holobionte social essentiel. La survalorisation actuelle des actions individuelles privées est une grave erreur.
2. Eclairer (nos zones d’ombre)
En écologie les acteurs sont jardiniers, agriculteurs, éleveurs, chasseurs, urbanistes, politiques …
Dans le domaine social ils sont gestionnaires, entrepreneurs, activistes, entraîneurs, parents, politiques …
Leurs actions ou réactions sont souvent étonnantes voire toxiques ; ce sont des zones d’ombre à éclairer d’urgence.
Fuir les catégorisations en nuisibles et parasites
Nuisibles ou pas ? Taupes, chauves-souris, limace et géranium
La taupe prédateur, régule les insectes du sol, aère ces sols. La chauve-souris autre insectivore volant, régule le nombre de moustiques. Les limaces régulent les champignons pathogène et diffusent les bons champignons. Le géranium ou herbe à Robert s’implante partout ; elle protège le sol et résiste à la sécheresse.
Les vrais dommages dérivent des déséquilibres de l’écosystème
Criquets, loups, mulots, sangliers font des dommages réels mais chaque espèce vivante joue un rôle dans l’écosystème ; n’est-ce pas nos interventions humaines qui dérèglent l’écosystème et sont cause des dommages ?
Des précautions à évoquer les nuisibles sociaux
Dans le domaine social, certains groupes en perçoivent d’autres comme nuisibles (étrangers, chômeurs, sdf, …).
De la perception de parasitisme au sein d’organisations : syndicats
Le syndicat vu à tord comme parasite par l’employeur.
Performativité de la défiance
Mépris du MEDEF des grands syndicats qui sont ternis, réputés inutiles.
Dépasser la perception de nuisance en acceptant la complexité
Le syndicat est un exemple de contre pouvoir nécessaire particulièrement utile dans les situations complexes ou des points de vue différents peuvent éclairer la complexité.
Idem au jardin où la recherche de performance a tendance à considérer comme nuisible toute perturbation du processus de culture. Or chercher à comprendre les perturbations est essentiel dans le domaine du vivant.
Accepter l’échec et la mort
Perdre et reculer en Champagne crayeuse (département de la Marne)
Lande,vergers et forêts, moutons,cidre, exploit forêt. Puis Plan Marshall avec apport d’engrais et argile, mécanisation, remplacement par culture céréalière intensive avec disparition des petites fermes d’antan et leurs usages.
Conséquences actuelles : rivières et nappes polluées, érosion sol et biodiversité, baisse constante des rendements, exode rural …
Forcer la nature mène à l’échec !
Perdre pour avancer grâce aux scolytes
La monoculture de l’épicéa et son attaque par les scolytes ; les méga feux de forêts rendus possibles par l’uniformité et l’étendue sont problématiques. Mais les arbres morts peuvent stocker de l’humidité et héberger des champignons et toutes sortes d’espèces, protégeant un peu du feu et faisant le terreau de reconstruction de la forêt. Mourir fait partie de la vie.
De la difficile acceptation de la mort dans les cultures humaines
La mort est un tabou dans les civilisations occidentales. Son acceptation existe dans d’autres civilisations (orientales, asiatiques, africaines, amérindiennes).
De l’échec en psychologie et sociologie
Une part de notre perception du monde social, n’a pas de base objective ; les notions de gain ou de perte sont socialement construites et subjectives. Pour éviter les situations perçues négatives, l’acteur va tricher avec lui-même et créer des problèmes (émotionnels, organisationnels, personnels) parfois graves.
L’innovation se construit sur des échecs
Dyson a réussi la commercialisation de son aspirateur innovant après la réalisation de 5000 prototypes soit 4999 échecs ! Il faut accepter ceux-ci pour innover.
Accompagner l’humain requiert d’accepter l’échec
Le nouveau leader doit comprendre cela.
Pour une politique ouverte aux risques raisonnés
Expérimenter, tester sous réserve d’un risque raisonnable. Ne pas tomber pour autant dans la crainte du risque ou de l’échec.
Relativiser la part de l’effort
L’économie de moyens,pilier du vivant
Si un être vivant bouge, évolue c’est pour une bonne raison souvent existentielle.
Un jardin peut se gérer à effort minimal
Pourquoi labourer si les lombrics travaillent le sol ? On peut associer des plantes pour qu’elles s’entraident à mieux vivre.
Ne pas rechercher la production maximale mais la résilience des plantes.
L’effort, consubstantiel à notre modèle industriel de croissance
Remettre en cause l’effort impératif. Faire l’éloge de la paresse. Oublier le toujours plus.
L’effort, concept sous-jacent
Les gens sont conditionnés par l’idéologie du mérite et que travail acharné et réussite vont de pair. Exemple : faire des efforts à l’école pour réussir.
Une fétichisation de l’effort infondée
C’est plutôt la motivation qui fonde l’effort, qui obtient le bon résultat, qui fait plaisir et qui remotive (boucle de réaction).
Au jardin comme à la ville la sobriété d’efforts et de besoins vaut mieux que la débauche de moyens et de besoins.
Se méfier des solutions simplistes
Même biologique, une solution peut être toxique
Pour lutter contre la pyrale du buis, on a trouvé Bacillus thuringiensis, une bactérie efficace contre la pyrale … mais aussi d’autres insectes. On a donc affamé des oiseaux prédateurs y compris de la pyrale du buis !
L’intrant miracle masque la complexité
Même la permaculture présente des inconvénients ne la rendant pas universelle.
Le paillage restreint le besoin d’arrosage mais consomme beaucoup d’azote pour se décomposer, échauffe le sol par fermentation, accueille des rongeurs.
Le jardin idéal, promoteur d’une esthétique solutioniste
Jardin Eden maîtrisé par sélection, intrants, … à l’opposé du jardin naturel.
Pas de miracle hors contexte : la forêt Miyawaki
Ce botaniste propose une plantation très dense et très variée pour reboiser. Sa méthode, au final, est chère et pas meilleure qu’un reboisement spontané. A extrapoler.
De la malédiction des ressources en politiques publiques
Les ressources mondiales abondantes n’incitent pas à laisser le temps à la nature pour repeupler un territoire. La colonisation n’est rien d’autre qu’une malédiction d’exploitation de ressources qui ne nous appartiennent pas.
L’implant miracle « capital » dans l’entreprenariat
La levée de fonds vue comme fondamentale à la création d’entreprise. Faux.
L’entrepreneur doit : utiliser les moyens dont il dispose, ne dépenser que ce qu’il peut perdre, construire un projet flexible avec les parties prenantes, voir les imprévus comme des opportunités, créer l’avenir avant de prédire.
L’argent : solution miracle, mais perverse, au manque de motivation
La recherche du gain financier n’est pas une saine et humaine motivation.
Des intrants miracles dans le système éducatif
L’école ne doit pas être l’étrier vers l’entreprise. L’éducation doit se baser d’abord sur la motivation de l’élève.
Valoriser les déchets
Quand le besoin de propriété devient une fin en soi
Conception étriquée, aseptisée des passages et des espaces verts propres ;
La peur du sale s’inscrit dans la répression du sauvage
Crainte des gens des villes d’être dépassés par la nature sauvage.
La saleté est toute subjective
L’herbe haute, la terre n’est pas sale. Elle est vivante. Il y grouille des êtres vivants. Dans la nature les déchets des uns sont la nourriture des autres. Il faut réfuter l’extrémisme hygiéniste.
Le sale au centre du grand cycle de la vie : l’arbre
Ecosystème : Rien ne se perd, tout se transforme … y compris dans l’arbre.
Apparence d’ordre et de propreté consubstantielle à la modernité
Modèles productivistes,bureaucratiques. Division du travail. Différentiation des matières nobles (intrant, production) et déchets non utilisés. En réalité les polluants de nos activités sont très sales !
Le rapport aux déchets dépend des civilisations
Certaines peuplades d’Amazonie bricolent en permanence, à la fois producteurs et consommateurs. Pour eux rien n’est déchet.
Réprimer la pulsion de voir du sale dans l’humain
Celui qui oriente l’action d’autres hommes doit les accepter tels quels avec leurs pires défauts, ne doit surtout pas rejeter. Doit rechercher l’interaction, l’écoute, la compréhension nécessaire pour bien orienter l’autre sans à priori.
Résister à la tentation de surexploiter
Notre société surexploite le milieu naturel partout
Des forêts, des marais, des paysages remaniés, des mers …
De la réticence à se mettre des limites
On constate les dégâts de la surexploitation mais on hésite à limiter.
La maltraitance des sols plafonne la productivité
La matière organique produite naturellement par un champ ou une forêt est consommée en 30 ans par l’exploitation agricole ou la sylviculture conventionnelle. Tôt ou tard, cette matière organique, cette vie microbienne des sols vient à manquer. Les apports artificiels de phosphore(P), azote(N) et potassium(K) ne sont pas bien assimilés par les sols et créent des pollutions.
L’eau est aussi surexploitée
On essaie de compenser la sécheresse par l’irrigation des plantes sans tenir compte des limites des nappes phréatiques. De même l’industrie utilise beaucoup d’eau (refroidissement des centrales nucléaires).
De la surexploitation des arbres et de leur cycle de vie
Par souci de productivité, ou de variété, les arbres des vergers sont remplacés tous les 15 à 25 ans.
Distinguer l’exploitation acceptable de l’inacceptable ?
Il faut avoir conscience que l’exploitation de notre environnement écologique est problématique tout comme l’exploitation de l’homme par l’homme.
Différentes formes d’abus dans le domaine social
Sous paiement des immigrés, production néfaste à la santé.
Exploitation par ignorance ou par égoïsme ?
L’intérêt personnel des nantis passe avant l’intérêt général des gens à toute échelle de territoire.
Le pouvoir intoxique l’humain
Cette immoralité des hommes est renforcée par le pouvoir.
3. Agir (avec pragmatisme)
Expérimenter encore et encore
La démarche expérimentale
Le champ des possibles au jardin est très vaste ; l’expérimentation continue est souhaitable.
Risque, parcimonie et mutualisation
Limites de l’expérimentation selon les risques financiers, le temps disponible donc expérimenter avec parcimonie en essayant de mutualiser les acquis.
Oser sans crainte de l’inéluctable
On peut toujours arracher une plantation envahissante, couper un arbre …
De la sérendipité encore
L’expérimentation peut être involontaire ; savoir observer, être pragmatique.
L’attrait vénéneux des grandes planifications
Exemple : plantation de pins dans les landes sous Napoléon et l’inconvénient de cette monoculture connu aujourd’hui.
La grande échelle, un modèle civilisationnel
Répression des petits groupes humains, effet d’échelle et uniformatisation.
Des remises en cause du système de la grande échelle
Les méthodes Agile, Lean, les cercles de qualité redonnent de l’importance au local.
Des outils de l’expérimentation en gestion
Les moyens modernes (PC,langage à code ouvert, imprimant 3D, …) donnent le moyen d’expérimenter à petite échelle.
L’administration publique s’ouvre à l’expérimentation
La subdivision du pays en territoires (département, …) le permet.
Expérimenter les régimes économiques et politiques
L’Islande a expérimenté une définanciarisation réussie de son économie !
Il faudrait s’en inspirer dans tout domaine.
Planifier moins, métaplanifier plus
Les grands jardins planifiés, trop coûteux et peu robustes
Beaucoup de moyens pour garder les jardins ou les parcs créés depuis 2 siècles ; ceux-ci sont menacés par le dérèglement climatique, les changements d’usage et le manque de main d’oeuvre.
Ouvrir sa conception du jardin pour permettre l ‘émergence
Moins les besoins sont figés, plus il est facile d’adapter le lieu à des conditions ou besoins qui changent.
Planifier l’émergence, l’expérimentation, l’apport des parties prenantes
Agir avant qu’il ne soit trop tard mais n’agir que si nécessaire. Toujours interroger les usagers du lieu.
Prendre du recul avec la doctrine planificatrice
Privilégier les méthodes pragmatiques et à petite échelle.
Se prémunir contre le cérémonial
Le cérémonial de l’idéation, la planification, la présentation d’un projet par les managers est inadaptée aux changements rapides d’aujourd’hui.
Développer l’ambidextrie, entre planification et émergence
Trouver le juste milieu entre la planif à l’ancienne et les méthodes locales émergentes.
Métaplanification : marge, émergence, itération,expérimentation
Pas de plan direct trop directif, mais un métaplan d’actions indirectes visant à atteindre l’objectif visé. Par exemple expérimenter sur un petit territoire et en déduire le bien fondé ou non du résultat obtenu.
Métaplanifier en privilégiant l’expérimentation
Ouvrir des espaces d’expérimentation physiques ou temporels. Exemple du travail à la perruque dans les usines, du temps libre permettant la créativité de chaque acteur.
Construire avec le cycle de vie et de mort
Le cycle de vie comprend les disparitions de masse
Un assèchement, une inondation suppriment de la biodiversité.
La perte, difficile à accepter mais riche de potentialités
Après toute catastrophe la vie renaît souvent différemment.
Potentialités parfois dans une autre temporalité
Après une extinction de masse, d’autre formes de vie apparaissent bien longtemps après.
Le jardinier, jongleur de temporalités
Il faut savoir observer et attendre pour bénéficier de la nature. La beauté d’un arbre attend de nombreuses années.
Accepter l’évolution des institutions et organisations
Le système économique et social actuel est fortement construit ; il semble immuable. Il faut pourtant le faire évoluer au rythme des grandes évolutions écologiques et à l’échelle de temps d’un homme.
Les banques de réseaux, archétype d’une obsolescence prévisible ?
La dématérialisation des opérations bancaires condamne les agences bancaires selon le principe de rentabilité ; mais le client est-il d’accord pour supprimer le contact humain .?
Accompagner socialement les évolutions économiques
Voir ci-dessus.
Accompagnement des pertes sociétales liées aux impératifs écologiques
Par exemple, l’écologie implique l’abandon du tout voiture individuel ; comment faire passer ce qui semble une perte sociétale pour certains ? Difficulté de trouver l’accompagnement social opportun.
Des protocoles de renoncement
Prendre conscience du problème écologique, reconnaître les émotions liées à la perte, chercher des alternatives, réinventer des pratique en concertation avec tous les acteurs.
Etre envahi et réguler
Des espèces adaptées à l’envahissement
Cela existe. Ronces, Nymphéas,Préoccupant quoique souvent utiles. Peupler un enrochement. Créer ombre et humidité.
Légitimité du jardinier à orienter son écosystème
Pour ses besoins, par utilité, le jardinier doit arbitrer contre l’envahissement.
Des arbitrages sur la roselière en ville
La roselière très décorative envahit un cours d’eau, l’obstrue, ce qui présente un risque d’inondation par fortes pluies. Il faut donc arbitrer et limiter l’invasion si nécessaire.
Lierres et ailanthes, envahisseurs ou opportunités ?
Savoir tirer partie de ces plantes envahissantes apportant des nutriments à la faune locale ou stabilisant les sols par leurs racines traçantes.
Des mécanismes de croissance exponentielle
L’invasion se fait de manière exponentielle ; donc ne pas attendre si on doit limiter ou supprimer l’invasion.
La capacité d’envahissement a souvent été exploitée
En Asie, les bambous, les roselières sont encore exploitées avec intérêt.
Et l’espèce la plus envahissante est …
L’homme évidemment ! Qu’il faudra bien limiter …
L’envie de jouer, d’invasif à la méthode pédagogique
L’école assis ? Difficile pour un enfant. Jouer en apprenant, c’est souhaitable ! En revanche l’addiction au jeu est problématique.
De la régulation des monstres de l’économie
Les Gafam et les trusts sont des monstres d’invasion économique. Il faut les réguler comme les nymphéas pour ne pas détruire notre sociabilité.
De l’envahissement par Amazon
Ce modèle de distribution accaparé par une seule et énorme société privée doit être combattu, mais remplacé par quoi ? Utilisation de voitures/véhicules individuels, livreurs à domicile, magasins/stocks locaux proches des gens ?
Déconstruction de la démocratie : anticiper le changement de phase
La démocratie actuelle est un arrangement fragile qui a de graves défauts. Il faut la changer avant que mouvements populistes extrêmes ou dictateurs ne la détruisent.
Du changement de paradigme désirable
Le Front Populaire de 1936 est un énorme progrès social.
De la peur de l’envahissement par une minorité
Ce n’est pas une peur, c’est un fait : une élite dirigeante minoritaire impose déjà ses vues. Y compris par des dérives génocidaires. Pour contrer cela, le tirage aux sort des membres d’institutions semble bien meilleur que le système électoral.
Avancer lentement en crabe
Les temps longs et répétitifs du jardin
Constance des actions répétitives obligatoire ; faire bons choix.
Des croissances exponentielles naturellement limitées
L’action du jardinier, taille, entretien, semer, récolter est nécessaire. Néanmoins même la croissance des plantes a des limites.
L‘optimisation paradoxalement inefficace
Les objectifs esthétiques ou productivistes renforcent les contraintes d’entretien du jardin et détruisent les possibilités d’adaptation naturelle.
La réelle efficacité est dans l’émergence
Moins d’objectifs précis, plus d’acceptation des changements naturels, simplifie la tâche.
Des évolutions successives en crabe : l’exaptation
Les évolutions naturelles ne sont pas linéaires et dirigées selon une seule motivation; elles peuvent même s’apparenter à la démarche du crabe.
De la tentation déiste alors que tout est exaptation
Les créationistes qui pensent que Dieu a créé tout le vivant ont tout faux de par l’exaptation.
De la motivation à tenir de longs et tortueux parcours
La création d’entreprise obéit à l’exaptation. Le projet initial de l’entrepreneur ne réussit et ne survit que grâce à son exaptation sociale.
Devenir activiste, au-delà des bonnes intentions
Bien intentionné mais naïf ?
Les belles fleurs jaunes du Ludwigia grandiflora originaire des zones humides d’Amérique du sud a été rapporté en France. Il a conquis canaux, lacs et rivières comme la Loire qu’il a envahi. Naïveté de l’importateur ?
De la tentation de la compensation
Toute atteinte au milieu naturel se doit d’être au moins compensée. Cependant les mesures compensatoires ne réparent pas le mal qui est fait.
Des compensations aux conséquences discutables
Compenser la destruction d’une forêt par la plantation d’une autre n’est pas correct car il faudra attendre des dizaines d’années pour compenser.
Du cérémonial pervers de la compensation
On fait croire qu’on traite le problème alors qu’on le masque ! Faut-il détruire des terres nourricières et des arbres pour construire une autoroute au moment où il faudrait diminuer le nombre et la vitesse de nos déplacements ?
Compensation carbone et blanchiment vert
Pour perpétrer le développement économique et compenser le carbone émis, on plante des arbres en quantité, lesquels meurent pour la plupart et ne compenseront que dans des dizaines d’années, trop tard donc. Ce greenwashing ou cet écoblanchiment est un leurre.
Du blanchiment social
Par la publicité-propagande on fait croire à l’acheteur que certains produits sont bons pour la sauvegarde de l’environnement. C’est souvent trompeur et a donc tendance à minimiser les efforts qu’il faudrait faire d’urgence.
Idem dans le domaine social ou politique. Faire croire que l’enseignement payant privé est compensé par le financement des élèves nécessiteux est une tromperie. De même des trusts font des dons à des ONG, relativement insignifiants (0,1%) par rapport à leur chiffre d’affaires pour se donner bonne conscience et même pour être moins taxés !
Attention à l’activisme cérémonial
Le blanchiment social ou écologique guette à tous niveaux. Il est souvent difficile de savoir si une entreprise a un objectif néfaste ou non à l’environnement.
Du choix de l’employeur comme activisme consommateur
Trouver un emploi auprès d’entreprises vertueuses. Des associations d’élèves, des syndicats professionnels peuvent y aider mais est-ce bien suffisant ?
Une société d’activistes
Les défis de notre époque, les développements technologiques sous tendus par la recherche de performance (vitesse, débit, volumes stockés, …) engendrent un questionnement de chacun. Nous devenons de plus en plus activistes, tentons difficilement d’agir sur notre destin.
Des justes causes à la polarisation
Les causes d’action sont multiples et on s’y perd. On éparpille ses forces. L’inondation d’informations par les médias est utilisée par les dirigeants dans ce sens. L’activisme peut devenir toxique quand il constitue un obstacle au dialogue.
Développer les esthétiques et les imaginaires
Déplacer les investissements matériels et émotionnels
L’attachement à la propreté, à l’esthétique peut empêcher le jardinier de faire émerger la nature.
Se focaliser sur le plaisir
Soit remplacer les critères sociaux anciens par le plaisir de voir, de sentir, de récolter dans son jardin extraordinaire.
S’imprégner, s’immerger, apprendre de nouveaux goûts au jardin
Prendre le temps, beaucoup de temps pour découvrir et s’émerveiller. A l’école, les classes dehors sont intéressantes. Fierté de reconnaître toutes les espèces découvertes en ballade.
Emerveillement du réensauvagement, apaisement de la préservation
Voir l’évolution d’espace abandonné. Faire revivre cet espace dans notre intérêt sans trop intervenir. Respecter l’environnement, ne pas le polluer.
Aborder la transition écologique comme une question esthétique
Cette transition va modifier nos modes de consommation, de production, d’habitation, de déplacement, … avec douleurs et détestations ! Comment gérer, batailler vers ces importantes modifications ?
L’esthétisme comme outil de motivation de la transition
Qui dit esthétisme dit désir donc motivation. La motivation se classe en trois catégories, le besoin d’accomplissement, le besoin d’affiliation, le besoin de pouvoir. Si un objet devient central dans l’existence, il sublime la motivation en esthétisme. Exemple du Iphone ou du Macbook d’Apple ou encore du luxe.
Il faut donc parvenir à esthétiser la transition écologique, sans masquer, pour motiver tout le monde.
Construire des esthétiques de la frugalité et de la sobriété
Abandon des modalités de vie polluantes, réduction d’alimentation animale, préférence alimentation végétale, moins de déplacements individuels motorisés,… Soit frugalité et sobriété sont esthétiques.
Aborder les problèmes sociaux sous l’angle motivation et esthétisme
Au jardin, on voit l’esthétisme. Dans le domaine social, c’est moins évident. C’est pourtant essentiel pour réussir la transition, ensemble.
Repenser les fondamentaux de l’école par l’amour de la matière
L’important est de faire aimer la matière enseignée. La motivation du ou des enseignants est essentielle. L’enthousiasme est communicatif. Demander l’avis des élèves sur cette motivation semble intéressante.
De l’appréciation des humains pour réussir à les accompagner
En entreprise ou collectivité, de même savoir apprécier, aimer ses collaborateurs est essentiel pour les accompagner dans une tâche commune. Un bon leader doit être à l’écoute de son équipe.
L’hospitalier : une image pour réussir à assumer un rôle ingrat
Venir en aide aux autres est une vocation. Elle exige une organisation certes mais aussi la considération des gens aidés. Abandonner le modèle du leader ship. Penser à la délégation de pouvoir par le tirage au sort. Explorer, utiliser l’émergence des réseaux sociaux comme celle de la nature.
Du désir d’accompagner l’écosystème
Les organisations actuelles sont trop centralisées, basées sur des rapports de domination, elles font souffrir les gens. Nous avons besoin d’un esprit hospitalier, de travailler ensemble en partageant les responsabilités, les difficultés et d’y trouver le goût, l’envie, cet esthétisme motivant.
Conclusion
La force d’émergence et de vitalité de la nature devrait servir de guide à nos activités et actions sociales. Nos systèmes sociaux sont comme nos jardins. Ils sont à bien comprendre et à préserver. Notre planète est unique, sachons y vivre intelligemment, équitablement, dans le respect de notre propre nature et de celles de toutes espèces vivantes. La préservation de cet équilibre subtil et de cette évolution perpétuelle devrait être notre motivation première.