Est-ce que les gens qui ont le pouvoir financier, politique, informationnel sont sensés ?
Est-ce qu’ils comprennent le monde dans lequel ils vivent ? On peut en douter.
En effet, même dans le domaine de l’activité des entreprises, ces décideurs et ces influenceurs ne semblent rien comprendre.
Ils se plaignent d’avoir de grandes difficultés pour recruter du personnel mais aussi qu’ils peinent à garder longtemps ce personnel. Les DRH ont également remarqué qu’ils n’arrivaient pas à joindre de futurs embauchés par téléphone.
Avec un peu de réflexion, nous pouvons tenter de donner une explication en espérant que celle-ci sera entendue et retenue par ceux qui ont du pouvoir.
Pourquoi des gens, souvent de jeunes personnes, peuvent-elles refuser un emploi ou bien quitter rapidement cet emploi ?
Questionnons nous. Ces emplois sont-ils suffisamment payés ? Les conditions de travail sont-elles bonnes ? Les moyens de se rendre sur le lieu de travail sont-ils abordables ? L’emploi proposé est-il en adéquation avec les enjeux cruciaux de notre siècle ? L’emploi proposé est-il enrichissant, valorisant ? Pouvons nous nous projeter pendant de nombreuses années dans cet emploi ? L’entreprise qui nous emploie est-elle fiable, ne sera-t-elle pas rachetée par une multinationale ?
Pourquoi les jeunes refusent de répondre au téléphone ?
Ces emplois sont-ils suffisamment payés ?
Non ! Dans un couple, il faut absolument que les deux travaillent pour obtenir des revenus suffisants pour se loger, s’habiller, se nourrir, éduquer leurs enfants. Si le couple décide d’investir dans une nouvelle voiture ou dans l’acquisition de son logement, il doit presque toujours s’endetter. Il devient alors dépendant des banquiers et ses choix de vie sont contraints.
Rappel : lors des années 1950, après la guerre de 39-45, il fallait reconstruire les pays d’Europe. Il y avait du travail, et du travail motivant. Néanmoins, seul le mari allait travailler tandis que la femme restait au domicile pour élever les enfants et faire les taches ménagères. Certes, on peut déplorer cette organisation patriarcale mais force est de constater, qu’un seul revenu suffisait !
Aujourd’hui, imaginer que homme et femme ne travaillent qu’à 50 % du temps semble incongru.
On constate que l’entreprise redistribue une trop large part de ses bénéfices aux actionnaires, et ce au détriment des salariés.
Les conditions de travail sont-elles bonnes ?
Rarement ! Le travail a souvent été spécialisé, découpé en taches simples afin d’obtenir le meilleur rendement. Le salarié ne voit donc qu’une toute petite facette de la production de l’entreprise ; son travail est routinier et il est peu motivant. Pire encore, de nombreux automates font mieux ce travail que les ouvriers spécialisés ! Du coup, l’ouvrier salarié s’utilise là ou l’automatisation n’est pas encore possible. Dans le domaine tertiaire, ce n’est pas mieux. L’informatisation et la numérisation ont réduit considérablement la possibilité des employés à faire preuve de leurs compétences. Parfois même, on a l’impression qu’ils doivent se battre contre la machine pour satisfaire le client !
Dans le domaine du service à la personne, l’employé peut faire preuve de son humanité et de ses compétences ; cependant, il subit, ici encore quelques tracasseries administratives renforcées par la numérisation ; et surtout, on lui impose souvent des cadences de travail insupportables.
Les moyens de se rendre sur le lieu de travail sont-ils abordables ?
Rarement ! En effet les emplois sont plus nombreux et d’autant mieux rémunérés que l’agglomération est importante ; cependant rares sont ceux qui logent près de leur lieu de travail. Du coup se rendre sur son lieu de travail prend du temps et représente un coût financier important. Par ailleurs, quand ces déplacements sont automobiles, ils nuisent à la santé de tous par les pollutions générées.
Certes le télétravail est un peu plus courant dans le tertiaire et limite cet inconvénient des transports. Mais tout emploi ne peut se faire à distance et à l’aide d’ordinateurs, de serveurs et d’un réseau de communication dense et rapide. Et cet ensemble est particulièrement énergivore donc polluant.
L’emploi proposé est-il en adéquation avec les enjeux cruciaux de notre siècle ?
C’est là une question complètement oubliée de la plupart de ceux qui ont le pouvoir. Par exemple, la multinationale Total est loin de prendre sérieusement le virage de la transition écologique pourtant vital pour l’humanité. De même la majorité des banques et des assureurs continuent à financer Total et bien d’autres qui négligent la lutte contre le gaspillage des ressources, la perte de biodiversité et le réchauffement climatique !
En revanche, les gens sont de plus en plus conscients de ces enjeux et peuvent donc se sentir très mal dans de telles entreprises, s’ils ont quelque éthique.
L’emploi proposé est-il enrichissant, valorisant ?
Cela dépend déjà des conditions de travail mais aussi de l’adéquation de ce travail avec les enjeux et enfin de nos préférences personnelles.
Vu, ce qui a été constaté précédemment, il y a peu de chances que l’emploi soit enrichissant et valorisant. Néanmoins cela peut se produire en particulier dans les emplois de service à la personne.
C’est un point important pour que la personne reste longtemps dans l’entreprise.
Pouvons nous nous projeter pendant de nombreuses années dans cet emploi ?
L’entreprise qui nous emploie est-elle fiable, ne sera-t-elle pas rachetée par une multinationale ?
Le salarié a de plus en plus de difficulté à se projeter dans l’avenir de son entreprise. Les cas de liquidation avec mise au chômage des salariés sont trop fréquents. Les entreprises locales, a priori bien implantées dans leur territoire et prospères sont menacées par le rachat par des multinationales qui recherchent la rentabilité irréaliste à deux chiffres et le contrôle absolu de leur marché.
Du coup, le rachat n’est que l’avant garde d’une liquidation !
Faut dire que la concurrence mondiale féroce que se livrent les diverses multinationales est une véritable guerre de suprématie économique qui fait fi des intérêts des gens et de ses employés en particulier.
Pourquoi les jeunes refusent de répondre au téléphone ?
Des jeunes qui ont envoyé leur CV à une entreprise, négligent souvent de répondre au DRH qui cherche à les joindre sur leur smartphone ! Ce comportement semble bizarre et pourtant il s’explique fort bien par les faits réels.
Ces mêmes entreprises, par le biais des services marketing et leurs sous traitants, appellent par téléphone de possibles clients dont ces jeunes. Le refus de répondre est tout simplement une réaction de protection à cette forme de publicité invasive. (*)
Au lieu de s’étonner les DRH devraient être conscients de cela et utiliser d’autres canaux de communication comme l’adresse mail personnelle du candidat ou encore son adresse postale.
Chacun de nous aime recevoir du courrier, n’est-ce-pas ?
Nous n’avons pas détaillé les arguments de ce questionnement pour que l’article ne soit pas trop long. A vous de relire les réponses et de les enrichir par votre propre réflexion.
Si vous avez quelque pouvoir en rapport avec l’emploi de futurs collaborateurs dans votre entreprise, si vous avez su lire cet article jusqu’au bout, vous devez avoir compris pourquoi des jeunes et des moins jeunes rechignent à travailler.
Et si vous avez bien compris et que vous avez un minimum d’éthique, vous savez très exactement ce qu’il faut faire et rapidement pour que ça change … et que le recrutement réussisse !
Et surtout, faites en sorte que la production de votre entreprise soit réellement respectueuse de notre environnement, ce support de vie de l’humanité.
(*) La publicité qu'on nous impose également sur les médias type radio et télévision ou streaming est particulièrement invasive; en effet elle nous oblige à écouter ou regarder des messages qui cherchent à nous influencer, nous manipuler ! Ce bourrage de crâne, souvent infantilisant devrait être interdit, d'autant plus qu'il incite à consommer davantage au mépris de la recherche de sobriété fondamentale pour la réussite de la transition écologique.