Il paraît que les membres du gouvernement et les parlementaires sont en vacances ! Plus de réunions ni de débats ni de votes à l’Assemblée Nationale ou au Parlement. Et pas de retour dans les hémicycles avant octobre.
Nous pourrions souhaiter un peu de farniente à nos gouvernants et parlementaires, les laisser profiter comme chacun d’entre nous de vacances d’été bien méritées.
Mais est-ce bien raisonnable en vérité ?
Ne faut-il pas profiter de cette pause pour prendre du recul et réfléchir calmement aux grands problèmes de notre temps ? Pour une fois, gouvernants, députés et sénateurs pourraient ils anticiper et éviter de ne prendre que des mesures d’urgence ?
En octobre, l’un des votes les plus importants sera le budget de l’État, c’est à dire l’ensemble des dépenses prévues pour réussir les actions de l’exercice suivant.
La plupart de ces actions et les budgets alloués sont contraints. Reste donc très peu de marge de manœuvre pour les actions hors contraintes, les plus significatives de l’orientation à donner.
Du coup, le gouvernement et le Parlement donnent trop souvent l’impression d’être à la traîne des évènements, incapables d’anticiper sur ces évènements et encore moins de fixer une grande orientation, un but en adéquation avec les problèmes réels de notre temps.
Désolé pour tous ces hommes politiques choisis ou élus, pas de vacances pour eux. L’heure est à la réflexion féconde ! Depuis plus de trente ans, ces hommes ont voulu réduire la part du budget allant à la Sécurité Sociale c’est à dire à la préservation de la santé des gens et à l’allocation de soins gratuits pour tous.
Parallèlement, combien de textes de lois votés concernant soi-disant l’amélioration de notre sécurité mais restreignant sérieusement nos libertés !
Avec les effets de la perte de biodiversité, du réchauffement climatique, de l’alimentation quasi industrielle, notre santé est gravement menacée.
Si les hommes politiques veulent vraiment faire preuve d’entendement et ne plus écouter les sirènes des lobbies, voilà un sujet essentiel dont ils doivent se saisir.
Et pourtant, les priorités du futur budget annoncé ce matin semblent ignorer les patients et leurs besoins.
Comment peut-on accepter de laisser partir en couilles, notre système de santé publique ? L’un des plus sociables et des meilleurs du monde paraît-il ?
Donnons quelques principes directeurs :
1. La répartition des moyens et des lieux de soins
- Lutter contre les déserts médicaux en créant une carte sanitaire à l’égal de la carte scolaire.
- Lutter contre la concentration des soins dans de grands CHU ou CHR ; préférer des établissements plus petits restant néanmoins multi-services mais mieux répartis sur le territoire.
Faire renaître les anciens dispensaires de 1950 sous forme des maisons médicales.
- Aumenter le nombre global des soignants, manifestement insuffisant.
- Le médecin d’autrefois vivait son sacerdoce ; il savait et acceptait d’être dérangé à toute heure y compris les jours fériés. Le mercantilisme de notre société néo-libérale a tué cette vocation. Les médecins d’aujourd’hui choisissent les lieux qui leur plaisent; ils se protègent des appels de patients hors heures ouvrables; ils se comportent comme des fonctionnaires; ils s’abonnent à Doctolib pour faire l’économie d’une secrétaire médicale et filtrer les appels.
Comment l’État peut-il ignorer ce constat et ne pas prendre de mesures essentielles pour la pérennité du système de santé publique ?
2. Préserver l’humanisation
- De nombreuses machines aident désormais les soignants pour diagnostiquer ou pour opérer les patients. L’administration utilise les moyens numériques et informatiques qui améliorent le suivi des patients.
Néanmoins, attention à ne pas déshumaniser la santé publique. La médecine est une science humaine, pas une science exacte. La qualité de la relation entre personnel soignant et patient doit être préservée. Les outils numériques de soins à distance ne doivent surtout pas être généralisés.
Même si l’homme est plus faillible que la machine, la plupart d’entre nous font davantage confiance à la personne !
- Lutter contre la spécialisation voire la ségrégation médicale par l’âge.
1) Il est inhumain d’isoler et de parquer les personnes âgées dans des structures genre Ephad. Il faut garder ces personnes le plus longtemps possible chez elles en organisant la société en conséquence. Pour les personnes en fin de vie ou très dépendantes, on peut utiliser les services gériatriques des hôpitaux ou les services de soins palliatifs. Le fait d’intégrer ces services dans les structures de soins habituelles évite d’isoler les personnes et crée une activité complémentaire pour ces structures; elle renforce le multi-service et la possibilité d’une meilleure répartition sur le pays.
2) De même, il est tout aussi délétère de supprimer des maternités et d’obliger les futurs parents à parcourir de grandes distances pour rejoindre une maternité. On peut éviter cela en maintenant un service de maternité dans les structures de soins habituelles.
3) Les services pédiatriques pour les jeunes enfants doivent être intégrés dans les hôpitaux et ou les maisons médicales.
3. Le soin donné ne peut être rentabilisé
- Les médicaments sont produits par des laboratoires pharmaceutiques indépendants qui obéissent à la logique néo-libérale; On peut distinguer quatre catégories de médicaments:
a. ceux qui guérissent ou protègent définitivement
b. ceux qui compensent, protègent et sont à prendre à vie ou presque
c. ceux de confort
d. ceux dont on peut douter scientifiquement mais qui sont pourtant appréciés par les patients
- Les machines de diagnostic ou de soins sont construites par des sociétés qui obéissent à la logique néo-libérale.
Cette logique néo-libérale est incompatible avec le concept de la Sécurité Sociale. Il faut donc la contrecarrer:
En créant ou renforçant des unités de recherche; en leur donnant quelques moyens de production de médicaments ou de machines, au lieu de se contenter de céder les brevets de ces recherches au privé. Et ainsi établir une concurrence plus équitable entre privé et public.
En régulant voire en plafonnant les prix des médicaments selon leur catégorie
En régulant voire en plafonnant le prix des machines et en veillant à ce que celles-ci ne soient pas concentrées, réservées aux seuls grands établissements.
Les unités de recherche ont besoin des structures de soins existantes ne serait ce que pour collecter des informations auprès des patients. Peut être serait-il judicieux de coupler davantage ces deux entités à chaque fois que possible.
4. Le soin devient vital et prioritaire
La perte de biodiversité et le réchauffement climatique engendrent de plus en plus de phénomènes menaçant notre santé et même notre survie. Les canicules, les sécheresses, les incendies, les inondations malmènent les gens et l’agriculture. Il est fort probable que les patients admis en structures de soins soient de plus en plus nombreux.
Ne pas développer les structures de santé publique face à cette menace est criminel !
Qu’on cesse de nous parler de protéger les gens contre le radicalisme, le terrorisme, le racisme, etc ... si on est incapable de soigner correctement tous les gens.
La lutte contre le réchauffement climatique est très timide et tardive. Bien sûr qu’il faut s’atteler à cette tâche essentielle et vitale pour tout le vivant dont l’humanité.
Mais il faut aussi anticiper et se doter des moyens de soigner tous les français, aujourd’hui et demain !
Edité le:08/08/2022