Point sur l’électro-nucléaire français


Les projets annoncés
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A l’occasion de la COP 28, 22 pays sur 197 reconnus par l’ONU et environ 300 en réalité, ont signé une déclaration visant à tripler les capacités de production nucléaire entte 2020 et 2050. Des multinationales comme Microsoft, Google et Amazon investissent dans ce secteur, vu que l’IA nécessitera une quantité colossale d’énergie électrique.

Les réacteurs de 4ème génération utilisant la fission à neutrons rapides et refroidis au sodium reviennent d’actualité même si les projets français Phénix et Superphénix ont été un échec lamentable et même si la haute sécurité d’utilisation de tonnes de sodium fondu reste problématique.
La Chine évalue la possibilité de réaliser des réacteurs refroidis à l’hélium liquide avec des températures supérieures à 1500.

Néanmoins les réacteurs actuels ou nouveaux (type EPR) utilisant la fission à neutrons lents de l’uranium enrichi sont exploités et développés.

La disponibilité d’uranium mondial
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La France n’extrait plus d’uranium de son sol par manque de rentabilité. Tout l’uranium nécessaire aux réacteurs est importé puis enrichi souvent en France. De 2005 à 2020 la France a importé 138000 tonnes d’uranium, soit environ 9200 tonnes par an.
Les principaux pays exportateurs sont le Kazakhstan 28000 tonnes ou 20 %, l’Australie 26000 tonnes ou 19 %, le Niger 25000 tonnes ou 18 % et l’Ouzbékistan 22000 tonnes ou 16 %.
Plus récemment, ces importations seraient de 45 % auprès du Kazakhstan, 30 % auprès du Canada et 25 % auprès du Niger selon le directeur général d’Orano.
Il est à noter que ces extractions sont loin d’être propres ; en particulier au Niger, silence radio sur la radioactivité qui persiste et pollue l’environnement pour des dizaines de générations humaines ou plus.
Les ressources mondiales d’uranium sont estimées pour 50 à 60 ans au rythme actuel. Le directeur d’Orano (ex Areva), Monsieur Knoche surestime ces réserves par un facteur 5 !

L’indépendance énergétique et la pérennité
Même si la France varie ses sources d’importation d’uranium, elle est très dépendante des pays exportateurs comme l’ont déjà montré l’affaire des sous marins vendus aux australiens ou encore les évènements au Niger.
Les ressources actuelles en uranium restant faciles à extraire sont au mieux de 60 ans ; si les 22 pays du monde triplent leurs besoins d’uranium, dans 20 ans la ressource sera rare ! Et cette rareté augmentera le prix de l’uranium ainsi que les conflits d’accès à cette ressource.
De plus les déchets radioactifs consécutifs de la fission nucléaire sont un problème quasi insoluble tant pour le stockage en profondeur que pour la mise en sécurité des piscines et stocks à l’air libre.

Conclusion
En conséquence est-il bien raisonnable d’investir lourdement dans des réacteurs nouveaux de 3ème génération qui seront à l’arrêt sous peu (environ 20 ans) faute de fissile ?
Faut-il de même relancer le projet du réacteur de 4ème génération bien plus difficile à contrôler et à sécuriser ?
De même peut-on tabler sur le projet ITER et la fusion nucléaire sachant que l’exploitation de cette technologie ne sera guère possible avant quelques dizaines d’années ?
Et ce d’autant plus que les réalisations à base d’énergies renouvelables sont de plus en plus matures et méritent qu’on les adoptent largement en tenant compte de leurs spécifités. Certes la variabilité des ENR pose problème. Mais celui-ci n’est pas sans solutions déjà connues ou à créer au fur et à mesure. De même la localisation possible des ENR au plus près des consommateurs limite les pertes et réduit les grosses structures de transport de l’électricité.

Il semble intelligent de garder et bien entretenir une partie du parc nucléaire existant pour faciliter la transition vers le tout ou presque tout ENR et de réserver les investissements aux ENR et aux moyens de stockage/restitution/lissage de la production/consommation.

Par ailleurs, sachant qu’une grande partie des besoins sont de la chaleur, ne serait-il pas adéquat de récupérer celle-ci par la géothermie et de la diffuser directement au gros usager ou encore par réseau de chaleur aux usagers courants ?
On a su investir dans de grands tunneliers horizontaux pour traverser Paris, la montagne ou la Manche ; ne saurait-on investir dans de grands tunneliers verticaux pour aller chercher la chaleur là où elle se trouve tout en préservant les couches traversées ?

Enfin rappelons que la transition écologique et son corollaire la transition énergétique n'est réalisable avec succès que si l'on fait des efforts sérieux de sobriété. D'une certaine façon, cela condamne le développement à tout crin du tout électrique, du tout numérique et de l'IA en particulier !
Sommes nous tous bien conscients de cet impératif ?

Edité le:19/01/2025