Mon droit de réponse à un article du Figaro du 14/04/1989 'Malgré la crise, il faut continuer les réformes' Par Édouard Balladur
«Peut-on aller beaucoup plus loin encore dans les dépenses publiques consacrées au plan de relance ? Compte tenu de l'ampleur de l'endettement, ce serait dangereux», estime Édouard Balladur, le sommet du G20 doit être l'occasion de réfléchir à la philosophie qui guide le libéralisme économique, notamment en matière de politique monétaire. Il réfléchit aussi à la question de l'endettement, au retour de la croissance et à la rémunération des dirigeants d'entreprise.
->Comme tous les néolibéraux, Balladur fait semblant de ne pas comprendre que le capitalisme est en train de mourir et que les milliards de dollars ou d'euros donnés par les contribuables aux système financier ne sont qu'un cautère sur une jambe de bois !
La réunion du G20 a été un succès, d'abord parce qu'elle s'est tenue alors qu'au cours des crises précédentes le défaut de la coopération internationale avait entraîné leur aggravation. Elle s'est tenue grâce à la France et à son insistance, ses résultats sont appréciables grâce également à l'action de la France : la réglementation des activités financières assortie d'un meilleur contrôle des mouvements de capitaux ; leur assujettissement à des règles plus précises ; le soutien à la croissance, même s'il est d'un montant variable selon les pays ; la lutte contre le protectionnisme ; l'accroissement du rôle du Fonds monétaire international et des moyens financiers dont il dispose. Dans l'état actuel des choses, on ne pouvait pas en espérer bien davantage.
->Le G20 n'est pas un succès, la France y a joué plus un role de figurant que de moteur; aucune décision de portée n'a été prise; il y a eu réunionite de façon à ce que les médias s'en fassent écho, mais écho de quoi ? Du vide ! Il faut avouer que Balladur l'avoue en termes choisis, un peu plus loin.
La première, c'est l'hérésie longtemps commise sur la conception même du libéralisme économique : le marché laissé à lui-même n'aboutit pas nécessairement à de bons résultats, comme on l'a vu trop souvent, et des règles sont nécessaires pour l'organiser. Il s'agit moins de refonder le capitalisme ou de le moraliser que de se faire une conception plus exacte de ce qu'est le libéralisme économique : il suppose pour fonctionner efficacement le respect par tous des principes de la bonne gestion. C'est parce que ces règles ont fait défaut ou qu'elles étaient violées que nous connaissons la crise actuelle.
->Mais si, il faut moraliser le capitalisme voire même sanctionner, réprimer comme sais si bien le faire NS sur les plus démunis !
Il y a une cause plus importante au désordre actuel : un système monétaire international caractérisé par la prédominance du dollar qui permet aux États-Unis une création monétaire sans aucun contrôle, dont les effets se traduisent dans le monde par un excès de liquidité et d'endettement, source des désordres financiers et économiques actuels.
->La crise actuelle est d'abord monétaire mais ce n'est que la face cachée d'un iceberg; la crise du capitalisme est beaucoup plus profonde car il ne s'agit plus de produire plus mais de partager mieux un gateau qui se rétrécit par épuisement des ressources terrestres.
Elle doit aussi, sans se lasser, appeler à une meilleure coordination entre les pays membres de l'Union européenne, afin qu'ils parviennent ensemble à une remise à flots du système bancaire, à une harmonisation de la régulation financière indispensable pour un ensemble qui représente désormais l'une des deux premières économies du monde.
->Stop: La France, la France ... est-ce un discours européen ? Une volonté de former un corps européen ? Non, juste une tentative de mise en lumière de la politique ératique de notre pays ... si mal dirigé.
Un sentiment d'angoisse devant l'avenir se répand dans notre pays, notamment chez les Français à la situation la plus fragile. Il faut les aider à reprendre confiance, sans quoi la crise ne se dissipera pas.
Est-ce la fin du libéralisme ? Est-ce le renouveau de l'étatisme ? Soyons réalistes : la crise actuelle marque non pas la fin du libéralisme, mais celle de sa déviation, la nécessité d'une conception plus juste et plus vraie de l'organisation économique de nos sociétés. L'idée que le marché tout-puissant pourrait être laissé à lui-même sans règles n'est, je le répète, qu'une hérésie du libéralisme. Jamais les véritables libéraux n'ont mis l'État au pilori, vilipendé la loi, ils n'ont fait qu'en critiquer les excès ; c'est ce que, naguère, j'ai appelé le libéralisme « ordonné », en même temps que je le mettais en uvre. Il s'agit d'organiser une liberté qui profite à tous.
->Tentative de faire croire que le libéralisme est l'expression de la liberté des peuples alors qu'en fait le libéralisme est la réussite de quelques uns au mépris de tous les autres !
Le retour de la confiance sans laquelle il n'y aura pas de redressement économique est possible si le gouvernement élabore un projet d'avenir dont les Français comprennent le contenu et le bien-fondé. Pour parler plus clair, y a-t-il lieu d'abandonner les objectifs définis en 2007 lors de l'élection présidentielle ? Je ne le crois pas, ce projet conserve sa valeur, mais il faut l'adapter.
->Tentative de faire croire que les réformettes sarkosiennes sont une vue à long terme, une vision pour la France et les français ! Mensonges: les réformettes coutent cher à tous les français, rapportent un peu aux nantis, et souvent sont inutiles. Il est clair qu'un plan de réelles réformes tenant compte de la situation actuelle du pays reste à faire ... et sans les bien pensants de l'UMP !
Pour retrouver la croissance faut-il faire volte-face, abolir le bouclier fiscal, renoncer aux mesures relatives aux heures supplémentaires ou en faveur de la construction ? Tout au contraire, ces mesures permettront d'accélérer le retour de la croissance. Ceux qui réclament l'abrogation de la loi TPE de façon lancinante le font avec un objectif purement politique, afin de pouvoir démontrer que Nicolas Sarkozy renie ses engagements. Sur le plan économique, rien ne justifie l'abandon des mesures décidées alors.
->Mais arrêtez de rêver au retour de la croissance ! Il s'agit au contraire de gérer la décroissance nécessaire de façon à ne pas appauvrir davantage les plus démunis !
Faut-il modifier le plan de relance, pour accroître le soutien de la consommation ? S'il devait l'être, ce serait plutôt en faveur de l'investissement afin d'améliorer la compétitivité de nos entreprises.
->Chez les UMP, on ne raisonne pas, on résonne ... à l'infini les discours éculés !
Peut-on aller beaucoup plus loin encore dans les dépenses publiques consacrées au plan de relance ? Compte tenu de l'ampleur de l'endettement, ce serait dangereux. Je sais bien que l'ensemble des pays du monde paraissent lancés dans une sorte de compétition à qui consacrera le plus grand nombre de milliards au soutien de l'activité, à qui creusera le plus ses déficits. Qu'on prenne garde ! La possibilité de financer l'endettement par l'appel aux marchés n'est pas illimitée, elle pourrait cesser si les marchés devenaient défaillants. Alors, l'on n'aurait plus comme recours que d'augmenter les impôts, ce qui, alors que la France connaît l'une des pressions fiscales les plus fortes au monde, freinerait notre économie ; ou bien de demander aux banques centrales de financer sans limite les besoins de l'État par la création monétaire, ce qui relancerait l'inflation. L'État doit lutter de manière plus volontaire encore contre toute aggravation des charges publiques ordinaires, afin de mieux concentrer ses efforts sur les dépenses extraordinaires nécessaires pour sortir de la crise. La conclusion est simple : les déficits ne doivent pas dépasser certaines limites, les prélèvements fiscaux ou la création monétaire par les banques centrales non plus. Là aussi, les expériences du passé ne doivent pas être oubliées.
->Ici, Balladur nous dit n'importe quoi ! En fait l'Etat prête de l'argent aux banques et autres institutions financières en difficulté, un peu comme le FMI prête aux états en difficulté. Normalement, cet argent doit être récupéré avec intérêt et par conséquent loin de creuser le déficit, il devrait au contraire le combler ! Ainsi Balladur avoue que l'état français a prêté à perte et que ce sont tous les contribuables (qui ne bénéficient pas du bouclier fiscal) qui vont subventionner les établissements financiés véreux.
Le niveau de l'endettement inquiète l'opinion. J'ai déjà suggéré que pour lui redonner confiance dans la maîtrise de nos déficits, l'on crée une caisse d'amortissement de la dette publique qui rembourserait la part de l'endettement née des déficits suscités par les dépenses extraordinaires consacrées à lutter contre la crise (environ la moitié, nous dit-on, des 100 milliards de déficit prévus pour 2009) ; cette caisse serait dotée de ressources stables, telles par exemple les créances que détient l'État sur les banques et les entreprises auxquelles il a avancé des fonds.
->Une idée en l'air, pour faire bien mais qui ne verra jamais le jour
La confiance serait également accrue par une aide plus vigoureuse à ceux qui sont atteints par la crise, tels les chômeurs ou les jeunes, grâce au développement de la formation professionnelle et des revenus de substitution. L'État doit consacrer les moyens nécessaires pour venir en aide aux salariés atteints par les plans sociaux des entreprises en difficulté.
->Oui ça fait bien de le dire, mais surtout ne rien faire ou alors dévoyer l'aide aux jeunes. C'est ce qui a été fait par exemple avec le système de l'alternance: les entreprises payent à bon compte les études d'étudiants qui travaillent presqu'aussi bien que des CDI mais avec des salaires de misère (inférieurs au SMIC). De plus pendant ce temps, les jeunes ne cotisent pas pour leur retraite et font concurrence à leurs pairs en recherche d'emploi. C'est une recette miracle pour les entreprises, pas pour les jeunes. Et c'est cette idée rétrograde que l'UMP veut poursuivre ?
Elle le serait aussi par la poursuite des réformes : il faut muscler nos entreprises, dynamiser l'effort de recherche et de développement, réviser les politiques publiques et les structures administratives. L'heure n'est pas à la pause.
->Parlons en de la recherche: où monsieur Muscle UMP a t il donc oeuvré ? Dites le moi !
Enfin, la confiance dépend aussi du sentiment que l'opinion aura que chacun prend sa juste part de l'effort. Qui ne voit le caractère dévastateur des débats actuels sur les rémunérations excessives de certains dirigeants de grandes entreprises et sur l'avidité dont elles témoignent ? Il est heureux que des décisions aient été prises concernant ceux d'entre eux qui sont à la tête d'entreprises aidées par l'État. Il faut aller plus loin, c'est le problème dans son ensemble qui doit être examiné, sans céder à la démagogie, sans empiéter sur la liberté nécessaire au dynamisme, sans stigmatiser injustement l'immense majorité des entrepreneurs, mais en appelant chacun à prendre sa juste part de l'effort collectif. Il faut ouvrir la discussion sur deux mesures conservatoires et transitoires.
->Quelle hypocrisie: aucune décision, aucune règle n'a été prise pour arrêter ces abus d'un cercle d'initiés. C'est par démagogie que l'on dénonce ces excès et par la pression sociale et médiatique que certains de ces excès sont stoppés ... provisoirement. Ce n'est pas à tous les français de faire un 'effort collectif', c'est à ces initiés de requins de comprendre que la période des vaches grasses est terminée. Comme ils sont incapables de faire cet effort de compréhension et de réduire volontairement leurs revenus faramineux, il faudrait que l'état fixe les règles. Cela a été fait aux Pays Bas et dans d'autres états européens. Balladur n'en sait rien ?
La première consisterait à suspendre pour une période de deux ans, non seulement l'attribution de stock-options nouvelles voire de certaines rémunérations annexes, mais la levée des options actuellement détenues par tous les dirigeants des entreprises cotées au CAC 40 ou de leurs filiales. La mesure serait justifiée par le fait que la cotation en Bourse favorise la spéculation mais elle ne va de soi ni sur le plan économique, ni sur le plan social, ni sur le plan constitutionnel. Ce serait aussi l'occasion d'élaborer les règles nouvelles annoncées par Nicolas Sarkozy pour une plus juste répartition des profits, cette fois de toutes les entreprises, entre les actionnaires, les dirigeants et les salariés, en étendant les droits de ces derniers au partage des résultats.
->Oui, Mais si déjà, Sarkozy et son cabinet d'avocats montrait le bon exemple ?
La seconde poserait des problèmes plus complexes encore. Faut-il que les rémunérations salariales et assimilées des dirigeants des entreprises soient, en s'inspirant de ce qui a été décidé aux États-Unis, soumises, à partir d'un certain niveau et pour la même période de deux ans, à un taux majoré d'imposition sur le revenu, une sorte de contribution exceptionnelle de solidarité à laquelle serait soumise une certaine catégorie de contribuables ? Comment déterminer ce niveau ? Serait-il le même pour toutes les entreprises ? Comment justifier la différence de traitement entre les dirigeants des entreprises et les autres catégories de contribuables qui perçoivent des revenus comparables ? Serait-ce une atteinte au principe d'égalité ? Comment concilier cette imposition exceptionnelle avec le bouclier fiscal ? Questions difficiles, questions de principe auxquelles la réponse est loin d'être évidente, mais désormais le problème moral et politique est posé. Il faut le traiter.
->A se poser des questions et encore des questions, on ne décide de rien, on ne fait rien ! Il est vrai que celà est dans la philosophie balladurienne. Dans le mou, restons dans le mou !
Comme d'autres, nous traversons une période dangereuse mais, c'est notre originalité, nous éprouvons le besoin de pimenter nos débats de polémiques idéologiques qui surprennent le reste du monde. Ne cultivons aucune illusion : nous ne sortirons pas de la mondialisation, nous y sommes ; nous ne sortirons ni du capitalisme ni du libéralisme mais nous devons les soumettre à des règles plus efficaces et plus équitables, sans renoncer aux mérites de la libre initiative, mais en garantissant ses effets heureux pour tous.
->Se bercer d'illusions, se gargariser d'originalité, se croire au dessus du lot, émettre des souhaits mais ne surtout rien faire pour changer la donne ... et foncer dans le mur, mais installé confortablement dans une voiture de luxe polluante, dans un bateau de milliardaire, dans un avion personnel, voilà le seul message que je reçois 5 sur 5. Merci Monsieur Balladur, vous avez eu votre article dans Le Figaro, vous avez très bien parlé ... pour ne rien dire.