La privatisation est incompatible avec le service public ou social

Depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs n’ont cessé de promouvoir plus de sécurité pour les citoyens de notre pays. Mais force est de constater qu’au contraire des positions, des affirmations, des lois et des décrets, l’insécurité augmente dans le pays. Des scandales éclatent même au grand jour.

Les EPHAD privatisés accueillent très mal les personnes dépendantes âgées,
Les services publics à la personnes dépendante sont en baisse,
Les crèches privées en sous effectif n’apportent pas les soins nécessaires aux bébés,
Les hôpitaux publics manquent de personnel et de matériel pour soigner dans de bonnes conditions, les hôpitaux privatisés semblent mieux lotis mais sont si chers que la majorité de la population ne peut profiter de leurs services,
L’école publique essentielle à l’éducation de tous est en déclin, en déficit de qualité et même d’enseignants, l’école privée semble s’en sortir mieux mais elle est réservée à ceux qui peuvent la payer,
Des zones inondables de notre pays ont cependant été construites et habitées en grand nombre, créant quelques catastrophes,
Bien que les effectifs policiers soient nationalement en augmentation, les villes créent des polices municipales, les magasins engagent des gardes privés.
Nous pourrions citer bien d’autres exemples encore de manques importants à la sécurité des personnes.

Comment et pourquoi en sommes nous arrivés à faire ce constat ?

Vers 1900, l’éducation nationale publique est instaurée avec succès.
Au lendemain de la dernière guerre mondiale, Ambroise Croizat jette les bases de la sécurité sociale. Les hommes politiques de l’époque pensent qu’ils faut organiser la sécurité des peuples par la gratuité des soins médicaux, l’assurance d’une retraite digne après des années de travail. Le baby boom incite aussi de nombreuses collectivités à créer des crèches, des dispensaires tout particulièrement alloués à la protection de la petite enfance.
Les hommes politiques à l’initiative de ces magnifiques actions étaient de gauche ! Ils voyaient d’abord le bien être humain de leurs prochains et se souciaient assez peu de l’économie par ailleurs florissante et de son corollaire, la rentabilité.

Avec l’arrivée de De Gaulle en 1965, et de tous les gouvernements de droite qui ont suivi, l’avancée de sécurité publique générale a été peu à peu fortement rognée.
En effet, ces sécurités ont un coût puisqu’il faut bien payer les locaux, les services, les personnels. Ces dépenses auraient dû être couvertes par les prélèvements, taxes et impôts. Mais ceci n’a pas été fait suffisamment pour plusieurs raisons :
D’abord parce que les entreprises n’ont pas joué le jeu sécuritaire. Pour elles les prélèvements amoindrissent leurs marges ; du coup, elles font pression sur les gouvernements pour baisser ces prélèvements ; Elles sont en grande partie responsables du chômage mais elles tentent sans cesse de réduire la cotisation correspondante ; De même elles oeuvrent pour réduire la cotisation pour les retraites de leurs employés.
Et à chaque fois, c’est l’État qui doit limiter la casse sociale en subventionnant les plus démunis.
Très rapidement l’État s’est donc endetté puisque les recettes fiscales diminuaient et les charges sociales augmentaient.
Les hommes politiques de droite à la manœuvre n’ont alors rien trouvé de mieux que d’essayer de délester les services sociaux et publics. Ils ont cédé au privé des pans complets de l’Education nationale et de la Sécurité sociale. Ils ont voulu rationaliser la santé publique jusqu’à asphyxier son bon fonctionnement.
La construction européenne, essentiellement économique a mis en place la monnaie unique et la Banque Centrale Européenne interdisant de fait la création de monnaie par chacun de ses états.
Les aléas climatiques liés au réchauffement de l’atmosphère terrestre ainsi que la perte de biodiversité assombrissent encore le tableau.

Clairement la situation économique et surtout sociale de notre pays devient catastrophique d’autant plus qu’il semble difficile d’imaginer que le gouvernement de droite actuel et bien d’autres dans l’Europe actuelle, soient capables d’un revirement total.

Pourquoi, ces gens instruits, cultivés qui nous dirigent sont ils incapables de comprendre que la privatisation est incompatible avec le service public et social ?
Selon le schéma économique admis par eux, l’entreprise doit dégager un bénéfice suffisant pour être viable et même croître régulièrement. De plus l’entreprise privée doit rémunérer les actionnaires qui ont engagé des fonds pour sa création et/ou son expansion. Ces dividendes ponctionnent fortement les entreprises privées et diminuent d’autant la qualité du service rendu à leurs clients.
L’adage du client roi est désuet, bafoué depuis plusieurs années déjà. Pas besoin d’avoir fait de hautes études commerciales pour comprendre que l’entreprise privée est inadaptée au service public social.

Le service public et social n’a pas pour finalité d’être rentable économiquement. Son but est de sécuriser la vie des gens et de leur assurer un bien être minimum. Cet objectif a de nombreuses conséquences bien plus importantes que la valeur ajoutée chère aux économistes.

Pour assurer la sécurité des gens, il faut s’en donner les moyens tout particulièrement dans la recherche des valeurs morales. Plus ces valeurs morales seront développées et moins il sera nécessaire de construire des barrières, des portes verrouillées, des cadenas, de recruter des forces de l’ordre. Imaginez le plaisir de pouvoir déposer son vélo au coin de la rue sans aucun risque de se le faire voler !
Essayons de lister quelques valeurs morales :
Ne pas voler, ne pas envier, ne pas blesser, ne pas tuer,
Ne pas rester sans rien faire mais ne pas s’activer sans cesse,
Ne pas laisser son prochain dans le besoin, lui venir en aide,
Ne pas accroître ses quelques biens aux dépens des autres, rechercher l’équité,
Ne pas prélever trop dans les ressources terrestres disponibles et dans la biodiversité, ne pas menacer la survie des espèces vivantes en général, dont la notre,
Ne pas augmenter notre population sans fin, la limiter en respect de la biodiversité ...

Nombre de ces valeurs sont promues par les religions ; néanmoins, ces religions, création des hommes eux-mêmes, ayant tendance à se distinguer fortement voire à se combattre, il ne semble pas raisonnable de s’appuyer sur la religion pour développer des valeurs morales qui sont universelles.

Nombre de ces valeurs apparaissent en négatif par opposition à notre système de société actuel ; en réalité ces valeurs sont toutes positives au regard du bien être humain.
Une première action significative serait d’établir la liste exhaustive des valeurs morales, de la classer par grands thèmes, de l’enseigner dans toutes les écoles et ainsi de faire naître dans l’esprit des enfants, de leurs maîtres et des parents, la volonté de vivre bien ensemble.

La société actuelle a valorisé la personnalisation, l’égoïsme, la spécialisation, l’automatisation, la numérisation … toutes choses qui isolent (*) de plus en plus les gens selon leur génération, leur éducation, leur richesse ou pire encore nous amènent à rejeter celui qui est différent.
De même cette société tend à uniformiser et à centraliser ; des décisions médicales sont imposées par l’OMS pour le meilleur ou pour le pire ; l’Europe impose des règles commerciales ; l’État français vote et impose des lois générales … Or, aucune de ces règles n’est bien adaptée au contexte local vécu par chacun de nous.
Une bonne remise en cause de la société pourrait s’appuyer largement sur la relocalisation de toutes nos activités. La loi locale donnant la priorité à l’activité locale deviendrait alors essentielle.
Par exemple, est-il raisonnable d’abattre des chênes de la forêt voisine, d’expédier les troncs en Chine pour les débiter en planches ou planchers quand localement, nous avons la possibilité d’abattre un seul chêne et de le débiter localement pour notre usage ?
Grâce à la mondialisation et à Internet, nous pouvons aujourd’hui rechercher l’objet qui nous semble le meilleur en termes de qualité et de prix. Mais est-ce bien justifié quand on sait les dégâts sur la biodiversité et le réchauffement climatique de cette mondialisation ? Ne pourrions nous pas nous contenter de l’objet local disponible, sans doute moins performant mais de même usage ?
Il y a fort à faire pour abandonner cette société basée sur l’entreprise privée et le mercantilisme ; mais cela ouvre donc une perspective très large, un vaste champ pour les générations à venir.

(*) isolation malgré Internet et les communications; ça semble paradoxal ! En effet on peut joindre et être joint à tout instant mais à travers du matériel et logiciel. Rien à voir avec la relation de vis à vis.

Edité le:11/11/2023