Le terme décroissance est honni des économistes, des financiers et des grands business mens.
Ce terme les effraie car les gains substantiels sont impossibles sans croissance économique.
Mais les gains réalisés sont-ils redistribués aux populations ? Nous pouvons affirmer que non puisque la majorité de la population ne bénéficient jamais de retombées de ces gains. Les plus pauvres d’entre eux évitent la misère absolue grâce aux aides de l’État.
Nous pouvons donc affirmer que la croissance économique n’enrichit pas la population générale ; tout au plus elle bénéficie à une mince frange de cette population déjà très aisée.
La croissance économique présente aussi de graves inconvénients sur le plan écologique. Il est avéré que l’exploitation des minerais, des fossiles, des fissiles, de tout ce qui est extrait des ressources des sols détruit gravement l’environnement et la biodiversité. De même l’activité économique est basée sur l’acquisition permanente de biens de consommation, de constructions de logements, d’usines, d’entrepôts ainsi que de voies de circulation toujours plus importantes qui elles aussi nuisent à notre environnement et à la survie de nombreuses espèces vivantes du monde végétal ou animal. Enfin, la recherche d’efficacité et de rapidité de ces activités entraîne une consommation d’énergie phénoménale qui est la cause principale de l’émission des gaz à effet de serre mettant en péril le climat sur la Terre.
Il semble donc judicieux d’enclencher rapidement la décroissance économique afin d’éviter que la vie humaine devienne impossible suite aux variations climatiques conséquences de notre activité économique.
Cette décroissance économique va-t-elle appauvrir la population ? Pour le savoir, il faut déjà comprendre ce que signifie ce terme.
Que signifie décroître économiquement ?
Cela signifie réduire nos activités économiques, c’est à dire produire moins d’objets, éviter de les renouveler sans cesse mais au contraire de les pérenniser. Cela signifie concevoir des objets utilisant moins de matériaux divers et agencés de telle sorte que leur réparation soit plus facile. Si moins d’objets sont en circulation et en vente, alors moins de transport de ceux-ci, moins de grands entrepôts, moins besoin de vitesse pour acheminer ces objets et donc moins de consommation d’énergie.
Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que la décroissance économique est manifestement bonne pour réduire notre empreinte climatique et environnementale.
Cela étant, les populations seront-elles plus pauvres ?
Au regard des objets produits, probablement pas. Certes il y aura moins d’objets produits, moins de diversité de ces objets mais ceux-ci auront une durabilité bien plus grande ainsi qu’une utilité mieux maîtrisée. Un smartphone, un vélo pourront même faire usage toute une vie !
Cependant les gens ont besoin au premier chef de se nourrir et de s’abreuver.
La décroissance économique ne risque-t-elle pas de faillir sur ce point ?
La production de nourriture actuelle en légumes, fruits, viandes, poissons est très automatisée et centralisée. On parle d’agriculture et d’élevage intensif. La pêche est devenue industrielle. Les produits de base sont transformés par l’industrie alimentaire mondialisée. Les semences sont privatisées et font la fortune de quelques grands semenciers aux dépens des agriculteurs. Les plantes sont sélectionnées pour leur rendement obtenu grâce à des apports d’engrais chimiques.
Ce modèle de production de nourriture s’appuie sur la mécanisation et l’automatisation des taches ; il est donc gros consommateur d’énergie.
Bref, la production actuelle de nourriture ne respecte nullement le vivant ; des limites et des menaces pèsent sur cette façon de produire la nourriture ; l’énorme consommation directe ou indirecte d’énergie liée à cette production n’est pas compatible avec la transition écologique.
La décroissance économique de ce secteur est la plus problématique. Il faut parvenir à changer complètement de modèle de production de nourriture sans risquer de priver l’humanité de nourriture.
Des solutions existent déjà. La permaculture utilise la complémentarité des plantes et/ou des animaux pour produire des aliments de qualité sans apports d’engrais et avec moins d’eau. Des maraîchers reviennent s’installer près des villes et vendent en direct les légumes ou fruits recherchés par les consomacteurs. Quelques viticulteurs ont abandonné le tracteur et préfèrent utiliser le cheval pour entretenir leurs vignes en biodynamie. Quelques fermiers reprennent une agriculture et un élevage local et complémentaire de qualité.
La transition vers une production de nourriture plus respectueuse et moins énergétique est en marche ; elle est encore entravée par les gros exploitants qui refusent le remplacement des machines par la main d’oeuvre animale ou humaine qui rognerait leurs marges ; en fait ces gros exploitants sont d’abord des business mens !
Difficile de présager de la réussite harmonieuse de la transition vers une production de nourriture décroissante sur le plan des profits réalisés par quelques uns, mais au moins constante sur la fourniture d’aliments proposés à la population.
De façon générale, la décroissance économique implique certainement l’utilisation de plus de main d’oeuvre et de moins de haute technologie. En effet, nous savons que la haute technologie est particulièrement énergivore, que même les énergies renouvelables ont des limites et qu’il faudra donc compenser par plus de main d’oeuvre.
Vu des business mens, c’est un mal car la main d’oeuvre est chère, peut faire grève, pas les robots !
Du point de vue écologique et humain, c’est un bien ! En effet, c’est une façon de résorber le chômage mais aussi de remettre sur le terrain des gens qui travaillent hors sol devant des ordinateurs à longueur de journée (Comme votre serviteur à cet instant !).
Le système économique actuel a généré la spécialisation sans doute abusive du travail en éloignant les gens de la réalité. Revenir à notre réalité d’êtres vivants les pieds sur terre est important. Le travail dit manuel n’est pas que cela, dans l’exercice de ce travail, la réflexion, l’effort intellectuel est souvent nécessaire. Enfin, le travail manuel se réalise souvent à plusieurs et crée une solidarité entre nous, solidarité plus que nécessaire face aux aléas climatiques à venir.
Pour conclure, nous avons montré sur quelques exemples que la décroissance économique est essentielle à la transition écologique et qu'il est faux de prétendre que celle-ci va forcément appauvrir la population.
Mais il est vrai que cette décroissance doit être voulue ou pour le moins acceptée par le plus grand nombre afin de mettre en œuvre toutes les volontés pour la réussir.
Des jeunes et des moins jeunes nous ont déjà montré la voie … Des associations diverses militent pour la transition écologique …
A nous de continuer et persévérer pour une décroissance économique nécessaire et réussie !
Edité le:31/10/2023