Agriculture, élevage et ogm

Les manifestations des agriculteurs bloquant des voies de circulation principale, voire des villes ainsi que les directives de l’Europe dont le projet d’autorisation d’une plante (tomate?) génétiquement modifiée devraient nous interpeller !
En effet l’heure est grave pour plusieurs raisons qui menacent les agriculteurs et les éleveurs mais aussi chacun de nous désirant pouvoir continuer à se nourrir sainement.

Le projet d’autorisation d’une plante génétiquement modifiée est fort probablement le résultat d’un puissant lobby de quelque semencier voulant promouvoir une prochaine campagne de vente de semences particulièrement juteuse.
Ce projet est sûrement une grave erreur; même si nos connaissances de l’ADN des plantes s’améliore, il faut bien reconnaître que les ciseaux Crispr qui permettent de couper un bout de cet ADN sont encore une technique bien grossière et que l’homme se comporte ici comme l’éléphant dans un magasin de porcelaine !
De plus nous ne savons rien de la réaction de cette plante génétiquement modifiée avec son environnement ; la diffuser largement est un gros risque.
Enfin, des chercheurs ont montré que les plantes et les animaux s’adaptaient bien plus vite qu’imaginé au dérèglement climatique ; n’est-il pas plus simple et plus raisonnable de faire confiance à la diversité des espèces vivantes existantes ?

Mais pour ce faire, il faut oublier, la sélection des seules plantes les plus rentables pour l’agriculture ; il faut oublier le rendement à l’hectare et vouloir compter sur une plus grande diversité.
Ce qui revient à dire qu’il faut combattre la confiscation des semences par une poignée de grosses sociétés de ce monde, qu’il faut permettre à chaque territoire, à chaque paysan de déterminer par lui même les espèces les plus robustes et les plus intéressantes nutritionnellement ; qu’il faut faire sauter le verrou législatif qui lui interdit de resemer sans obligation d’achat auprès d’un grainetier !

La population des agriculteurs et éleveurs diminue sans cesse et vieillit; la relève par une population plus jeune est mal assurée vu les revenus agricoles trop bas et le nombre d’heures de travail obligé. Cette situation est préoccupante pour notre alimentation de demain.
Pour lutter contre la baisse de main d’oeuvre, on a incité les agriculteurs et les éleveurs à s’équiper de machines facilitant et accélérant les travaux avec de moins en moins de personnel.
Mais cela implique forcément une forte spécialisation de l’agriculture; d’aucuns se spécialisent sur la culture d’une plante spécifique comme une sorte de blé, la canne à sucre, le cacao, la banane, … Idem dans l’élevage de telle race de porcs ou de vaches ou de poulets … que l’on entasse dans des fermes usines au mépris de la qualité de vie de ces animaux.

L’agriculture, l’élevage perdent ainsi tout respect du vivant ; le gros céréalier vend sa production d’avance au meilleur moment sur le marché sans se soucier de la valeur humaine de cette nourriture. La mécanisation, l’automatisation à outrance, les contrôles technologiques sont facilités par la numérisation.
L’agriculteur ou l’éleveur s’éloignent du réel; ils manipulent des chiffres et des euros ou des dollars sans se soucier de la valeur nutritionnelle de leur production.
Les plantes et les viandes qui en sortent sont de mauvaise qualité nutritionnelle; qu’importe tant que cela se vend un bon prix !

En fait il faut distinguer au moins deux sortes d’agriculteur/éleveur:
1) les gros ou très gros exploitants dont le syndicat est la FNSEA
Ceux-ci produisent pour la finance ; leurs productions sont rentables et mondialisées ; ils cherchent à s’accaparer des terres partout dans le monde et peuvent, au passage, récupérer les petites exploitations qui périclitent.
2) les petits exploitants qui ne sont pas toujours syndiqués même si la Confédération paysanne semble bien les représenter. Leurs productions sont destinées en priorité à la nourriture des gens de voisinage. On y trouve des maraîchers, des fermes polyvalentes (élevage et agriculture en association) à chaque fois que possible puisque la vente directe leur rapporte davantage que la vente aux grandes structures d’achat et de transformation agricole.
Les petits éleveurs sont souvent exploités par les coopératives qui achètent trop bon marché leurs produits;
Par ailleurs, ces coopératives, l’industrie agro-alimentaire et les centrales d’achat aux mains de financiers confisquent les profits réalisables sur l’agriculture ou l’élevage.

Pour redonner le profit aux petits exploitants, il faudrait une règle, une loi qui spécifie que le profit du premier de la chaîne de transformation/distribution soit le plus grand, puis que ce profit diminue pour chaque intermédiaire, tout le contraire de ce qu’on observe aujourd’hui.

Le gouvernement actuel de la France n’a rien compris à cette situation de l’agriculture et de l’élevage; ses principales actions visent à numériser toujours plus (5G, … IA, Virtuel), à électrifier toujours plus (véhicules électriques, robots, …), … toutes actions qui favorisent les gros exploitants et laissent les petits sur le carreau ! Ce gouvernement du « en même temps » voudrait néanmoins diminuer le chômage ! D'autre part, ne pas oublier que tout ceci est particulièrement énergivore.

La manifestation des agriculteurs, des éleveurs, … et de bien d’autres a peu de chances d’obtenir de bons résultats d’un tel gouvernement d’ailleurs assujetti à la grande finance.
Le réchauffement climatique et la perte de biodiversité qui menacent déjà largement le vivant semblent oubliés dans ces manifestations comme ils sont oubliés par ce gouvernement incapable.

Dommage, car la réelle prise en compte de cette menace existentielle pourrait constituer la trame de la bonne transformation de notre modèle agricole.

Edité le:25/01/2024