La confiscation des ressources

Il y a environ un siècle que le système d’adduction est apparu en France. Amener de l’eau potable en ouvrant un robinet était un réel progrès ! Plus besoin de puiser de l’eau dans le puits voisin ou dans la rivière voisine. Plus besoin de s’assurer de la potabilité de l’eau.
Extraordinaire, non ?
Oui mais désormais chacun de nous dépend de l’entreprise qui nous livre l’eau. Et nous devons donc payer cette eau fournie. Et nous ne pouvons contester le prix de cette eau n’ayant pas en mains ni les éléments qui déterminent ce prix de revient, ni la marge bénéficiaire réalisée par l’entreprise.
Nous avons cru que le système d’adduction d’eau potable était un progrès mais nous n’avons pas vu que ce système créait une dépendance. En fait, la société privée nous a confisqué le droit d’extraire l’eau par nous mêmes.
Vu l’état actuel de pollution des rivières et des nappes phréatiques, le système d’adduction d’eau et son traitement est devenu vital.
L’État français et ses divers gouvernements auraient pu remplacer systématiquement le privé par une régie publique ; cela n’a pas été fait sur tout le territoire. Néanmoins quelques exemples de régie existent aujourd’hui comme à la ville de Paris.

On peut généraliser cette observation et se dire que tous les réseaux sont des exemples de confiscation d’une ressource par le privé.

Chacun de nos logements, bureaux, usines sont désormais raccordés au réseau électrique.
Encore un progrès remarquable et extraordinaire !
Mais ce raccordement nous rend dépendants du fournisseur d’électricité.
Grâce aux panneaux solaires photovoltaïques (*1) chacun de nous, s’il en a les moyens, peut récupérer une énergie électrique gratuite et pourrait envisager de devenir son propre producteur, devenir indépendant de tout fournisseur.
Comme le soleil ne brille pas sans cesse, cette production photovoltaïque n’est pas constante, loin s’en faut. Or le stockage de l’électricité sur des temps longs est difficile et coûte très cher. Du coup, obtenir son indépendance électrique est compromis. On pourrait envoyer notre production sur le réseau en confiant à la société électrique le soin de redistribuer et de stocker si nécessaire l’électricité pour nous.
Mais le réseau électrique a été prévu et organisé essentiellement en étoile descendante avec des centrales de production actives et des consommateurs passifs. Rien ou presque rien n’est prévu pour qu’un consommateur produise de l’électricité et que celle-ci puisse être redistribuée ou stockée par le réseau.
Adapter le réseau pour permettre cette redistribution remontante reste à faire et coûtera fort cher à la société électrique, laquelle freine donc pour ne rien changer !
Nous restons dépendants.

Dans le domaine des télécommunications, nous sommes désormais quasiment tous raccordés au réseau Internet mondial par le biais de nos appareils numériques (smartphones, ordinateurs de bureau, téléviseurs et tous objets connectés).
Ici encore progrès extraordinaire et remarquable.
Ici encore totale dépendance de chacun de nous à ces fournisseurs d’accès.

Cette forte interdépendance de divers réseaux essentiels pour notre vie quotidienne devrait nous interpeler. Accepter celle-ci sans rien faire, c’est devenir dépendants, addicts, esclaves de ces réseaux.

Dans certains cas nous pouvons retrouver un peu d’indépendance ; par exemple, certains d’entre nous peuvent récupérer l’eau de pluie et la traiter pour la rendre potable.
D’autres encore peuvent s’équiper d’installations de récupération de chaleur ou d’électricité ou tout simplement de force motrice.
En revanche se passer du réseau Internet semble impossible.

Laisser ces réseaux aux mains d’entreprises privées assurant une rente aux actionnaires revient à ce que chacun accepte sa dépendance de sociétés qui sont souvent multinationales et sur lesquelles l’État n’a plus de pouvoir.
Est-ce bien raisonnable ? Evidemment NON !

On voit donc poindre un début de solution pour réduire notre dépendance aux réseaux. Que ceux-ci soient nationalisés, que les entreprises privées soient remplacées par des régies nationales voire locales. Et que les citoyens que nous sommes puissions agir via un système de représentation fidèle au couches sociales (*2), sur la gouvernance de ces régies.

(*1) D’autres moyens de récupération sont possibles tels les panneaux thermiques pour récupérer de la chaleur, les éoliennes et hydroliennes pour récupérer de l’électricité, etc …
(*2) Le tirage au sort des membres des institutions de gouvernance semble une bonne solution.

Edité le:23/08/2025