Lettre aux décideurs de ce monde.

Mesdames, Messieurs les décideurs de ce pays et de nombreux pays de ce monde, quand comprendrez vous que la délocalisation ainsi que la centralisation sont des pièges ? La délocalisation, c'est l'idée qu'il est plus rentable de faire faire le travail par la main d'oeuvre la moins chère au monde et ainsi de dégager la marge bénéficiaire la plus grande. La centralisation, c'est l'idée que le regroupement financier de plusieurs entreprises sous la coupe d'un seul groupe puissant est intéressante car cette centralisation tue la réelle concurrence et permet donc au groupe d'imposer des prix hauts et de dégager ainsi plus de marge bénéficiaire.

Ces deux idées qui découlent de la recherche du profit maximum sont, au final, très simplistes. On ne sent pas ici de grande intelligence, ni de finesse de la part de ceux qui les développent.

Et pourtant, ces petites idées là ont assez bien marché pendant près de 30 ans au détriment des autres. Jusqu'à 2007 environ, les citoyens des pays occidentaux n'étaient pas vraiment victimes de ce qu'il faudra bien, un jour, appeler pillage. Chacun de nous, à son niveau, a accepté ce système économique barbare, a participé de près ou de loin à ce pillage.

En fait la délocalisation a permis à des peuples pauvres de se mettre au travail, non pas pour leur cause, mais pour la notre. Ainsi tout se passe comme si nous avions exporté nos usines textiles, métallurgiques, électroniques loin de nos frontières. Ces gens, connaissent donc maintenant des conditions de travail assez équivalentes à ce que décrivait Zola dans le livre Germinal.

Ces gens ont quitté leur campagne et un mode de vie rural contre la ville ou plutôt ses banlieues les plus misérables et un mode de vie plus trépidant, plus artificiel, beaucoup moins humain. En échange de ces efforts, ces gens ont reçu plus d'argent et ils se sont cru plus riches. Certains d'entre eux, les plus malins ont alors commencé à exploiter leurs propres congénères. Bien entendu, c'est la réussite de ces parvenus qui est décrite dans les médias. On laisse ainsi accroire aux pauvres gens qu'il suffit de vouloir pour devenir riche !

Ce système a trop bien marché durant 30 ans environ. Les retours de manivelle arrivent maintenant, de plus en plus violents : A force de délocaliser, les pays occidentaux sont parvenus à paupériser leur propre population. Du coup le pouvoir d'achat global diminue et ce n'est pas le pouvoir d'achat des plus riches qui peut y changer quelque chose, celui-ci restant très faible en pourcentage du volume global.

Les mesures prises pour enrayer cette paupérisation coutent déjà très cher même si les sommes en jeu sont faibles par rapport à celles qui ont été injectées dans la crise dite financière (il s'agit en fait d'une crise spéculative qui n'est d'ailleurs pas terminée).En conséquence tant à titre privé qu'à titre public, les pays occidentaux s'appauvrissent dangereusement.

A force de délocaliser, les pays occidentaux sont parvenus à inciter des régions entières du onde à produire pour eux, des produits qui ne sont pas utiles voire néfastes à ces populations lointaines. Certains pays d'Afrique produisent du cacao pour l'exportation tandis que leurs congénères ont besoin de mil, de céréales pour se nourrir. Certains pays d'Asie produisent de l'huile de palme et n'hésitent pas à piller leurs richesses forestières. Certains pays d'Amérique du sud produisent du colza transgénique de surcroit aux fins d'exportations vers les pays occidentaux ... qui donnent cette nourriture à des animaux (poulets, vaches, ...); pendant ce temps là, leur population a bien du mal à se nourrir correctement. Je pourrais citer bien d'autres exemples de ce pillage.

A force de délocaliser, les pays occidentaux sont tenus de maintenir coute que coute des moyens de transport internationaux considérables; ces moyens dilapident les ressources en hydrocarbures et polluent de plus en plus la planète. De même, l'agriculture intensive exige des produits phytosanitaires (en fait des poisons pour la nature) et des engrais artificiels qui appauvrissent les sols et ajoutent encore de la pollution.

A force de délocaliser, les pays occidentaux sont tenus de céder leur savoir faire technologique aux pays dits émergents. Ces pays deviennent donc maintenant de redoutables concurrents. Pour mémoire citons le domaine automobile, le domaine électronique et tout récemment le domaine ferroviaire ou aéronautique.

L'idée selon laquelle, nous occidentaux sommes seuls capables de toujours concevoir des nouveautés technologiques pour rester à la tête de l'innovation ne tient plus depuis un moment déjà.

Soyons lucides un instant : nous sommes rattrapés et même dépassés par les pays émergents. Le modèle de la délocalisation est un mauvais modèle économique. Il est urgent d'en changer !

En fait la centralisation a permis à un très petit nombre de gens de s'enrichir énormément au détriment des autres. L'ensemble des ressources de ce monde étant fini, il est évident que la richesse de l'un signifie la pauvreté de nombreux autres.

La centralisation regroupe des entreprises ou bien, trop souvent, fait avaler une petite entreprise par une grosse. On appelle cela croissance d'une entreprise en externe. On laisse accroire qu'une telle opération est utile à l'entreprise car elle permettrait à l'entreprise d'acquérir ainsi des compétences nouvelles, un marché nouveau, une plus grande diversification de ses produits. Ce discours est mensonger puisque vu de l'acheteur qu'il y ait regroupement sous la houlette d'un plus gros ou non, les compétences, le marché ou la diversification est la même. Bien souvent d'ailleurs, en final, le niveau de compétence de la grosse entreprise bouffeuse de petites, décroit, de même que le marché ou la diversification.

En réalité, l'opération est spéculative. Il s'agit de vendre des actions à court terme en faisant un joli boni au passage.

Ensuite, les sommes dégagées par ce boni permettent d'acheter des actions et de recommencer ce que je qualifierais de cavalcade autorisée. Pour qu'il y ait toujours un boni lors de la vente, il faut donc drastiquement éponger les finances de la petite entreprise et donc de couper les branches mortes, comme ils disent, soit encore de licencier nombre de gens et donc perte de compétences.

A force de jouer à ce jeu spéculatif, les puissances financières de ce monde ont pris de plus en plus de risques et se sont brulées les ailes. Quelques malins comme Madoff et bien d'autres ont même réussi sans difficulté ... à estorquer les banques !

Dans l'esprit d'un ultra libéral, la centralisation est la recette pour faire toujours plus de bénéfices. Cet esprit, en réalité destructeur, s'est imposé même à l'Etat. Celui-ci a appliqué la même recette au monde de l'éducation, à ses structures administratives, à la police, à l'armée, aux pompiers, ... Partout l'Etat centralise à chaque fois que possible, espérant ainsi, faire des économies d'échelle. Par exemple, un gros établissement scolaire regroupe l'équivalent de 3 ou 4 établissements locaux. De ce fait, un proviseur suffit au lieu de 3 ou 4. Mais cette centralisation là est perverse:

Le gros établissement est plus anonyme que n petits : le proviseur ne connait plus suffisamment son équipe pédagogique et encore moins les élèves. Les professeurs sont moins solidaires. Les élèves sont davantage livrés à eux mêmes. Professeurs et élèves doivent effectuer des trajets domicile-école plus longs avec leurs conséquences: perte de temps en trajet, motorisation du déplacement obligatoire, enfants trop libres surtout si les parents eux mêmes ont également des contraintes horaires ou de déplacement importantes.

Soyons lucides un instant : le modèle de la centralisation est un très mauvais modèle, il faut en changer d'urgence !

Mesdames, Messieurs les décideurs, il n'y a plus qu'une seule chose à faire aujourd'hui si vous voulez laisser un monde vivable à vos enfants, vos proches, vos amis : il faut relocaliser et décentraliser au maximum. Il faut recréer les conditions d'une vie acceptable pour la majorité d'entre nous et pour vous aussi.

Si vous ne savez le faire vous condamnez ceux que vous aimez ou du moins appréciez. Vous risquez aussi votre tête, car les milices, les forces policières, les armées ne pourront pas empêcher un mouvement de rebellion qui prend ses racines dans notre pays, notre région, notre commune, notre famille peut être.

Edité le:05/03/2019