Je me souviens de l'année 1963 ou 1964. En ce temps là un train français avait pulvérisé un record de vitesse sur une ligne SNCF dans les Landes. En relatant cet événement dans ma copie de baccalauréat, j'avais sauvé ma note en géographie ! C'était du temps du général De Gaulle, la grandeur de la France était une fois encore démontrée.
La Sncf existe toujours en ce 1er mai 2011. Et nombre de lignes rapides ont été construites sur lesquelles circulent les trains à grande vitesse appelés TGV. D'ici 2020, 2000 kms de ces lignes à grande vitesse devraient encore être construites.
Ceci est salué dans les médias comme un progrès indéniable, une avancée positive.
Malheureusement, je ne suis pas d'accord avec cela car:
- Les TGV coûtent très cher en infrastructure et en entretien du matériel
- La tarification Sncf sur ces trains est chère, très chère; elle est intéressante, essentiellement, pour les hommes d'affaires de part le temps gagné. Du même coup, elle permet à des entreprises de se concentrer sur les noeuds TGV soit en gros sur Paris et quelques rares grandes agglomérations. Ceci est néfaste à la relocalisation de ces même entreprises. Or, la relocalisation est bonne pour plus d'emplois de proximité, moins de transports longs, des délais d'intervention plus courts, une main d'oeuvre locale plus au fait des spécificités locales qu'une main d'oeuvre parisienne.
- A chaque création de nouvelle ligne TGV, la Sncf en profite pour supprimer des lignes à vitesse plus réduite. Par exemple, il est impossible d'aller de Paris à Lille avec un Ter direct; pourtant le gain du TGV par rapport à un Train Express Rapide n'est que d'une demie heure sur ce même trajet. Nombre d'usagers souhaitent sans aucun doute voyager un peu plus lentement mais moins cher ! Le dernier Salon de Paris a pour emblème 'Slow' car il semble que le monde redécouvre enfin la vertu de la lenteur.
Cette lenteur signifie moins d'énergie gaspillée en transports, en gestion de flux tendus, plus de temps pour faire bien son travail et éviter les malfaçons, moins de stress; en fait la lenteur ne doit pas être assimilée à la paresse mais bien au contraire à la réalisation optimale de ses objectifs (inutile de rappeler ici la fable du lapin et de la tortue).
- L'argent consacré pour réaliser des lignes TGV enrichit toujours les grosses entreprises du BTP au détriment des petites qui sont hors course ou bien surexploitées comme sous traitants de la grosse entreprise.
- L'argent destiné à réaliser de nouvelles lignes TGV et de nouveaux trains TGV est en quelque sorte confisqué aux régions qui aimeraient bien re-développer un tissu de petites lignes, plus dense en fréquence des trains, plus dense en maillage de la région afin d'offrir une réelle alternative au tout voiture/camion.
Non, n'en déplaise à tous ceux qui vantent les progrès techniques réalisés par l'homme (comme mon vieil oncle de 86 ans, bon pied, bon oeil), non, le TGV n'est pas un progrès dans le cadre du développement soutenable de notre pays. La bonne décision serait au contraire de re-mailler le réseau Sncf à moyenne vitesse que ce soit dans les régions d'une part et dans les grandes agglomérations d'autre part.
Sachant que l'on ne peut pas tout faire, si j'en crois la qualité des finances publiques, il est urgent de prendre la ou les bonnes décisions: donner la priorité au remaillage du tissu Sncf ... Oui, c'est possible !
Edité le:05/03/2019