Les journalistes sont très heureux d’accueillir les leaders de partis, les penseurs en vogue, les chercheurs connus par leurs écrits ou leurs positions. Ils recueillent ainsi des éléments intéressants pour écrire un article ou mieux pour faire une interview, une émission radiophonique ou mieux télévisée. Ils succombent ainsi à la recherche du scoop, de l’audimat, de l’agitation médiatique. Ils passent également à coté de l’essentiel : l’ensemble des idées véhiculées lesquelles sont plus importantes que les hommes qui les expriment.
Tous ces gens, sorte d’intelligentsia, se côtoient, s’invitent sur divers plateaux, se confrontent pour le plaisir de bien parler voire de s’écouter parler. Ils sont entre eux. Ils constituent un petit groupe. On les retrouve dans toutes les interview, les débats (faussés), les éditos, … On peut changer de radio, de chaîne télévisée ; on retrouve les mêmes ! Parfois on a quelque difficulté à distinguer le journaliste de l’homme politique ou du chercheur.
Par exemple, les journalistes relaient les propos d’un Jean Luc Mélanchon et sont heureux d’y relever des outrances ; par contre, ils sont quasiment incapables de comprendre et de relater la force et l’importance du mouvement France Insoumise dont JLM est le porte parole talentueux.
Pourtant, ce mouvement a élaboré une charte très complète et cohérente sur les positions et les actions qu’il désire développer dans ce pays. Et cette charte n’est pas l’oeuvre de JLM et de quelques ténors qui l’entourent. Cette charte est une œuvre populaire au sens réel de ce terme.
Cette engouement des journalistes et médias pour les hommes avant même de relater les idées qu’ils portent est une réduction des têtes. En effet, la pensée d’un homme fut il très intelligent, est forcément plus limitée que la pensée d’un groupe d’hommes et à fortiori d’un grand mouvement. De plus, l’émergence de toute idée nouvelle n’est souvent que l’aboutissement et l’adaptation d’idées existant déjà dans la tête d’autres hommes morts ou vivants. Enfin, les médias recherchant toujours l’audience et/ou le sensationnel, seules les idées percutantes voire courtes comme un slogan sont diffusées ou éditées.
Du coup, il est bien difficile pour le pékin lambda d’acquérir et de comprendre pleinement l’ensemble des idées véhiculées par un mouvement. On ne cherche pas à faire réfléchir ce pékin ; on ne l’incite pas à se documenter, à comprendre, à se faire son propre jugement. Au contraire on lui demande de prendre position pour ou contre par mimétisme ou par rejet. A se demander si les médias n’oeuvrent pas directement ou indirectement pour affaiblir tout mouvement neuf.
Ce culte de la personnalité, ce cercle restreint d’êtres médiatiques, est sans doute une tendance humaine naturelle. Ils sont entre eux. Ils se soutiennent. Ils vivent de cela. C’est également une façon de se mettre des oeillères et de ne plus voir le monde réel dans lequel nous vivons. N’est ce pas dommage alors que nous avons aujourd’hui des moyens de communication extraordinaires ? N’est ce pas suicidaires alors que de nombreux dangers guettent l’humanité ?
Edité le:05/03/2019