Le déni de démocratie en France

1 Qu'est ce que la démocratie ?

2 La démocratie n'existe plus en France

2.1 Les institutions
Le système démocratique du pays est basé sur le principe de l'élection
Pour chaque institution, mairie, département, communauté de communes, région, assemblée nationale, chef de l'exécutif, des élections sont organisées.
Les partis politiques présentent des listes de candidats éligibles classés dans un ordre défini de telle sorte que le premier de la liste obtenant la majorité des voix devienne très probablement le maire, le président de conseil général, le président de communauté, le président de région, le président de la République. Pour l'assemblée nationale, c'est un peu différent : aucun des élus n'a de prérogatives particulières. Il est un des députés de l'assemblée qui vote des lois que fera appliquer l'exécutif.
Le sénat, le conseil d’État, le conseil constitutionnel, le CSA, … sont encore d'autres institutions dont le rôle peut être considéré comme mineur. Ce sont des sortes de placards pour d'anciens élus notoires. Ils sont quasi inutiles pour la démocratie. Quoique ?

2.2 Le fonctionnement et ses dérives
2.2.1 Le choix des éligibles
Ce choix n'est pas fait par les électeurs citoyens mais par chaque parti politique. Dans la mesure où ce parti persiste dans le temps, ainsi que chacun de ses membres, il y a un risque certain et avéré de tractations, de népotisme, de salades internes à ce parti qui n'ont rien à voir avec la volonté des citoyens électeurs.
Du coup, il est fréquent que les listes proposées par les partis aux électeurs ne correspondent en rien à l'opinion de ces électeurs, d'où
un premier déni de démocratie.
Les 'primaires' instaurées depuis 2007 par le PS et copiées en 2016 par les LR permettent aux électeurs de choisir un candidat à la présidence de la République parmi chaque parti qui organise une primaire. Néanmoins ce choix très restreint n'améliore pas beaucoup les choses ; en réalité, c'est l'impossibilité de désigner un leader du parti qui incite à utiliser cette pré-élection au sein de chaque parti qui le souhaite.

2.2.2 Le programme proposé
Chaque liste, affiliée à un parti voire à un groupe de partis, propose un programme, normalement un projet complet et cohérent que les futurs élus s'engagent à suivre. En réalité ce programme a plusieurs défauts :
- d'abord il est établi, non pas par les seuls éligibles de la liste, mais par les membres du parti les plus influents, puis accessoirement amendé par les éligibles de cette liste qui tentent parfois d'adapter le programme aux contingences locales. En effet, chaque parti tient à montrer sa marque de fabrique et impose donc un certain nombre de concepts, de principes qui lui sont chers et qui, pense t il, le démarque nettement des partis concurrents.
- ensuite, voulant ratisser large et intéresser un maximum d'électeurs, les programmes sont soit très riches en multiples propositions précises, soit au contraire constitués de propositions trop généralistes. Dans le premier cas, il est quasi impossible de réaliser les propositions précises dans la durée du mandat, dans le second cas, difficile de savoir ce qui sera effectivement réalisé.
Le programme n'est pas obtenu par concertation importante des électeurs et il y a donc peu de chance que même profondément adapté par les éligibles, il puisse correspondre à l'attente légitime des électeurs.
C'est un deuxième déni de démocratie.

2.2.3 Le vote
Les conditions de vote en France me semblent très correctes ; en effet dans chaque bureau de vote il y a toujours au moins un membre de chaque parti qui surveille (et participe) aux opérations de vote. Si ces personnes font bien leur travail à toutes les étapes et particulièrement lors du comptage des voix, la possibilité de triche est très faible.

L'organisation du vote respecte le principe démocratique.
2.2.4 Le scrutin
Le vote a eu lieu, il s'agit maintenant d'attribuer des élus pris dans chaque liste ayant obtenu un minimum de voix. Ce minimum est fixé à 5 % des votes exprimés ou blancs. Cette limite, assez haute, est prétendue nécessaire pour limiter le nombre total de listes et d'élus. Ensuite, dans le mode de scrutin majoritaire utilisé actuellement en France, le parti ayant obtenu la majorité des voix obtient un nombre d'élus beaucoup plus grand que le parti en minorité. Cela a été voulu pour éviter les débats sans fin en cas de 51 % pour le parti majoritaire et 49 % pour l'ensemble des partis minoritaires.

Autant, cette prime donné au parti majoritaire est valable s'il est majoritaire de peu, autant elle est injuste si le parti majoritaire l'est largement. Cette règle pratique est grossière et ne respecte pas correctement le vote des électeurs.
C'est un troisième déni de démocratie.

2.2.5 Le respect du programme
Une fois élus, les représentants des électeurs en font trop souvent à leur guise ; d'abord, ils ne respectent que rarement le programme proposé lors du vote, ensuite ils considèrent qu'ayant été élus légitimement, ils peuvent prendre toutes décisions sans informer, sans rapporter strictement, sans écouter leurs électeurs.

Il s'agit ici du quatrième déni de démocratie sans doute le plus grave en effet, tout élu représentant des électeurs n'est rien d'autre que le serviteur de ces électeurs ; durant tout son mandat, il devrait sans cesse rapporter l'état de ses actions aux électeurs. Il devrait faire appel aux électeurs pour tout projet qui n'est pas inscrit ou qui est contraire au programme. Toute inaction ou action contraire au programme de l'élu devrait entraîner son éviction pour faute grave !

2.2.6 Le respect et l'utilisation des compétences de l'opposition Les élus du parti majoritaire ont presque toujours la majorité absolue et peuvent donc décider des actions à faire sans tenir compte des partis minoritaires. Du coup, trop souvent, les élus minoritaires ne sont pas associés aux actions entreprises.C'est un cinquième déni de démocratie puisque les élus minoritaires (dits d'opposition) représentent une partie des électeurs qu'on ne saurait écarter ou ignorer. De plus il est idiot de perdre les idées, les intelligences et la bonne volonté de ces personnes.2.2.7 La carrière ou caste des élus
Puisque les partis existent depuis longtemps et ont une histoire et une certaine force, leurs membres ont tout intérêt à se créer des liens serrés voir des alliances au sein de ce parti. En effet, ces liens, ces alliances leur seront très utiles pour se retrouver en bonne place lors de prochaines élections.

De plus, notre système électoral autorise chaque élu à proposer à nouveau sa candidature à l'élection suivante et cela autant de fois qu'il le désire (à de rares exceptions près).

Pire encore, le système autorise le cumul des mandats ; par exemple, il est courant qu'un maire soit également élu dans plusieurs institutions différentes (communauté de communes, département, région, assemblée nationale, sénat).

Ces pratiques sont anti démocratiques ; puisque l'élu du mandat actuel doit penser à sa future réélection lors du mandat suivant ou bien à son élection cumul dans une autre institution. On comprend bien que cet élu ne fera rien qui puisse compromettre sa future réélection dusse t il oublier de réaliser certains éléments de son programme ou pire encore renier ce programme qui pourrait nuire à sa carrière.
C'est un sixième déni de démocratie très grave.

2.2.8 La rémunération des élus et lobbying
Les élus sont rémunérés durant leur mandat pour plusieurs raisons ; d'abord pour leur survie puisque le temps consacré à leur mandat est autant de temps non travaillé dans une entreprise ou une administration. Ensuite parce que cette rémunération permet de payer des frais de représentation ou d'études. Enfin, paraît il, pour les mettre à l'abri des pressions exercées par des lobbies ou des notables locaux très influents.

On remarquera que ce sont des élus de l'Assemblée Nationale qui votent les lois permettant de rémunérer les élus. Ainsi les élus sont ils juges et partie de leur rémunération.

Ceci est contraire à toutes les bonnes règles de gouvernance. puisque l'électeur ne peut pas décider et contrôler directement les rémunérations et les dépenses des élus.

Enfin chacun sait bien que même avec une rémunération hors du commun, l'élu corrompu n'hésitera pas à profiter des largesses d'un lobby en utilisant si possible les paradis fiscaux !
C'est un septième déni de démocratie.

2.3 Le système d'information (médias)
Le journalisme constitue normalement un solide rempart contre la corruption et contre la pression exercée par les grands groupes capitalistes du monde. Malheureusement, la plupart des grands médias de ce pays ont été achetés par de grands capitalistes ; même s'ils s'en défendent, les journalistes ne sont donc plus libres d'informer sans craindre les foudres du propriétaire du média.

Même les journaux télévisés des chaînes publiques sont devenues partiaux et accordent trop d'importance aux sujets de peu d'intérêt pour l'humanité. Par exemple la mort de célébrités du show business est largement développée de même que les actions ou réactions sécuritaires. A l'inverse les sujets de fond (système politique, système économique, système social, solidarité entre les gens) ne sont pas suffisamment développés ou bien le sont dans le cadre de débats stériles dans la mesure où au final, il n'en ressort aucune vision et aucun plan d'actions positives.

De manière générale la plupart des médias font appel à une source d'information commune, l'Agence France Presse, et sélectionnent souvent les sujets impressionnants. Cette source d'infos unique et cette tendance des rédactions à privilégier l'événement frappant nuisent gravement à l'authenticité des médias.

Les dernières péripéties du Petit Journal ou des Guignols de Canal+ devenu propriété de Vincent Bolloré, illustrent bien cette main mise des capitalistes sur les médias.
C'est un huitième déni de démocratie.


Edité le:05/03/2019