La lecture de Marianne est souvent édifiante.
Comme souvent, l’édito de Natacha Polony focalise bien sur ce qui est important et incite chacun de nous à une profonde réflexion. Cette semaine, elle pose la bonne question : « Vivre avec le virus c’est retrouver la liberté ». En fait, il s’agit d’accepter le risque de tomber malade afin de vivre vraiment, sans confinement, sans couvre feu, sans peur et sans reproche !
Elle fait remarquer qu’en dehors des gens déjà atteints par de graves maladies, pour la classe d’âge 15-44 ans, seuls 60 personnes sont décédées en 2020 du Covid sur 176 décès tout compris. Certes, il faudrait analyser les autres classes d’âge et les causes précises et exactes des décès.
Il est trop facile de dire qu’Untel est décédé du Covid alors qu’en fait une grave maladie le mettait à la merci de la moindre complication. Pour exemple, en 2015, ma mère qui était gravement cardiaque, a succombé parce qu’elle a attrapé une bronchite.
On peut donc en déduire que le taux de décès du au seul Covid est faible et que nous pourrions vivre avec pour peu que l’État renforce le système sanitaire (nombre de soignants, de lits, de matériels) et qu’il répartisse mieux tous les établissements sanitaires sur le pays.
Un autre article de Marianne intitulé « Deux solutions : accepter la décroissance ou accepter la mort » a attiré mon attention.
L’interviewé Antoine Buéno croit que la sortie de crise est probable, que les vaccins sont la solution. Mais il pense aussi que la crise n’est que marginalement sanitaire, qu’elle est une crise de civilisation, civilisation qui reposerait selon lui sur le progrès et l’humanisme.
C’est le progrès, synonyme de maîtrise de la nature qui génère des zoonoses comme le Covid et c’est l’humanisme qui incite à protéger les vies humaines à tout prix.
Si la crise perdure nous aurions selon lui deux possibilités : accepter la décroissance c’est à dire l’humanisme (protection des vies en priorité) ou bien accepter la mort pour continuer à progresser.Il pense que nous sommes en train de choisir le progrès, que la mort des plus vulnérables est un moindre mal et un refus de l’humanisme.
Il dit que la décroissance est une horreur parce qu’elle condamnerait des milliards de gens à la pauvreté et à la misère et donc à la mort. Du coup, il en déduit qu’il vaut mieux choisir le progrès et la croissance économique sous réserve de décarboner nos activités et préserver l’environnement.
Le dilemme qui est proposé par Antoine Buéno est erroné !
Car le progrès synonyme de maîtrise de la nature ou encore de croissance selon lui est mal défini. De même l’humanisme limité à la protection de la santé humaine est extrêmement réducteur.
En effet si le progrès vu par Antoine Buéno reste basé sur une croissance continue, les ressources planétaires ne suffiront jamais à satisfaire les besoins des hommes sans cesse réinventés ; de plus cette croissance est très inégalitaire et s’oppose donc à l’humanisme !
Du coup, on voit apparaître une troisième alternative : le progrès humain !
Puisque les ressources planétaires sont limitées, il faut en limiter le gaspillage, les inégalités de répartition et donc accepter la décroissance de la ponction dans ces ressources ou pour le moins la stagnation de cette ponction.
De même, ne faudrait il pas faire décroître la population humaine, ne serait ce que pour préserver la biodiversité qui est notre support de vie ? Cela revient à accepter la mort non pas par idéal de progrès mais par idéal d’humanisme !
Le progrès humain c’est alors de savoir gérer la décroissance économique en maintenant la plus grande équité entre les gens ; en effet, les efforts pour décroître seront difficiles et ne peuvent être acceptables que s’il n’y a pas de privilégiés et de laissés pour compte.
Enfin cette décroissance est humaniste puisqu’elle crée les conditions de notre survie sur Terre.
Edité le:30/01/2021