Plume Sergent Major et ardoise

Souvenirs d’école … C’était pendant les années 1951 à 1955, je crois. J’allais à l’école primaire François Brasme située à Bully les mines dans le département du Pas de Calais.
Dans la classe étaient disposés des pupitres pour deux élèves avec un banc intégré. Le pupitre était légèrement incliné, sans doute pour faciliter l’écriture. Il y avait deux couvercles articulés de ce pupitre sous lesquels nous pouvions ranger nos propres ardoises, cahiers et livres. Sur le haut du pupitre, restait une partie plane, horizontale assez étroite sur laquelle nous pouvions poser nos craies et nos plumes. Sur cette partie nous disposions chacun d’un encrier en faïence blanche.
Cet encrier était rempli d’encre violette. Qui se chargeait de ce remplissage ? Je ne sais plus.
La plume métallique sergent major était fixée au bout d’un petit manche de bois. Comment ? Mystère !
Pour écrire, nous trempions la plume dans l’encrier via le trou d’accès supérieur pratiqué à cet effet. Il ne fallait pas noyer la plume ni la retirer trop sèche soit un petit savoir faire pour encrer correctement cette plume.
Ensuite nous pouvions nous appliquer à écrire avec pleins et déliés (*1) sur l’une des feuilles de notre cahier de textes et selon nos dispositions remplir celle-ci d’un plus ou moins beau graphisme. Il fallait retremper la plume dans l’encrier environ deux fois pour écrire une ligne complète. Il fallait prendre garde à ne pas faire de vilaines taches d’encre !
Nous disposions d’un papier buvard pour assécher l’encre fraîche avant de tourner la page ou de refermer nos cahiers.
Cependant nous étions capables d’écrire assez vite par ce moyen.
L’encre violette indélébile, convenait bien pour des écrits permanents et non corrigeables. Au pire nous pouvions raturer et réécriture au dessus, au dessous ou à coté selon la possibilité.

Pour les exercices pratiques nous utilisions plutôt l’ardoise et la craie. Nous avions une craie blanche mais aussi quelques craies de couleur, une éponge légèrement humide et un bout de tissu sec.
Par exemple, nous effectuions une opération de calcul sur l’ardoise. Nous montrions le résultat de notre calcul à l’instituteur (*2) qui pouvait ainsi juger de notre travail. Puis, il nous invitait à effacer l’ardoise avec la petite éponge et à la sécher avec le tissu.
Nous étions alors prêts pour l’exercice suivant.
Parfois avant d’effacer, nous recopions le détail du calcul effectué sur le cahier ad hoc afin de garder longtemps celui-ci comme exemple modèle.
L’ardoise s’utilisait aussi pour les exercices de grammaire. Les craies de couleur s’utilisaient alors pour distinguer sujet, verbe et complément.

Plus tard, la plume sergent major a été remplacée par le stylo à plume qui contient sa charge d’encre, un progrès intéressant d’autant plus que la charge d’encre est soit rechargeable, soit remplaçable facilement.
Dès 1965, le stylo à bille (*3) fait son apparition à l’école et détrône rapidement la plume sergent major mais aussi l’ardoise !
Depuis 1980 et l’avènement des premiers ordinateurs personnels, la saisie dactylographique supplante l’écriture manuscrite et cela d’autant plus que la correction du texte est facile et que l’enregistrement numérique autorise sa large diffusion sur le Net.
L’écriture de cet article me donne la nostalgie de l’écrit manuscrit ; peut-être vais-je acheter un beau stylo à plume et quelques feuilles de joli papier à lettre et m'y remettre !

(*1) Les pleins et déliés donnent un joli graphisme de l’écriture manuscrite ; on peut retrouver des exemples de cette belle écriture sur de vieilles cartes postales ou sur quelques lettres rédigées par nos ancêtres. Le stylo à plume existe encore et permet de s’exercer à cette belle forme d’écriture … si nous le voulons bien et prenons le temps pour cela.

(*2) Le maître de l'école primaire s'appelait instituteur. Pour je ne sais quelle raison, il est aujourd'hui nommé professeur des écoles.

(*3) Le stylo bille a été inventé par le journaliste hongrois José Ladislav Biro et breveté dès 1938. Réfugié en Argentine, Biro dépose le brevet de son invention en 1943 sous le nom de Birome. Biro cède son brevet au baron Bich qui lance en 1952 le Bic Cristal au corps transparent pour voir le niveau d’encre, de section hexagonale pour éviter qu’il ne roule et au capuchon de la couleur de l’encre. C’est aussi le début du jetable !

Edité le:04/01/2025