Je suis inactif. Nous sommes inactifs. Le monde est inactif devant la première menace sérieuse subie par l’humanité.
Nous le savons depuis la diffusion du rapport Meadows par le club de Rome, en 1972, soit depuis plus de 52 années, la croissance économique détruit la biodiversité essentielle à notre survie, elle crée un amas de déchets, certains perpétuels comme les radionucléides, d’autres cumulatifs comme les gaz à effet de serre, lesquels modifient de façon irrémédiable l’équilibre climatique sur Terre.
Le système économique est constitué des entreprises qui produisent les biens et les services et des ménages qui consomment ces biens et services.
Comment se fait-il que ce système économique néfaste n’a jamais été combattu sérieusement depuis plus d’un demi siècle ?
Ce sont les producteurs de biens et services qui sont à l’origine de tous les méfaits constatés. Ce sont les ménages qui achètent ces biens et services qui entérinent cette production.
Les entreprises productrices et leurs actionnaires et banquiers s’enrichissent à chaque fois qu’un ménage achète l’un de leur produit. Dans le système économique actuel, c’est cet enrichissement qui importe et c’est même l’accélération de celui-ci qu’on nomme croissance qui est recherché.
Du coup, on comprend que les entreprises se contrefichent des dégâts environnementaux qu’elles provoquent.
Depuis peu, la décarbonation, c’est à dire la réduction des émissions de CO2 est à la mode. Un premier pas vers le moins de déchets dont on pourrait se réjouir. Malheureusement cette décarbonation n’est pas corrélée à une volonté de décroissance économique, bien au contraire. Les dirigeants d’entreprises et leurs conseils imaginent, par exemple, de remplacer les hydrocarbures par de l’électricité ou encore le papier par des informations numérisées.
Pour y parvenir, il faudra alors développer plus de générateurs d’électricité réputés propres parce que non producteurs de CO2 et remplacer les véhicules thermiques par des véhicules électriques ou encore créer de nombreux datas centers pour y stocker les informations numérisées.
Donc l’objectif de réduction de CO2 implique une très forte croissance économique sur des matériels et des technologies nouvelles, elles mêmes fortement consommatrices d’énergie et nécessitant de puiser encore plus dans les ressources terrestres finies.
Il est donc tout à fait improbable que la décarbonation soit une mesure efficace des entreprises contre les dégâts environnementaux.
Les ménages font également des efforts voulus ou contraints pour réduire leur empreinte environnementale.
Par exemple, ils améliorent l’isolation de leur logement afin de réduire leur consommation énergétique voire de la rendre plus propre. Mais pour ce faire, ils doivent d’abord acquérir et poser les matériaux ou matériels nécessaires, soit une croissance économique. Très peu d’entre eux remettent en question le haut niveau de confort requis dans l’ensemble de leur logement.
Les ménages veulent vivre comme avant, aussi bien qu’avant et sont prêts à investir massivement pour cela.
De même, soumis au matraquage publicitaire, ils sont incités à acheter divers gadgets censés leur faciliter la vie quittes à s’abêtir par manque de réflexion sérieuse, ou à devenir malingres par manque d’exercice physique, ou à devenir gros et malades de part une alimentation de mauvaise qualité.
Dans ce constat, il est donc improbable que les ménages soient la source de mesures efficaces contre les dégâts faits à l’environnement et à eux mêmes.
Donc, plus de 50 ans après la parution du rapport Meadows, aucune mesure efficace n’a encore été prise pour éviter le pire.
Nous subirons donc de plus en plus de catastrophes climatiques qui seront bénies des entrepreneurs puisqu’elles leur permettront de reconstruire, une forme de croissance économique. Néanmoins, la multiplication et l’étendue des dégâts climatiques et économiques seront tellement importants que les entrepreneurs ne pourront plus trouver à un prix décent, les matériaux de reconstruction.
De même, la main d’oeuvre nécessaire pèsera si fort sur leurs finances qu’ils ne pourront suivre.
Les banquiers et les assurances seront déjà liquidés.
Alors enfin, nous prendrons conscience et réagirons au défi humanitaire dans lequel nous nous sommes fourgués.
Nous constaterons l’impuissance et la défaite de notre système économique mercantile.
Nous serons nus devant un monde devenu hostile. La plupart d’entre-nous n’y survivront pas.
Les survivants ne seront pas les plus riches trop dépendants du confort et des technologies avancées.
Les rares survivants seront ceux qui, comme les animaux, acceptent leur condition d'êtres terrestres et se sont adaptés aux lois de Dame Nature depuis longtemps.
Edité le:27/12/2024