Ce progrès est annoncé et médiatisé comme remarquable.
Enfin un robot qui semble capable de nous répondre intelligemment (ou presque) en toutes circonstances ! Bravo à ceux qui ont oeuvré pour enrichir la base de connaissances de ce robot, qui ont perfectionné les algorithmes et autres techniques d’apprentissage automatique.
Quand j’appellerais le service client de certaines entreprises telles que La Poste par exemple, peut être aurais-je un dialogue d’apparence plus humaine que les serveurs audio tellement horribles qu’après avoir appuyé une fois ou deux sur 1 ou sur 2, j’abandonne de dépit !
De la même façon, le robot contact d’EDF, joignable par mail, qui se prénomme Emmanuelle, sera-t-il un peu plus intelligent dans ses réponses.
Mais au fait, qui a réellement intérêt à ce que les technologies d’IA se développent et se généralisent ?
Les exemples ci-dessus, en donnent une idée. Les grosses entreprises, qui ont les moyens d’acquérir le dernier cri en IA, vont sans doute pouvoir router toutes les questions de leurs clients sur ce big robot. Si celui-ci fonctionne parfaitement, les clients seront :
- soit bien renseignés,
- soit aiguillés vers le service commercial, de réparation ou d’urgence adéquat.
Pour les managers des grosses entreprises, c’est LA solution, celle qui supprime tout besoin d’un(e) secrétaire standardiste dans chacune de leurs agences ou localisations.
Cela signifie également que les agents opérationnels de ces entreprises seront "déclenchés", commandés par un robot !
Certes, il est probable que l’agent rappelle directement le client avant d’intervenir chez lui. Mais, ici encore, pour éviter que le client puisse à son tour appeler l’agent, l’appel de l’agent sera sans doute masqué. Tant pis si le client n’a pas tout précisé lors de cet échange !
Pour le manager, il importe que le personnel de l’entreprise ne puisse être dérangé dans son métier.
Notons que cette façon d’organiser et spécialiser le travail enlève presque tout contact humain, supprime toute distraction, optimise sans aucun doute l’action mais elle rend également ce travail mécanique, automatique … Elle transforme, à son tour, l’agent en une sorte de robot !
Ne soyons pas surpris, dès lors, si les gens sont de moins en moins enclins à travailler.
Par ailleurs, cette optimisation des taches de travail supprime beaucoup de personnel, exige du personnel de plus en plus qualifié et accroît le chômage.
Si l’entreprise peut trouver un intérêt financier au robot qui lui permet de réduire la masse salariale, la société humaine et les gens qui la composent n’y ont pas intérêt :
- les salariés moins nombreux augmentent le risque de chômage,
- les taches plus spécialisés, moins humaines dévalorisent l’emploi.
Remarquons que l’utilisation de l’IA repose sur le réseau numérique et de gros serveurs installés dans un petit nombre de vastes data centers. Cette organisation centralisée est forcément très sensible au moindre aléa voire au sabotage. Par ailleurs ce réseau et ces serveurs sont particulièrement énergivores en électricité, la plus noble des sources d’énergie mais aussi la plus chère à produire et à réguler.
Même si les aléas nocifs et les actes de sabotage sont rares, on peut en déduire que l’IA est menacée par :
- des coupures de courant,
- des coupures de câbles ou fibres réseau accidentelles ou intentionnelles,
- des incidents serveurs tels que (incidents de mise à jour, de maintenance, piratages divers, …).
Certes, les hommes de métier, prennent des précautions (sauvegardes, redondances,…) mais se mettre en sécurité absolue ou zéro défaut est impossible.
Enfin, comme patient, je redoute que mon médecin habituel, en chair et en os, ne soit un jour remplacé par un robot capable de m’ausculter à distance sans aucun contact. Cette perspective me fait froid dans le dos ! L’imaginer me rendrait presque malade !
Pour moi, la médecine ne peut devenir une science exacte ; elle sera toujours une science humaine.
Certes mon médecin habituel n’est pas forcément toujours très cordial, certes il peut mal diagnostiquer et donc me faire courir des risques de santé ! Qu’importe, je sais et j’admets que l’erreur est humaine. Je ne lui fais pas une confiance absolue et j’irais voir un de ses confrères en cas de doute. Mais j’aurais en face de moi des hommes ou des femmes ; sensibles, souriants ou grincheux, très bons médecins ou un peu moins, mais bien vivants !
En conclusion, pas sûr du tout que l'IA soit un réel progrès humain.