Lorsque j’étais actif, j’avais réellement plaisir à exercer mon emploi ; cela me semblait presque naturel et ma devise était : Ne jamais aller au travail à reculons ! Il me semblait que nombre de mes collègues étaient dans le même état d’esprit.
Aujourd’hui, les choses ont bien changé !
C’est assez peu relaté dans la presse ou dans les médias, mais il s’avère que de plus en plus de gens sont peu enclins à accepter les emplois qu’on leur propose ; certains même quittent leur emploi, leur lieu de résidence actuel pour l’aventure d’une autre vie !
Ce n’est pas nouveau : je connais dans mon proche entourage au moins un aventurier qui a quitté la France pour aller vivre quelque temps en divers pays de ce monde ; plus récemment, mon fils a remis en question son mode de vie francilien et semble très satisfait de sa nouvelle vie en Anjou.
Mais c’est une tendance plus profonde qui interroge.
Pourquoi donc des offres d’emplois nombreuses ne sont pas suivies d’embauches ?
Pourquoi les entreprises doivent redorer leur image, utiliser largement la publicité, recourir à des cabinets de recrutement afin d’embaucher ?
Pourquoi le gouvernement français actuel stigmatise les chômeurs qui selon lui, préféreraient les allocations de survie à un travail rémunéré ?
Au siècle précédent, Taylor a mis en œuvre la rationalisation du travail tout particulièrement dans les usines de construction de voitures américaines. Cette rationalisation a surtout spécialisé les taches. Chaque ouvrier effectuait alors une phase de travail bien précise, dont on maîtrisait la durée, les entrants, les outils ou machines spécialisées nécessaires et les sortants.
Cette rationalisation a permis d’automatiser et d’accroître en volume la production.
Aujourd’hui, la révolution informatique et numérique a permis d’automatiser encore davantage toute production ; parfois même au point de remplacer les hommes faillibles par des robots plus fiables, plus performants, fonctionnant sans interruption ou presque.
Certes, les usines modernes d’Occident et d’Asie, produisent une multitude d’objets ou produits de toutes sorte, en quantité mais aussi en qualité. L’homme d’affaires n’y voit qu’avantages !
Mais quel est l’opinion de l’ouvrier, de l’employé qui est à l’oeuvre dans ces usines ?
De même, le secteur tertiaire s’est doté de toutes les technologies qui rationalisent le travail ; sans ordinateurs les entreprises même relativement petites, sont incapables de gérer la comptabilité, les stocks, les ventes, les communications, etc … Ici encore, le patron de l’entreprise y voit son avantage.
Mais quel est le ressenti des employés de ce secteur d’activité ?
Les taches sont de plus en plus automatisées, parcellisées ; trop souvent, l’employé n’a plus d’initiatives ; trop souvent, il est fortement contrôlé dans la durée et la qualité de son travail par des procédures voire des robots. Tout se passe comme si on ne lui accordait aucune confiance !
Certaines taches exigent des horaires très contraignants, ne respectant nullement la qualité de vie des employés.
Avec la réalité des dégâts environnementaux, du réchauffement climatique et de la perte de biodiversité, nombre d’entreprises tentent de verdir leur production sans remettre en cause leur modèle de production ; or c’est précisément ce modèle qui est la cause principale des dégâts environnementaux !
L’employé peut donc être dégoûté du travail qu’il fait, néfaste à l’environnement, contraire à son intérêt d’être vivant, mettant en péril la survie de l’humanité.
Du coup faut-il être surpris du désengagement des salariés de toutes sortes d’entreprises ?
Cela ne désigne-t-il pas clairement les méfaits incontestables du modèle économique actuel ?
Pour inciter les gens à reprendre goût au travail, il faut que les maîtres du monde actuel arrêtent de se cacher le monde réel derrière leur petit doigt financier !
Un coup de frein gigantesque pour éviter la catastrophe écologique ! Avec des incidences nombreuses qui font peur parce que le modèle économique basé sur l’essor ne sait pas, ne peut pas comprendre, que le déclin ou même la mort d’entreprises ne signifie pas mort de l’humanité !
Un coup de frein salutaire car moins d’activité signifie moins de dégâts environnementaux et plus de chance de survie de l’humanité.
Du coup, il est facile de comprendre que la consommation d’énergie sous toutes formes doit être réduite drastiquement, que la numérisation à outrance doit être abandonnée, que l’abondance de biens est nuisible, que la mondialisation n’est pas souhaitable, que la population mondiale doit diminuer, etc ...
Parallèlement, des gens qui ont quitté leurs anciens emplois, tentent de monter des activités respectueuses de l’environnement, créent des sociétés de partage, de solidarité, des coopératives à taille humaine.
Toute activité devrait être mesurée en termes d’atteinte à l’environnement. Si cette activité dépasse un seuil fixé par la sagesse écologique, elle est interdite ou arrêtée définitivement.
Ce seuil pourrait être fixé un peu haut pour commencer, puis abaissé chaque année pour tendre vers zéro atteinte à l’environnement.
Chaque actif deviendrait alors partie prenante de l’amélioration de son support de vie. Sûr, qu’il reprendrait goût à travailler, même si l’effort physique et intellectuel serait forcément plus intense.
Mais n’est-ce-pas cet effort voulu qui, par ricochet, apporte le plaisir de vivre ?