Le travail prend plusieurs formes : il est manuel, il est assisté par l’animal ou la nature, il est mécanisé voire automatisé, il est intellectuel avec de nombreuses variantes.
Le travail manuel dans les usines devient rare car remplacé par l’utilisation de machines semi-automatiques ou de robots. Dans les champs le travail manuel est lui aussi largement remplacé par les machines. Dans l’élevage, on trouve encore assez de travail manuel même si les fermes usines automatisent de nombreuses taches.
On peut considérer que la conduite de tous les véhicules de la route, du rail, de l’air et de l’eau sont quelques peu manuels bien qu’ils soient de plus en plus assistés.
L’assistance au travail par les animaux est devenu rare en France ; reste le chien de berger ?
Le travail intellectuel est le plus fréquent sous diverses formes, artistique, conception de fabrication, administration et gestion, comptabilité, logistique, …
C’est grâce à ce travail intellectuel important qu’il est possible de concevoir des produits qu’on fait fabriquer totalement ou en partie hors de France. Le plus gros du travail sur les produits consiste donc à concevoir le produit, sous traiter sa fabrication, vérifier le prototype, ordonner au sous traitant de fabriquer et d’envoyer les produits, réceptionner ces produits, en faire la publicité et la promotion, les distribuer en magasins ou en dépôts pour une vente directe ou par internet.
Même les voitures ou vélos dit être fabriqués en France sont d’abord un assemblage de pièces provenant en grande partie d’ailleurs.
Le monde du travail ou plus précisément de la fabrication de produits est très dépendant de pays lointains. Il y a nécessité de réindustrialiser notre pays dans ce domaine.
Quelles buts, directions, règles devons nous fixer pour réussir la réindustrialisation ?
Rendre la France intéressante pour les investissements étrangers n’est pas une solution pérenne ; C’est une grave erreur : rappelons nous, sous la présidence de Hollande, les aciéries de Lorraine ont été cédées à Arcelor Mittal, soit disant un bon repreneur ; quelques années plus tard seulement, Arcelor Mittal arrêtait l’exploitation de ces aciéries réputées non rentables ! Et l’affaire avait coûté quelques milliards aux contribuables français ou bien creusé la dette.
C’est pourtant ce que veut faire Macron quand il invite des chefs de grandes entreprises internationales au château de Versailles ! Par ailleurs l’économie « verte » proposée est technologique et représente une fuite en avant suicidaire (*1).
En premier lieu, il faut accepter d’abandonner tous les produits et technologies qui ne sont pas bons pour réduire notre empreinte écologique et lutter contre le réchauffement climatique et toutes ses conséquences. Il faut garder à l'esprit que la priorité de nos actions doit être la sauvegarde du vivant.
En second lieu, il faut déterminer une liste des produits ou services dont nous avons besoin en priorité et qui sont bons en fonction du premier critère ci-dessus ; cette liste sera réactualisée au moins une fois par an pour tenir compte des nouvelles connaissances environnementales obtenues.
En troisième lieu, il faut utiliser nos compétences (*2), notre savoir, nos ressources propres pour fabriquer industriellement ou artisanalement ces produits ou services. Il est fort probable que nous soyons contraints d’acheter des matières hors de France ; dans ce cas, penser à limiter ces achats et à diversifier les sources pour éviter une grande dépendance.
L’industrialisation à grande échelle de produits très spécialisés n’est pas souhaitable car elle implique trop souvent un marché mondial et une dépendance de ces produits spécialisés ; ce que nous ne voulons pas pour nous ni pour les autres pays.
Le domaine du logement a montré que la multi-fonctionnalité des territoires est essentielle. Cette multi-fonctionnalité a pour corollaire de répartir les moyens de production et non de les centraliser et concentrer.
En quatrième lieu, la production s’adresse en priorité aux besoins français ; il n’est pas exclu de vendre le surplus à l’étranger mais pour chaque bien produit, au plus 50 % peut être exporté.
Les rois du néo-libéralisme nous ont fait croire que seuls les dirigeants savaient entreprendre et que le public (ou le gratuit), ça ne marchait pas. L’effondrement du système économique d’URSS en grande partie sapé par les USA, a semblé confirmer cette assertion.
Evidemment, c’est faux ; chaque entreprise vise à faire du profit avant tout et se fiche bien de savoir si sa production est réellement salutaire pour l’humanité. L’accélération du réchauffement climatique, de la perte de biodiversité, du pillage des ressources terrestres par ces entreprises devraient faire comprendre à chacun de nous que l’avenir de l’humanité ne peut être mis dans les mains des néo-libéraux !
Il est donc temps de comprendre qu’une réindustrialisation réussie ne peut pas se faire d’un coup de baguette magique, ni à coups de milliards donnés aux multinationales !
La réindustrialisation de notre pays doit se faire graduellement en s’assurant d’obtenir à chaque fois une réelle indépendance ; pour acquérir à coup sûr cette indépendance, il faut restaurer nombre d’entreprises publiques au niveau national et au niveau européen (*3).
(*1) Ce 16 mai, le ministre de l'Économie, Bruno Lemaire, a présenté son nouveau projet de loi Industrie verte. Il ambitionne de réhabiliter 50 friches pour y accueillir de nouvelles gigafactories de batteries ou de panneaux solaires.
(*2) La formation professionnelle des gens est essentielle ; elle ne saurait être sous traitée sous forme d’alternance ou de stages aux entreprises privées car celles-ci ont pour objet leur intérêt et non l’intérêt personnel du stagiaire. De plus, nombre d’intellectuels auraient avantage à acquérir un minimum de connaissances techniques pratiques pour sentir un peu mieux la réalité des choses de notre monde !
(*3) L’Europe de Maestricht a signé la mort du service public ; elle a promu à la place une concurrence infernale même entre les états européens. Le retour d’expérience analysé sous l’angle humanitaire et environnemental montre bien l’erreur de cette politique économique libérale. Quand les députés européens vont-ils voter la création d’une première entreprise publique européenne ?
Edité le:17/05/2023