En ce moment la publicité ne coûte pas cher ! C’est pourquoi trois institutions pro-nucléaires ont publié deux pages pleines sur le Parisien du 10 janvier 2023.
Les deux pages sont encadrées d’un rectangle sombre et vert, un peu comme un faire-part mortuaire.
Elles ont pour entête « Projet de loi relatif à l’accélération de la production d’énergies renouvelables »
Elles ont pour gros titre : « LES FAUSSES IDEES QUI BIAISENT LE DEBAT »
La première page pose les questions suivantes :
- La France est-elle en retard dans le transition énergétique ?
- Les énergies renouvelables intermittentes permettront-elles d’éviter les coupures d’électricité en période de pic de consommation ?
- Est-il nécessaire de développer massivement les énergies renouvelables intermittentes pour faire face à la hausse des besoins d’électricité d’ici 2035 et 2050 ?
La seconde page pose les questions suivantes :
- Faut-il développer massivement les énergies renouvelables intermittentes en France pour sortir des énergies fossiles ?
- Est-ce qu’interdire l’implantation d’éoliennes dans certaines zones limiterait substanciellement les possibilités de développement de cette source d’énergie ?
Enfin cette seconde page s’adresse aux parlementaires :
Mesdames et Messieurs les parlementaires
Ni un prétendu retard de la France, ni sa sécurité d’approvisionnement en électricité
Ne justifient d’adopter des dispositifs juridiques d’exception pour les énergies intermittentes prévues par le projet de loi.
Il est nécessaire et encore possible de favoriser leur acceptabilité par les riverains et de limiter leur impact sur la biodiversité lors de son examen par la commission mixte paritaire.
Signé par les associations:
Cérémé www.cereme.fr
Energie Vérité www.energieverite.com
Fédération Environnement Durable www.environnementdurable.net
La France est-elle en retard dans le transition énergétique ?
Ben oui évidemment et de beaucoup par rapport à de nombreux pays européens ; le nier est pur mensonge d’autant plus grave qu’on veut nous faire croire que le nucléaire est aussi propre que les ENR !
Les énergies renouvelables intermittentes permettront-elles d’éviter les coupures d’électricité en période de pic de consommation ?
Ici, on veut nous faire peur ! Les ENR sont « intermittentes » ; on ne peut pas compter dessus. C’est faux bien sûr ; RTE est capable de prédire la consommation du pays en fonction des aléas climatiques et d’y adapter la production nécessaire.
Donc RTE est également capable de prévoir la production des éoliennes et des panneaux solaires et d’autres sources ENR et donc de prédire la production électrique à tout moment.
Du coup, soit on incite les consommateurs à la sobriété en cas de nécessité, comme actuellement à cause du parc nucléaire limité, soit on construit davantage d’ENR ainsi que les moyens de stockage et lissage de la consommation !
Les ENR ne sont pas intermittentes ; elles sont variables mais on en connaît à l’avance la variabilité. De plus la France est exposée à 3 régimes de vents différents, ce qui évite fortement l’absence totale de vent.
Est-il nécessaire de développer massivement les énergies renouvelables intermittentes pour faire face à la hausse des besoins d’électricité d’ici 2035 et 2050 ?
Ben oui, bien sûr ! Même s’il n’est pas avéré que les besoins d’électricité soient croissants ; la preuve, cet hiver la consommation électrique a décru de 9 % ! Au passage on raye le terme intermittent qui est faux.
Faut-il développer massivement les énergies renouvelables intermittentes en France pour sortir des énergies fossiles ?
Ben oui, c’est l’avenir ! Les ENR sont des énergies bien plus propres que le nucléaire ! Les ENR peuvent remplacer avantageusement le nucléaire et aussi les centrales thermiques classiques utilisant des fossiles (hydrocarbures tels que pétrole, gaz, charbon, tourbe).
Rappelons que les centrales nucléaires utilisent de l’uranium, un fissile extrait de la terre bien loin de la France dans des pays peu sûrs et avec une forte détérioration de l’environnement !
Notons que l’énergie électrique consommée en France ne représente que 17 % de toutes les énergies consommées par le pays. C’est surtout sur ce qui n’est pas électrique qu’il faut porter l'effort pour sortir des énergies fossiles ! Et cet effort passe d’abord par la sobriété énergétique qu’elle qu’en soit la source.
Est-ce qu’interdire l’implantation d’éoliennes dans certaines zones limiterait substantiellement les possibilités de développement de cette source d’énergie ?
Ben non, il ne faut pas interdire mais il y a bien un problème.
De préférence les éoliennes doivent être implantées dans des sites venteux et au plus près des grandes agglomérations consommatrices. Il faut donc trouver un compromis qui ne limite pas le développement et ne nuit pas aux riverains. La distance minimale des 500 mètres (un demi kilomètre) pour une éolienne géante ne doit donc pas être remise en question.
Ajoutons une question d’importance :
Le nucléaire est-il une source de production d’énergie sûre et fiable ?
- Les centrales nucléaires actuelles sont très âgées ; leur maintenance devient difficile et chère. Leur fiabilité est donc menacée ; les arrêts actuels pour problèmes de corrosion en sont un exemple.
- On peut construire de nouvelles centrales plus performantes ; certes mais la durée de construction est longue, environ 10 ans, d’où une mise en exploitation tardive par rapport au réchauffement climatique. Le coût de réalisation de ces centrales est prohibitif ; d’où un coût du kWh produit beaucoup plus cher que celui des ENR.
- Les matériaux utilisés dans les centrales sont des aciers et des bétons de grande qualité et en grande quantité, des alliages spéciaux, du cuivre, etc … Tout cela génère beaucoup de CO2 et autres gaz à effet de serre ! Pas terrible pour lutter contre l’effet de serre !
- Les déchets de la fusion nucléaire sont fortement radioactifs ; certains restent radioactifs durant des siècles ! Ils tuent le vivant s’ils sont dans la nature. Les isoler, les stocker sur de très longues périodes de temps est un problème qui reste insoluble depuis 70 ans déjà, une menace pour les générations futures.
- L’approvisionnement en uranium n’est pas sûr ; le minerai d’uranium se trouve dans des pays lointains, peu sûrs, peu démocratiques (Niger, Kazakhstan, Russie), l’extraction et le prétraitement sur place, détruit fortement l’environnement local là encore pour fort longtemps.
- Les ressources disponibles sont assez limitées ; pour le nucléaire actuel qui produit environ 10 % de l’électricité mondiale, on estime disposer d’uranium facilement extractible durant 50 à 60 ans. Si on table sur le nucléaire pour produire toute l’électricité, les ressources seront épuisées bien plus rapidement, 20 ans seulement ? L’amortissement des frais de construction des centrales ne sera jamais obtenu !
- La concurrence d’accès à un minerai devenu rare, provoquera des tensions importantes entre pays pouvant déclencher des guerres !
- En fonctionnement les centrales nucléaires sont très sensibles aux aléas climatiques:
-- Trop de vent abat les lignes THT, isole les centrales et met en péril leur refroidissement. Le comble c’est qu’il faut alors disposer de groupes électrogènes alimentés en hydrocarbures fossiles pour les secourir !
-- Trop d’eau inonde des parties techniques et créent le même péril : perte de refroidissement. A l’inverse, pas assez d’eau dans les rivières oblige à arrêter les réacteurs pour éviter la perte de refroidissement.
A moins d’être sourd et aveugle, point besoin d’avoir suivi des études d’ingénieur aux Mines ou à Polytechnique pour comprendre ; le nucléaire n’est pas une source d’énergie d’avenir sous sa forme actuelle, la fusion.
Pour la sur-régération ou fusion par neutrons rapides, les problèmes de refroidissement et de déchets sont encore plus difficiles à régler.
Pour la fission nucléaire, il faudra attendre encore quelques dizaines d’années, sans doute trop longtemps par rapport au réchauffement climatique. Le problème des déchets semble fort atténué, néanmoins il faut attendre un retour d'expérience pour en être certain.
Conclusion
Les ENR sont manifestement une solution plus simple, moins chère, localisable et relativement facile à déployer. L’inconvénient de la variabilité des ENR est réel mais loin d’être délétère. Enfin il existe des ENR non variables comme la géothermie ou encore la récupération de l’énergie des vagues !
Mesdames et Messieurs les parlementaires, les citoyens français comptent sur votre entendement et votre lucidité pour favoriser le développement des énergies renouvelables; il en va de l'avenir de nos enfants et petits enfants !
Edité le:10/01/2023