La Vidéo Surveillance Automatisée (VSA) déshumanise notre société

Il s’agit d’un réel changement de dimension de la surveillance et d’industrialisation du travail d’image pour démultiplier les notifications et interpellations, guidées par l’intelligence artificielle.
Déployée depuis 2017 en toute opacité, la VSA est une technologie implantée sans information par les collectivités (environ 200), empêchant les habitant·es d’avoir facilement accès à ce qui est installé dans leur ville. Cette opacité rend totalement impossible l’expression d’un choix démocratique sur la question.

La VSA et la reconnaissance faciale reposent sur les mêmes algorithmes d’analyse d’images et de surveillance biométrique. Ce sont souvent les mêmes entreprises qui développent ces deux technologies. La VSA est une technologie biométrique intrinsèquement dangereuse, l’accepter c’est ouvrir la voie aux pires outils de surveillance.
Avec cette loi, la France serait le premier État membre de l’Union européenne à légaliser et autoriser la surveillance biométrique, à l’opposée d’autres positions au sein de l’UE. Les discussions en cours sur le règlement européen sur l’intelligence artificielle envisagent même son interdiction formelle.

Pour faire des traitements d’images pointus et reconnaître des formes avec précision, les algorithmes de VSA doivent être basés sur une technologie complexe dite de « deep learning » qui fonctionne grâce à des calculs si sophistiqués qu’ils dépassent l’entendement humain. L’algorithme décide lui-même quels paramètres sont pertinents pour détecter un évènement, sans qu’il soit possible de savoir lesquels ont été retenus pour donner le résultat. Même les concepteurs de ces algorithmes n’ont pas de visibilité sur les données qu’ils exploitent. Ces technologies sont intrinsèquement dangereuses et ne pourront jamais être limitées efficacement sur le plan légal ou technique.

La VSA est déjà déployée en toute opacité et illégalité et continuera à l’être après les JO qui sont sans doute un prétexte à sa généralisation.
La VSA n’est pas une simple aide technique : pour la concevoir, les entreprises doivent prendre une série de décisions morales et subjectives (qu’est-ce qu’un comportement « suspect » ?). Son application est également politique puisque la VSA est un instrument de pouvoir donné à des services coercitifs. La VSA n’est pas un outil neutre mais analyse en permanence les corps et les déplacements, en particulier de celles et ceux qui passent le plus de temps dans la rue.
Se cacher derrière une machine, c’est déresponsabiliser les choix des agents de sécurité : « c’est pas nous qui avons ciblé cette personne, c’est l’algorithme ». C’est aussi accepter la déshumanisation du rapport des citoyens avec l’État, qui finira par ne prendre que des décisions automatisées sur sa population comme cela commence à être le cas avec la vidéo verbalisation.

Par conséquent, le seul garde-fou envisageable est l’interdiction de l’usage de la VSA sur des activités humaines filmées dans l’espace public.

Madame, Monsieur le député, je compte sur votre entendement, votre profond humanisme pour rejeter toute proposition de loi visant à déployer, même à titre expérimental, cette technologie numérique qui va à l’encontre des valeurs démocratiques et républicaines.

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Edité le:23/02/2023