Pourquoi ai-je donc attendu tant d’années
Pour écrire ces quelques vers surannés
Relatant le grand amour de ma vie
Que je n’ai su retenir et me fut ravi ?
J’étais étudiant attardé en faculté des sciences de Lille,
En la résidence Lavoisier, un bâtiment logeait les filles
Et un autre corps de bâtiment hébergeait les mâles étudiants.
Entre les deux, une grande salle au rapprochement nous conviant.
C’est dans cet espace qu’un mémorable zinzin fut organisé
Avec mes potes, au bar accoudés, par la musique galvanisés
Buvions peut être un peu trop de bières blondes
Et regardions danser les filles belles et girondes.
Mon regard fut attiré par une petite brunette avenante
Avec sa copine elle dansait de façon émouvante.
Elle me fit un signe pour m’inviter à la rejoindre
J’abandonnais mes potes pour à elle me joindre.
Nous avons dansé quelques slow en cadence
Mireille et moi confiants, faisions connaissance
Pas facile de se parler avec la tonitruante musique
Mais le bouche à oreille est un cantique magnétique.
Dans mes bras, elle était si légère et si vivante
Qu’elle devint le soir même ma douce amante.
Dans ma petite chambre d’étudiant studieux
Nous sommes allés ensemble aux septièmes cieux.
Elle était déjà entrée dans la vie pratique
Exerçait comme professeur de mathématique
Dans un grand lycée de Valenciennes
Ou Maubeuge, autant qu’il m’en souvienne.
Chaque Week End la retrouvais si éprise
Sans compter sur la grande surprise
De sa venue parfois en pleine semaine !
Viens, viens disait elle, je t’emmène.
Et nous allions voir Léo Ferré, le poète rouge
Qui apparaissait une fois tiré le rideau rouge
Au théâtre Sébastopol placés tout en haut
l’écoutions perchés comme deux tourtereaux.
Elle m’écrivait de courtes lettres d’amour
Les rédigeait elle entre deux cours ?
Des phrases brèves, émouvantes et spontanées,
Parfois décorées de fleurs patiemment dessinées.
Quand les week end pouvaient se prolonger
Nous partions en voyage à l’étranger
Oh pas très loin ! D’abord chez les hollandais
Puis une autre fois chez les anglais
Dans ma deux deusche de quidam
Sommes allés jusqu’à Amsterdam.
A Breda avons fait halte, je me souviens
Je revois la chambre, nos calins, trop bien.
Du voyage à Londres, peu de bons souvenirs
L’hébergement chez un jeune couple est à retenir
Une nuit d’attente sur un banc de la gare
Son abandon dans mes bras, petit plaisir rare.
Mais je crois que ce voyage raté, vraiment
Marque de nos amours l’aboutissement
Faut dire que j’étais alors fort égoïste
Pas assez à son écoute, trop individualiste.
Qu’elle me quittat était donc prévisible
N’empêche que son départ me fut horrible
Je ne dormis plus durant trois longues nuits
Je ressassais et sombrais dans le noir ennui.
J’aimerais bien revoir cette petite reine
Qui m’a donné tant de bonheur et de peine
Maintenant que nos corps sont déjà vieux
Ne reste t il pas des étincelles dans nos yeux ?
Edité le:10/03/2021