Politique sanitaire de la France

Le constat
Depuis plus de 30 ans, les gouvernements successifs ont considéré que le budget de la sécurité sociale pesait lourd. Chaque année, les gouvernements se demandaient comment ‘boucher le trou de la sécurité sociale’ et chaque année des mesures ont été prises pour réduire ce type de dépenses.
Citons le parcours médical, les médicaments génériques, le paiement minimal de quelques euros de tout acte médical ainsi que la réforme du subventionnement à l’acte des hôpitaux. Cette dernière mesure a pour objet de rendre toute structure sanitaire rentable au sens économique. Les recettes liées aux actes médicaux doivent équilibrer les dépenses de fonctionnement de l’hôpital ou de tout établissement de soins.
Cette mesure a pour conséquence de désigner de petits établissements peu rentables comme des maternités ou même de petits hôpitaux locaux, lesquels sont condamnés à fermer par les décisions de l’autorité sanitaire publique qui les prive peu à peu de ressources matérielles et humaines. Seuls les très grosses structures perdurent d’autant plus que les gouvernements considèrent faire des économies par effet d’échelle; un seul directeur général au lieu de plusieurs, une seule infrastructure au lieu de plusieurs, etc …

Mais ces grosses structures ont de graves inconvénients pour la population et sa santé ainsi que pour l’économie. En effet la concentration sur ces grands hôpitaux :
- éloigne les patients et les soignants du centre de soins. C’est alors ces patients et soignants qui subissent les inconvénients du trajet plus long, plus coûteux, plus polluant, et la perte de temps qui en résulte,
- concentre les patients et par conséquent augmente les risques de contagion en cas de maladies contagieuses,
- réduit la durée des soins et l’attention humaine donnée aux patients par manque de personnels et de moyens matériels (exemple:manque de lits de réanimation),
- détruit la localisation des soins et crée de vastes zones désertes de tout établissement de soins, ce qui décourage même les médecins généralistes à s’y installer,
- permet à des établissements privés d’occuper la place libérée mais avec perte importante de la protection sociale publique.

Par ailleurs, la médecine d’aujourd’hui utilise de plus en plus de techniques pointues nécessitant des machines et des appareils bourrés d’électronique. On peut s’en féliciter puisque les moyens de prévention et de guérison des maladies sont bien meilleurs. Mais ces technologies coûtent très cher et limitent la diffusion des machines, renforçant donc la concentration de celles-ci dans les seules grandes structures. De plus les patients bien informés exigent parfois de disposer de soins préventifs coûteux tels que des analyses de laboratoires privés.

De même la fabrication des médicaments et des vaccins sont confiés uniquement à des entreprises privées. Le contrôle de l’efficacité et du risque de ces remèdes est délégué à un organisme central l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament. Cet organisme unique subit donc de plein fouet toutes les pressions du lobby pharmaceutique a tel point que l’intégrité de son personnel est souvent mise en cause.

Le vieillissement de la population qui est une cause d’augmentation des dépenses sanitaires rend certaines personnes dépendantes. Les départements par le biais de l’Aide aux Personnes Agées subventionnent des structures apportant des soins à domicile. A l’opposé existent les Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes qui concentrent les patients et les soignants dans des structures privées.

Que faire ?
Nous proposons ici quelques pistes mais n’avons pas toutes les informations permettant de présenter un plan de mesures construit et étayé par l’expérience.

D’abord relocaliser les établissements de soins
On voit apparaître des maisons médicales, sorte de résurgence des anciens dispensaires. Cela semble un bon moyen de mettre localement à disposition des gens, une équipe médicale assez complète pour parer aux principaux besoins de santé.
Cette relocalisation nous semble bénéfique parce qu’elle :
- recrée une activité sanitaire, sociale et économique locale,
- tend à supprimer les déserts médicaux,
- peut inciter les médecins généralistes à s’installer en campagne ou montagne,
- réduit les distances parcourues, le temps perdu en transport par patients et soignants; par conséquent réduit la pollution et l’exposition à la pollution du transport des personnes. Ce qui est très important quand on sait que la pollution est l’une des premières causes de mortalité,
- réduit la concentration et la fréquentation des grands hôpitaux,
- permet de réagir à l’apparition de contagions en les isolant localement.

Ensuite combattre l’idée que le facteur d’échelle fait faire des économies.
Combattre toute concentration comme étant le plus souvent néfaste à l’intérêt général de la population.
Comme montré plus haut, l’apparente économie de dépenses réalisée par l’État est en fait un surplus de dépenses effectués par les patients et les soignants déjà sous l’angle des transports.
Ce ne sont pas les structures médicales qui doivent être concentrées mais par contre, dans des villages isolés, il faut peut être envisager des structures multi-fonctionnelles ; un lieu commun par exemple dans lequel sont regroupés un médecin et une infirmière mais aussi un agent des postes et/ou télécommunications, un guichet automatique de banque, un agent administratif, une aide à domicile, une classe d’école, etc …
L’État y réaliserait ainsi une économie sur l’infrastructure mais pas sur le personnel et sur l’humain. On pourrait également espérer une baisse du chômage et une revitalisation de l'activité locale.

Enfin, instaurer un contrepoids au secteur privé
En nationalisant quelques laboratoires, quelques fabricants de matériel médical.
Il ne s’agit pas de réduire à néant l’initiative privée mais de la concurrencer publiquement afin d’être en mesure de connaître le juste prix des médicaments et des équipements de soins. Les marges pratiquées par le privé doivent être réellement contrôlées et rabotées si elles s’avèrent excessives.
Ainsi, il sera possible de réduire le coût global des soins.

Edité le:21/03/2021