Je me souviens, mon père en 1953 écoutait la radio nationale sur un récepteur à lampes ; celui-ci était placé assez haut sur une console pour le rendre inaccessible aux enfants ? ou pour améliorer la réception des grandes ondes (AM aujourd’hui).
Il écoutait les informations une ou deux fois par jour, le matin avant de partir travailler et parfois le soir en rentrant. L’émission durait environ 20 minutes, je crois.
Il était aussi abonné au journal local, la Voix du Nord.
Il n’y avait pas encore de téléviseur en noir et blanc. Ces deux supports d’information semblaient lui suffire ; en effet dans le journal on trouvait plutôt les infos locales tandis qu’à la radio on recevait des infos nationales voire internationales.
Désormais nous avons pléthore de supports d’informations ; nombre de quotidiens papiers ou numériques, divers hebdomadaires, un très grand nombre de chaînes télévisées ; certaines d’entre-elles diffusent même des informations en continu. Nous avons aussi les réseaux sociaux et le web qui permettent de visualiser et écouter des points de vue parfois très différents de ceux diffusés par les grands médias.
Nous pourrions en conclure hâtivement que nous sommes bien mieux informés aujourd’hui.
Néanmoins nous pouvons constater quelques points de nature à remettre en question la qualité de l’information reçue.
1) les médias puisent les infos auprès d’un organisme quasi unique pour la France, l’AFP.
2) les différents médias étant nationaux et au mieux régionaux, l’information locale fait souvent défaut ; de plus la concurrence entre ces médias les incitent à sélectionner les articles les plus susceptibles de fidéliser leurs lecteurs. On y voit donc plus souvent du sensationnel malheureusement souvent négatif, triste voire gore. On en appelle plus à la sensiblerie qu’à l’information impartiale.
3) le contexte des infos fournies est souvent absent ; on livre au lecteur une information brute sans références contextuelles ; par exemple on indique un nombre de morts de telle ou telle maladie en France sans préciser quelques données comme le nombre de décès toutes causes confondues, le type de population réellement concerné, la durée de l’étude. Dans ces conditions, difficile de savoir si ce nombre est important, quel est le pourcentage par rapport au total des décès, etc ...
4) non seulement les médias puisent leurs infos à la même source, mais de plus ils répètent en boucle les mêmes informations ou presque chaque heure.
5) les grands médias sont la propriété des grands entrepreneurs du pays ; leur indépendance éditoriale n’est pas garantie, c’est même prouvé par quelques récents faits ! Ces grands entrepreneurs ou financiers alimentent un lobbying important auprès des élus et de l’état. L’information diffusée par les grands médias est donc souvent partiale.
6) les réseaux locaux et le web permettent d’aller chercher assez facilement des infos plus libres ; mais les infos ainsi recueillies sont parfois, un copié collé d’une autre info émanant le cas échéant d’un grand média ; ou bien ces infos sont erronées ou pour le moins douteuses dans la mesure où la source n’est pas toujours connue avec certitude.
D’ailleurs les grands médias ont tendance à considérer que la majorité des infos issues des réseaux locaux ou du web, sont de fausses informations, ce qu’ils nomment de l’anglicisme ‘fakenew’.
Certains de ces sites de diffusion d’infos sont clairement orientés politiquement. C’est gênant si on ne connaît pas cette orientation, c’est bénéfique si on peut comparer divers sites d’orientation politiques variées.
Globalement, dans la mesure où nous serions capables de recevoir et d’analyser moult supports d’informations, nous sommes largement informés.
Malheureusement, chacun de nous ne dispose pas du temps nécessaire pour capter ces informations et les analyser ; du coup notre champ d’information rétrécit comme notre champ de vision quand on vieillit.
Par ailleurs, vu la facilité avec laquelle on peut diffuser très rapidement de nombreuses informations, nous sommes inondés d’infos qui deviennent obsolètes peu de temps après leur réception ; c’est un vrai souci pour les lecteurs que nous sommes, mais c’en est un autre plus important encore pour les journalistes qui rédigent les articles ! Nombre d’entre eux n’ont plus le temps d’analyser ; ils publient donc un papier qui est dans l’air du temps, conforme à la pensée générale de leurs collègues.
L'intelligence artificielle, très à la mode en ce moment, risque fort d'accroître cette uniformité informative.
Du coup on voit émerger la pensée unique très réductrice de la réalité des choses ; le pouvoir en place bénéficie ainsi d’un bon appui pour sa communication à sens unique ; la communication des opposants est bâillonnée quand elle n’est pas traitée de fakenew !
Finalement, la majorité des gens qui se contentent des journaux télévisés, ou de leur seul quotidien habituel sont très mal informés mais ne s'en rendent pas compte.
Seuls ceux d’entre nous qui avons la volonté et le temps de confronter les nombreuses sources d’info disponibles, de les analyser, de déterminer à chaque fois le réel contexte de cette info, de ne pas se laisser noyer dans le flot continu des infos, sont en mesure de bien s ‘informer.
Ces gens là sont à coup sûr une minorité.
Conclusion :
Nous sommes très bien informés en quantité et en répétition mais
nous sommes très mal informés en qualité, ce qui est gravissime.
Edité le:19/10/2023