Matérialisme

Le matérialisme nous pourrit la vie depuis longtemps, trop longtemps déjà !
Ce mal est insidieux car il fait croire à tout un chacun que c'est la propriété de choses et de biens qui assure notre bonheur.

Je ne vous citerai pas la dernière pub qui vous laisse accroire que l'achat de tel ou tel produit ou service est bon pour vous; c'est tellement évident pour qui ne se laisse pas entrainer par la force d'un slogan, la beauté d'une musique, d'un paysage ou d'un corps de femme; c'est tellement évident pour celle ou celui qui pense bien, réfléchit et analyse encore et encore le flot des informations qu'il reçoit à profusion.

Je ne vous parlerai pas de ces générations qui ont vu les progrès effectués dans tous les domaines, progrès qui sans aucun doute leur ont facilité la vie. En vrac, le refrigérateur, le congélateur, la machine à laver automatique, l'électricité, le chauffage aisé et devenu commun des habitations, les transports de plus en plus sûrs et rapides,...

Je ne vous rappellerai pas le cartésianisme, la pensée scientifique, la recherche de la preuve, le besoin de tout expliquer, tout justifier avec des chiffres, des formules, des programmes qui sont même capables de prévoir l'avenir...

Mais à quoi bon tout cela si nombre de personnes, mes amis, mes proches et moi-même avons le coeur tellement sec que nous évitons de nous frotter les uns aux autres de peur de saigner ? Vous pensez que cette formulation bien qu'imagée, est exagérée ? Elle ne l'est pas malheureusement et je vais tenter de vous faire comprendre que le matérialisme aboutit à cela: nous ne savons plus donner, nous ne savons plus aimer vraiment mais par contre nous avons appris à compter sans cesse !

Je vais commencer par moi même, exercice difficile car évidemment j'ai une certaine fierté. Je continuerai par ma fille que je ne comprend plus et qui ne me comprend plus Je parlerai d'amis au risque de les perdre. Enfin je terminerai par les gens.

Comme bien d'autres j'ai travaillé et gagné assez d'argent pour m'acheter une maison bien équipée, une auto, faire quelques voyages autour du monde. Je suis maintenant à la retraite, à priori tranquille, assuré de manger à ma faim, de dormir au chaud aux cotés d'une femme aimante et je devrais être le plus heureux des hommes si l'on en croit la théorie matérialiste. En réalité, il n'en est rien: je voudrais encore me rendre utile et tout particulièrement faire le bien autour de moi, mais à part pour ma femme, mon fils et quelques amis, je ne fais rien: je reste là à vivoter m'occupant de mon feu de bois chaque jour d'hiver, surfant sur Internet à la recherche de tout et n'importe quoi. Je profite de mon grand confort matériel (même si je n'habite pas un château!) et l'augmentation de la pauvreté ou bien les guerres fratricides ou les graves phénomènes climatiques ne m'empêchent pas de dormir à poings fermés !

Ma fille a déjà connu une grave épreuve dans sa vie puisqu'elle a perdu un enfant dans des circonstances qui ont nui par ailleurs à sa santé. Aura-t-elle un jour un bébé à elle ou bien adoptera-t-elle bientôt un petit enfant ? Je l'espère et j'en doute, car elle compte !

Elle compte sur la prochaine augmentation de salaire, elle compte sur une rentrée d'argent possible de par ses activités musique à elle et à son mari, elle compte sur tous ceux qui veulent bien lui donner quelque chose ou mieux du fric, elle compte sur le prochain héritage ... car ses comptes sont toujours dans le rouge du fait qu'elle et son mari se laissent toujours tenter pour acheter plus beau et plus grand quand ce n'est pas plus futile ! Bref, je ne la reconnais plus mais l'ai-je jamais réellement comprise ?

J'ai un ami sympathique en diable, bon vivant de surcroit mais quel dommage qu'il soit avare, combinard, toujours prêt ... à ne rien donner. Je l'ai vu une fois chercher pendant près d'une demie heure un ticket de caisse d'un montant ridicule. Il profite de belles allocations chomages depuis plusieurs années et place son fric et fait ses petites affaires dans d'autres pays. Sa richesse est telle qu'il pourrait s'acheter un château et l'entretenir facilement. Avec cet argent il pourrait sans aucun doute sortir de la pauvreté un grand nombre de personnes; le fera-t-il un jour ?

Et puis tous ces gens qui se cotoient dans les trains sans se parler, (pas tous il est vrai). Qui s'écartent vite fait et ne viennent pas spontanément en aide à quelqu'un qui chute ou bien a un malaise. Tous ces gens qui vous bousculeraient pour prendre d'assaut la dernière place assise, pour acheter la dernière babiole en solde. Tous ces gens qui se pressent de partir ou de rentrer chez eux, d'aucuns dans leur petite auto, d'autres en transports en commun, tellement pressés qu'ils ne savent plus prendre le temps de parler, d'écouter les autres autrement que par intérêt !

Bon assez ! J'arrête ! Je ne voudrais pas vous donner le bourdon ... si vous avez lu jusqu'ici ... Tout ça, c'est la conséquence du matérialisme.

Autrefois, des gens apprenaient des chansons et aimaient se rencontrer juste pour le plaisir de les chanter ensemble... Il parait que ça se fait encore sur la Terre. Si vous entendez quelqu'un chanter à l'arrêt de bus ou dans sa voiture, faites moi signe, rassurez moi !

Il y a donc encore des gens qui ont un coeur gros comme ça !