J'aime à lire des revues et des livres qui m'ouvrent des fenêtres sur le monde, qui m'ouvrent l'esprit.
J'aime assister à des conférences, des débats sur des sujets d'actualité ou des sujets de réflexion sur l'avenir de l'homme.
Et en général, au premier abord je ne suis pas déçu. Et pourtant ...
Comme le disais Boris Vian, il y a un truc qui cloche là dedans, j'y retourne immédiatement !
Oui, ce qui cloche c'est que ce sont presque toujours les mêmes intellectuels qui s'expriment; mieux ils s'invitent les uns les autres, se congratulent ou bien s'opposent mais semblent peu disposés à élargir le cercle des penseurs, des philosophes, des économistes, ... de tout poil.
Du coup, leur pensée, leurs débats, leurs écrits sont à relativiser d'importance.
Quelques expériences personnelles:
1. J'ai assisté à un débat sur l'avenir des villes organisé au sous sol de l'assemblée nationale.
Les invités, Jean Viart sociologue, Olivier Mangin directeur de la revue Esprit (que j'adore, la revue bien sûr), Michel Dessault maire de Grenoble, ville dans laquelle a été créée l'un des premiers éco-quartiers français.
Ces gens ont été brillants: J.Viart a montré que la ville était d'abord un lieu de grande mobilité et que 50% des gens vivaient en fait à coté de la ville. Il a parlé de ville nuage ...
O.Mangin a rappelé l'importance du langage (ville <-> métropole), le rapport à l'espace qui détermine une lutte pour la place et non plus une lutte des classes, que la mondialisation plaçait les villes dans un flux très important inter villes et qu'il devenait difficile sinon vain d'agir localement sur une ville au coeur du monde.
Il y a eu quelques questions pertinentes sur l'impact climatique sur la ville, la mixité urbaine, le devenir de la ville. Les réponses apportées ne m'ont pas satisfait car trop générales et catégoriques.
En fait les orateurs ont fait chacun à leur façon un constat de l'existant et ont laissé à croire que les villes allaient continuer à grossir vaille que vaille.
Du coup au final, je me suis dit que le débat avait manqué son but: définir quelques pistes du meilleur devenir des villes voire douter de l'accroissement perpétuel des métropoles.
2. J'aime suivre sur France2 l'émission "N'oubliez pas les paroles !". Pourquoi cela ?
Parce que les gens qui viennent chanter font preuve assez souvent d'une personnalité, d'une sensibilité, d'un charisme remarquable. Bien souvent leur prestation éclair d'un soir est nettement plus intéressante que celle d'un Hallyday ou d'un Bruel par exemple. J'admire ces gens inconnus médiatiques qui méritent largement d'être mieux connus.
Si je rapproche (ou oppose) ces deux expériences, j'en conclus que le débat sur l'avenir des villes eut été plus riche si on avait voulu impliquer dans la réflexion initiale chacun des auditeurs, et si chaque orateur s'était mué en directeur des études pour les auditeurs. Bien entendu, l'organisation du débat eut été plus délicate avec des risques possibles de dérive hors du contexte. De même l'agrégation des idées de tous les participants devenait chose complexe. Cela était pourtant possible, nous avons l'outil pour cela: il s'appelle démarche analytique (assez proche d'une démarche qualité); je vous en donne les grandes lignes:
1 Choisir le sujet (fait)
2.Poser le problème: Quel est l'avenir de la ville (défini)
3.Rechercher les évolutions possibles
4.Rechercher les causes de ces évolutions possibles
5.Trier, regrouper les causes possibles
6.Déterminer les causes les plus probables
7.Rapprocher les causes (voire une seule cause si discriminant) de chaque évolution possible
8.En déduire l'évolution la plus probable des villes
Si les points 1 et 2 voire 3 ont bien été traités, les points les plus importants 4 à 8 ont été complètement ignorés.
Dans le Marianne de cette semaine il y a un interview de BHL (Bernard Henri Levy), un soi disant philosophe réputé sur la place de Paris et dans le monde occidental. Aux questions précises des interviewers, BHL a, selon moi, très mal répondu et surtout fait preuve de plus d'affairisme que de réflexion philosophique. Je soupçonne que les interviewers aient voulu en fait, montrer le creux du personnage. Merci à Marianne pour la leçon !
Néanmoins il est fort regrettable que ce BHL fasse encore partie d'un cercle d'intellectuels qui ne pensent plus mais sont très heureux de nous signaler qu'ils ont côtoyé Mitterrand hier et côtoient Sarkozy aujourd'hui.
A l'avenir je suggère à Marianne d'interroger ses lecteurs sur tel ou tel sujet puis de faire la démarche analytique proposée plus haut. On s'apercevra alors sans aucun doute, qu'il y a un vivier d'intellectuels qui s'ignorent dans les lecteurs de l'hebdomadaire Marianne mais plus encore dans l'ensemble de la population française.
Casser le cercle vicieux des beaux parleurs ou écrivains renommés, voici une idée simple pour que notre société s'ouvre vraiment sur le monde réel.
Il en est de même dans la vie politique: casser le cercle des politi-quarts de tous bords et ouvrir la politique de façon paritaire à toutes les classes sociales du pays. Ne serait-il pas normal que les plus nombreux (les gens les moins aisés) soient mieux représentés que les moins nombreux (les plus riches) ?
Si vous désirez me répondre et ouvrir le débat, je suis partant !
Edité le:05/03/2019