La chaleur humaine

Je crois que ce qui rend la vie agréable, très agréable même, ce n’est pas la beauté de l’autre, ni son intelligence, ni le lieu et le cadre fut-il paradisiaque, l’important c’est la chaleur humaine !
Je ne pense pas au sexe et aux ébats les plus intenses !
Non, je crois que c’est la chaleur humaine de nos relations qui change tout, qui nous laisse un merveilleux souvenir et qui nous incite à retrouver les conditions d’échanges chaleureux.
J’ai plus de mille trois cent contacts dans mon agenda lequel s’est rempli au gré de mes divers déplacements professionnels ou personnels.
Un certain nombre d’entre eux ont déjà disparu car la vie de chacun de nous n’est pas éternelle.
La chaleur humaine est une notion vague, sujette à l’appréciation de chacun de nous.

Par exemple, je me souviens de Jean Pierre un copain de fac, un copain pour toujours ! Pourquoi ? Parce qu’avec lui j’avais, nous avions des discussions dans fin jusqu’à nulles heures dans sa chambre ou dans la mienne. Il pouvait parfois être pénible dans ses raisonnements et surtout dans son insistance à revenir longuement sur la même thématique ! Faut dire qu’il avait reçu son éducation principale chez des jésuites ; c’était un raisonneur de première ! Mais son œil allumé, sa façon de se bouger sur son siège, son engouement étaient pour moi une forme indéniable de cette chaleur humaine.

Je me souviens de cette jeune fille, Jacqueline, rencontrée il y a fort longtemps au CIATI de Toulouse. Elle n’était pas très jolie de visage mais svelte, la démarche souple, élégante. Elle était quelque peu réservée mais avait un sourire éclatant. Après le boulot, je l’ai invitée à venir dîner avec moi parce que je sentais cette chaleur humaine. Je l’ai emmenée dans un chic restaurant de l’époque, La Maréchale, si j’ai bonne mémoire. Nous avons discuté longuement, très longuement … Le courant de chaleur humaine passait intensément entre nous !

Je me souviens de ce cours dispensé pour la première fois à Clermont-Ferrand. Le premier matin, un lundi j’avais un trac incroyable ; j’avais la gorge sèche, l’impression de parler fort difficilement, je me sentais très mal, diminué, incapable de continuer plus longtemps. Puis est venu le moment de la pause, un soulagement pour moi. Lors du café pris en commun avec les jeunes femmes que j’étais venu former sur l’utilisation d’un logiciel, j’ai vu dans leurs yeux, j’ai senti cette chaleur humaine incroyable … qui m’a délivré de mon trac !

Je me souviens de Tarek, rencontré à Grasse, chez Degussa racheté par Cargill puis par Kerry ou l’inverse. Degussa était une société allemande qui créait des arômes artificiels. J’y allais dans le cadre d’un support technique sur le logiciel Uniface. Je travaillais essentiellement avec Tarek. Au delà du coté professionnel nous échangions sur notre vécu, sur nos préférences. Nous avons vraiment sympathisé parce qu’il y avait une chaleur humaine réciproque entre nous.

Je me souviens … de Pierre, des Claude, de Muriel, de Cédric, d’Anne, … tous ces membres de notre association politique ignymontaine ayant réussi en quelques mois à créer une liste électorale et à obtenir deux élus sur trente-neuf ! Ce n’est pas la piètre performance politique que je retiens ici, mais la chaleur humaine qui se dégage de ce groupe de personnes. Nos réunions ont toujours été pour moi un grand bonheur. Faut dire que nous avions la sagesse de nous remplir la panse et le gosier avant de discuter longuement !

Je ne parlerais pas ici de ma femme, de mes enfants, de mes proches qui sont dans ma bulle de chaleur humaine, bulle dont l’importance fluctue et qui peut même éclater parfois … Normal, comme chacun sait la chaleur ne se conserve guère ; il faut l’entretenir !
J’en oublie forcément beaucoup et c’est peut être mieux car je veux écrire un court article, pas un roman !
Je me crée encore aujourd’hui de nouvelles relations chaleureuses avec les voisins, avec des gens croisés au hasard des rencontres au restaurant, dans le bus, le métro, le tram, le train …
Tant que je pourrais trouver ainsi de la réelle chaleur humaine, je crois que je ne vieillirais pas !

Jean Pierre disait que ce qui régente ce monde, ce sont les trois F, soit le Fric, la Frousse, la Fesse !
Difficile de le contredire au vu des évènements récents, néanmoins quand je pense à la grande majorité des gens qui dirigent ce monde, j’imagine que la plupart d’entre eux manquent cruellement de cette chaleur humaine …
Et je veux croire que la chaleur humaine est seule capable de préserver l’humanité.

Edité le:12/01/2025