Les gens du nucléaire

Les gens qui travaillent dans le nucléaire sont intelligents.
Bien sûr ces gens qui ont fait carrière dans ce domaine, y croient et voudraient sans doute pour la plupart, poursuivre cette trajectoire.
Mais ces gens ont des enfants, des proches, des amis qui leur ont déjà dit leurs doutes sur l’industrie électro-nucléaire.

Les retards pris dans les récents projets tels l’EPR leur sont connus ; par leur formation d’ingénieurs de grandes écoles, ces gens savent très bien que ces retards énormes sont tout à fait anormaux et inquiétants.

Dans l’exploitation courante des réacteurs existants, ils connaissent les points faibles et veillent fort heureusement à y palier.
Ils sont conscients que toute la machinerie électro-nucléaire et ses auxiliaires vieillit et va coûter de plus en plus cher à sécuriser.
Même les centrifugeuses qui permettent l’enrichissement de l’uranium et qui consomment près de 10 % de la production électrique vieillissent aussi ; leur réparation ou leur remplacement devrait encore coûter beaucoup.

Les gens du nucléaire sont intelligents.

Ils savent que le MWh électro nucléaire issu des anciens réacteurs amortis ne coûte pas très cher (environ 50€ le MWh) mais que le MWh issu de l’EPR coûtera environ 150€ le MWh soit plus de deux fois le prix du MWh éolien !

Ils savent que l’éolien ou le photovoltaïque varient en fonction des éléments mais que le géothermique sous employé est lui, constant;
ils savent que le nucléaire est pilotable ; c’est à dire indépendant du vent ou du soleil mais néanmoins sujet à des arrêts d’exploitation normaux ou exceptionnels (rechargement, sécurisation sur incident, …).

Ils savent aussi le coût et les délais énormes de construction de nouveaux réacteurs.

Ils savent que l’approvisionnement en minerai d’uranium n’est pas garanti puisque extrait dans des pays comme le Niger, le Kazakhstan, la Russie … Point d’indépendance énergétique donc et même risque de concurrence et de conflit d’accès à cette ressource, surtout si tout le monde promeut l’électro-nucléaire.

Ils savent que la construction de nouvelles centrales est particulièrement énergivore et commence par émettre de grosses quantités de GES …

Ils savent tout ça, et ils sont intelligents ; alors pourquoi ne semblent-ils pas comprendre que l’avenir est ailleurs que dans l’électro-nucléaire ?
Changer de direction vraiment, est-ce donc si difficile ?


Notons, cependant, que nombre des jeunes ingénieurs formés par Polytechnique, semblent délaisser la filière électro-nucléaire.

Edité le:05/02/2024