Nuage ... sur le lait !

Nuage sur le lait ...

Le prix du litre de lait est soumis à la loi du marché. Quoi de plus normal pensent les libéraux ou ultra libéraux en économie. Néanmoins, les manifestations des producteurs de lait français et européens? qui contestent le prix d'achat du lait par les laiteries industrielles d'une part et le prix de vente de ce lait dans les rayons des supermarchés d'autre part montrent à l'évidence qu'il y a un grave problème. Et le fait que le lait importé d'Australie ou de Nouvelle Zélande soit meilleur marché que le lait produit en France ne fait qu'aggraver ce problème.

En effet, si on adopte le principe de l'économie libérale, il est légitime d'acheter le lait au prix le plus bas du marché sans se soucier des conséquences économiques pour les producteurs européens. Logiquement cet achat à bas prix devrait être répercuté sur le prix de vente au consommateur, ce qui n'est pas le cas. En soi, ce constat est grave puisqu'il est un deni de l'économie de marché et sa possibilité d'autorégulation.

Mais il y a plus grave; les producteurs de lait locaux vendent leur lait à perte ou bien ne vendent pas du tout leur lait. Ces producteurs sont donc acculés à déposer le bilan sous peu. Ce qui va générer une baisse de la quantité de lait disponible sur le marché et donc mener tôt ou tard à une certaine raréfaction de ce lait. Du coup, dans la logique économique libérale, le prix du lait va augmenter et la production de lait local redevenir plus rentable. Le marché aura donc autorégulé la quantité de lait. CQFD diront les ultra libéraux économiques.

Mais force est de constater que cette autorégulation est très négative voire destructrice. Pour le consommateur final, cela se traduit par une augmentation du prix du lait. Pour les producteurs, cela se traduit par de nombreuses faillites dans un premier temps puis par des créations nouvelles dans un deuxième temps. En fait, les financiers, une fois encore vont racheter à vil prix les petites unités de productions en faillite, faire le dos rond pendant la crise, puis réaliser une bonne opération lorsque le prix du lait va de nouveau être à la hausse.

Le marché ultra libéral aura ainsi appauvri un peu plus les consommateurs d'une part et supprimé de nombreux petits producteurs d'autre part dont de nombreux personnels se retrouverons au chômage.

Difficile d'admettre, dans ces conditions, que l'action auto régulatrice du marché ultra libéral est une bonne chose.

Par ailleurs, comment est-il possible que le lait en provenance de pays si lointains puisse concurrencer le lait produit localement ? Pour garantir la fraîcheur de ce lait transporté par bâteau, il faut sans doute des équipements frigorifiques couteux ou bien des transformation du lait comme la mise en poudre. Dans ces conditions, difficile d'admettre qu'il s'agit d'un lait comparable à celui qui vient d'être tiré de la vache laitière normande par exemple. Si le lait est importé par avion, sa fraicheur peut sans doute être garantie, mais à quel prix ?

Rappelons encore que la soi-disant surproduction de lait français ou européen est une assertion intolérable quand on sait la malnutrition de dixaines de millions d'enfants sur cette Terre.

Le prix d'un aliment, quel qu'il soit ne devrait jamais être déterminé, fixé par la loi de l'offre et de la demande au niveau planétaire. En effet il me semble naturel de faire en sorte que le prix de l'aliment soit toujours assez élevé pour permettre à son producteur de vivre de sa vente et cela sans subventions. Ceci implique, évidemment des prix plancher différents selon les conditions locales d'exploitation et selon les qualités de l'aliment. Ceci suppose également que les grands groupes agro-alimentaires puis les grandes surfaces acceptent le principe d'approvisionnement non pas selon le prix d'achat le plus bas mais selon une répartition qui privilégie l'achat local au dépend de l'achat à distance ou à grande distance. Par exemple, une laiterie industrielle est tenue d'acquérir au moins 50% de lait dans la région locale de production, au moins 85% dans le pays local (région inclue), et seulement 15% par importation.

En fait il s'agit de faire du commerce équitable et salutaire ... pour tous.

Pour cela, à mon humble niveau, je mettrai désormais ... un nuage de lait dans mon café (sans dosettes !).

Edité le:05/03/2019