L'année 2010 commence dans le froid; aujourd'hui encore il a neigé ! Néanmoins, je pense que l'année sera globalement fort chaude au moins sur le plan social. En effet les salariés français du groupe Total commencent à comprendre qu'ils détiennent un contre pouvoir et peuvent, peut être faire plier Christophe de Margerie à la solde des actionnaires de Total. En effet, pour une fois solidaires, ces salariés ne décolèrent pas suite à l'arrêt et la menace de fermeture de la raffinerie de Mardyck, près de Dunkerque.
Bien sûr tant la direction de Total que Madame Lagarde se veulent rassurants et laissent entendre à qui veut les écouter, que les français ne risquent pas la pénurie de pétrole ! De même L'Union Française des Industries Pétrolières chiffre entre 10 et 20 jours la durée de consommation sur les stocks de carburant des sociétés commerciales.
N'empêche que le gouvernement songe déjà à puiser dans sa réserve stratégique; celle ci correspond grosso modo à 100 jours de consommation du pays et cumule environ 18 millions de tonnes de pétrole et produits dérivés. Soit un magot d' environ 2 milliards d'euros.
Cette crise sociale est importante, puisque la grève des salariés des six raffineries du groupe Total est déclarée illimitée.
Certes Total n'est pas le seul distributeur de pétrole; il y a aussi BP par exemple. Pourtant le groupe ayant une part très importante du marché français, le risque de pénurie est réel. Grâce à cette crise on apprend par les journaux quelques détails sur l'organisation du système de distribution du pétrole en France:
Il y a 160 dépôts de carburants dans ce pays; 31 dépôts appartiennent à Total. 7 d'entre eux sont déjà bloqués en plus des 6 raffineries du groupe.
Il est probable que sur les 160-31 = 129 dépôts n'appartenant pas à Total, un grand nombre d'entre eux soient alimentés par des raffineries Total, donc en risque de pénurie avéré. Par ailleurs Total alimente 4900 stations services.
Cette grève démarre pendant les vacances scolaires d'hiver, donc sur une période correspondant à un pic de consommation tant sur le plan routier que sur le plan électrique. En effet, EDF et autres fournisseurs d'électricité consomment du pétrole pour faire tourner les centrales thermiques lors des pointes du soir et du matin de journée.
Enfin certaines régions de France sont entièrement dépendantes de Total; c'est le cas de la région lyonnaise et de l'Ouest; on peut donc penser que la vallée du Rhône, la Savoie et même une partie de la région parisienne soient touchés.
Si les salariés maintiennent leur grève au moins 15 jours, ce qui n'est pas déraisonnable, la France va vivre un scénario grandeur réelle de ce qui se passe en cas de pénurie de pétrole. Chacun de nous est plus ou moins dépendant de cette énergie; chacun de nous va sans doute souffrir et pester contre les grévistes de Total.
Pour ma part j'y vois surtout une chance: la chance de mesurer l'impact de cette pénurie sur tout notre système économique, nos transports, nos modes de chauffage, notre mode de production électrique, nos habitudes de consommation. Si cette grève dure assez longtemps, les français vont, je l'espère, comprendre qu'il faut d'ores et déjà réorganiser tout notre système économique avant que le pétrole devienne rare, encore plus polluant et cher. Il faut le faire pendant que ce produit est encore suffisamment disponible et relativement bon marché; ainsi, aujourd'hui, disposons nous d'une marge de manoeuvre, et de moyens financiers pour réorienter notre système économique. Demain, le nez au mur, la réorientation sera très douloureuse.
Alors je souhaite vivement, même si je dois en subir les conséquences:
- que les grévistes tiennent bon !
- que les médias alarment les français au lieu de les rassurer,
- que les décideurs arrêtent de faire le profit des actionnaires,
- que les décideurs prennent des décisions stratégiques dans l'intérêt de l'humanité
- que les consommateurs diminuent leur consommation énergétique ou du moins la réorientent vers le renouvelable.
- que les politiques qui sont toujours à la traîne par rapport à la réalité, accompagnent enfin cette nouvelle donne éconologique !
Edité le:05/03/2019