Ils veulent piller EDF !

Le Figaro titre: Concurrence : EDF impose ses conditions

Le projet de loi de libéralisation de l'électricité semble de plus en plus favorable au grand public.
Depuis plusieurs semaines, toute la filière énergétique en France vit au rythme de l'avancée du projet de loi dédié à la nouvelle organisation du marché de l'électricité, dite loi Nome. Son objectif ? Encourager la concurrence, à travers la cession par EDF d'une quantité importante, et surtout à des prix attractifs, de son énergie d'origine nucléaire. La trajectoire vient brutalement de s'accélérer, puisque le texte vient d'être transmis au Conseil d'État.

Le dossier est crucial et cristallise bien des tensions . À peine arrivé à la tête d'EDF, son nouveau président, Henri Proglio, a d'ailleurs fait part de sa très vive opposition au projet de loi. Pas question pour lui que l'entreprise publique «subventionne» les autres opérateurs. Mais François Fillon, qui s'était engagé par écrit auprès de Bruxelles en faveur d'une concurrence accrue sur le marché français, a tenu bon.

Après l'examen par le Conseil d'État, le texte devrait être présenté en Conseil des ministres en avril, puis arriver devant le Parlement pour un vote avant l'été. Toutefois, la loi ne sera pas appliquée avant le 1erjanvier 2011: dans l'intervalle, des arrêtés viendront étayer le dispositif.

EDF devra mettre à disposition de ses concurrents environ un quart de sa production d'origine nucléaire soit 20% de l'électricité produite en France. À quel prix? Toute la question est là.

Pour les fournisseurs alternatifs, ce prix doit absolument être compétitif, sous peine de rendre caduque la réforme. Autrement dit, cet «accès régulé à la base» que va permettre EDF doit, selon eux, correspondre à la part de la production nucléaire dans les prix réglementés de l'électricité. Celle-ci s'élève aujourd'hui à environ à 34euros le mégawattheure.

En revanche, d'après EDF, le prix retenu doit aussi intégrer les investissements nécessaires à l'entretien et au développement de son parc de centrales. Et par conséquent être fixé à un niveau plus élevé.

Après ses tout derniers échanges avec les pouvoirs publics, l'opérateur historique semble avoir été entendu. Le prix de cession pourrait être supérieur à 40euros le mégawattheure. Même si les discussions vont se poursuivre et si la loi n'établit que les grands principes de la réforme sans fixer précisément les prix, EDF s'en tire plutôt bien. Des experts ont déjà fait les calculs: à partir de 38euros le mégawattheure, la nouvelle organisation du marché de l'électricité s'avère profitable pour l'entreprise publique.


Ou l'art de présenter le pillage d'une entreprise publique par des sociétés privées comme une avancée dans le libéralisme, soit disant dans l'intérêt des consommateurs !

Ou encore comment les médias qui relaient le privé et l'UMP qui sert leurs intérêts, nous prennent pour des ânes bâtés !


Allez, il faut que j'essaie au mieux de vous expliquer où est la supercherie.
Les distributeurs privés d'électricité veulent vendre de l'électricité à un meilleur prix qu'EDF.

Avant même de vendre cette électricité, il faut la produire. Pour la produire il faut investir, ce qui coûte fort cher; le retour sur investissement est long: plusieurs années voire dizaine d'années. Sans compter qu'il faut aussi distribuer cette électricité, c'est à dire construire des lignes électriques privées. Ce qui est un non sens car le réseau doit être partagé par tous les producteurs. On a donc créé le RTE (Réseau de transport de l'électricité). Tous les producteurs, y compris EDF payent un service de transport de l'électricité. Dans ces conditions, vendre de l'électricité privée et faire du bénéfice est une gageure !

Du coup, les sociétés privées, par lobbying sur les parlementaires européens de Bruxelles ont trouvé une parade: le producteur public EDF devra réserver et fournir aux privés 25% de son électricité d'origine nucléaire, celle qui coûte le moins cher. Ces sociétés privées voudraient donc qu'EDF leur livrent une partie de sa production à un prix suffisamment bas pour qu'elles puissent la revendre aux consommateurs à un prix de marché compétitif.

Cela revient à dire que les sociétés privées ne permettent plus à EDF de faire du bénéfice sur un quart de sa production électrique nucléaire ! Soit une perte de profit pour EDF de 25% sur la partie nucléaire, sans doute la plus rentable et donc plus de 20% de perte de profit sur l'ensemble de la production électrique.

C'est un véritable scandale, car EDF devra forcément augmenter ses prix pour retrouver un bénéfice correct et nécessaire à ses investissements. De plus, pour éviter de payer des indemnités aux privés, EDF les fournira en priorité; du coup, on peut s'attendre à ce que le consommateur lambda subisse plus souvent des coupures d'électricité. Avec un effet pervers, être fourni par une société privée deviendrais plus fiable !

Monsieur Proglio, qui vient du privé a très bien compris ces enjeux.

Monsieur Fillon, Fifi pour les intimes, n'a rien compris du tout ou bien s'est laissé corrompre par le lobbying des sociétés privées.

J'espère que Monsieur Proglio va tenir bon. J'espère aussi que les personnels EDF sauront manifester vivement leur mécontentement et s'opposer à ce pillage.

Je voudrais espérer que nous petits consommateurs sommes en mesure de soutenir notre producteur national et de refuser de prendre des abonnements auprès de privés mercantis !


Edité le:05/03/2019