L'eau potable est distribuée par un réseau de tuyaux jusqu'à toute habitation.
Chacun de nous trouve normal d'utiliser cette eau pour tous usages. Pourtant est il bien raisonnable d'utiliser de l'eau potable pour rincer nos toilettes ?

Rappel historique
Initialement, dans les campagnes, les gens creusaient un puits assez profond pour atteindre la nappe phréatique la plus proche de la surface; un trou d'une dizaine de mètres environ suffisait généralement. Un seau lié au bout d'une corde permettait de récupérer une eau à priori potable. Une analyse de potabilité était parfois effectuée. Les gens prenaient parfois la précaution de faire bouillir cette eau avant de la boire. Avec l'avénement de la pompe électrique et des techniques de filtration de l'eau, il devint encore plus facile d'extraire de l'eau potable pour chaque habitant de la campagne.
Mais dans les villes, la chose est bien moins aisée. La technique du puits était mal adaptée à l'usage du plus grand nombre. La nappe phréatique n'était pas toujours facile d'accès. L'eau extraite avait beaucoup plus de risques d'être polluée et donc d'être non potable. Remonter de l'eau dans les étages des immeubles à la main n'est guère satisfaisant.
Des régies locales ou des entreprises eurent donc l'idée d'apporter l'eau potable à tous les étages par un réseau de tuyaux raccordés à un château d'eau situé en hauteur. L'alimentation en eau de ce château d'eau fut contrôlée de manière à s'assurer de sa potabilité. Progrès indéniable.
Ces régies ou entreprises s'étendirent rapidement aux campagnes à la fois pour des raisons de commodité et des raisons commerciales car l'eau distribuée n'était plus gratuite !
En parallèle, il devint nécessaire de concevoir un réseau d'évacuation des eaux utilisées, en priorité dans les villes puis beaucoup plus tard dans les villages de campagne. On remplaçat ainsi les rigoles et les fossés par de gros tuyaux et égouts. Ce faisant on contenait mieux les mauvaises odeurs.
Du coup, l'utilisation de l'eau devenait facile pour tous et son usage se généralisait à tous les domaines, même ceux où sa potabilité n'est pas requise. C'est ainsi que le nettoyage des rues, les bornes d'incendie, les WC des villes puis des campagnes utilisèrent l'eau potable. De même l'irrigation ne nécessite pas forcément de l'eau potable.

Le problème de l'eau d'adduction
Aucun homme politique, aucun grand manager ne vit venir cette forme de gâchis de l'eau potable. Il eut fallu créer dès le départ, deux réseaux de distribution: un réseau d'eau potable et un réseau d'eau non potable. Ainsi eut il été facile de réserver l'eau potable à la boisson, à la cuisson des aliments, à la toilette. Ainsi eut il été plus rationnel de réserver l'eau non potable aux autres usages.
Bien sûr, la présence de deux réseaux distincts présente le risque de confusion entre eau potable ou non. Mais une prise en compte dès le début de cette importante distinction, eut été comprise par la population. On peut considérer que Louis XIV et son château de Versailles abondamment pourvu en eau, est un précurseur du gâchis de l'eau.
Aujourd'hui, mondialement, nous sommes confrontés au problème: l'eau potable devient rare compte tenu du réchauffement climatique, de l'accroissement de la population et de la multiplicité des usages de l'eau. Certains, conscients du problème installent des citernes à eau de pluie et utilisent l'eau récupérée pour l'arrosage voire même pour les WC. Cette action va dans le sens d'une meilleure utilisation de l'eau.
Mais l'entreprise de distribution de l'eau facture à la fois la fourniture d'eau potable et son traitement après rejet dans le circuit d'eau usées. Pour ce faire un compteur d'eau potable est installé chez chaque usager. Du coup, le citoyen qui récupère de l'eau de pluie échappe à la facturation correspondante de l'eau usée qu'il rejette ! Et l'entreprise de distribution d'eau fait la chasse à ces usagers vertueux au regard de l'usage de l'eau !

Comment notre parlement français peut il bien légiférer sur l'usage de l'eau dans l'intérêt général de l'humanité ?

Proposition: séparer le prix de l'eau distribuée du prix de traitement des eaux usées; facile à dire, plus difficile à faire. Le compteur d'eau permet de factuer la fourniture d'eau. Par contre la facturation du traitement de l'eau qui résulte essentiellement de l'usage des WC à chasse d'eau serait facturé forfaitairement au nombre d'habitants voire à l'âge de ces habitants. En séparant ainsi la facturation d'usage de l'eau on pourrait relever le prix de fourniture afin de dissuader d'un usage important de l'eau potable. La facturation du traitement de l'eau au nombre d'habitants du logement serait déterminée de telle sorte que la somme des coûts de distribution et la somme des coûts de traitement soit la même que dans le système de facturation actuel.