A Isabelle de Carvin,

Jeune femme qui m'accueillait bien chaque jour,
Je veux vous faire un petit plaisir personnel,
Vous écrire combien je vous ai trouvé belle;
Je pense garder votre souvenir toujours.

J'eusse aimé avoir vécu beaucoup moins de jours
Pour avoir une chance de vous conquérir,
De réveiller en vous les plus ardents désirs,
Et vous faire un peu, beaucoup, assidûment ma cour.

Ne croyez pas que je sois un vieux Don Juan
Sur le retour, une espèce d'affreux dragueur.
Non pas ! Je veux louer votre grande fraîcheur,
Et faire honneur modestement à vos vingt ans.

J'ai admiré... partiellement, vos toilettes
Très colorées avec une dominante noire
Qui met en relief votre peau ivoire
Et allonge encore plus votre silhouette.

J'ai aimé vos lèvres d'un rouge cerise;
Elles indiquent un appétit de vivre très fort,
Qui n'interdit pas la recherche de confort
Pourvu que votre corps tout entier se grise !

J'ai apprécié votre extrême vivacité,
Votre sens naturel de l'initiative,
Une vraie intelligence intuitive
Qui ajoutent encore à votre grande beauté.

Acceptez donc mon petit cadeau sans rougir;
Bien sûr il reste quelque peu intéressé,
Puisque dans mon coeur naît le désir insensé
De nous fabriquer comme un commun souvenir.

J'ai amené avec moi un peu de soleil ...
Mais ce n'est rien à coté du réel plaisir
Que vous me faites sans rien avoir à dire,
Juste à être vous même sans pareille.