"Il nous faut rebâtir complètement une société humaine où la compétition sera éliminée. Je n'ai pas à être plus fort que l'autre, j'ai à être plus fort que moi grâce à l'autre"
Professeur Albert JACQUARD.
La compétition : est-ce un trait de la nature humaine ?
Gamins déjà nous avons tendance à entrer en compétition avec les autres, sans doute une façon de nous affirmer et d’apprendre à vivre une première épreuve d’ego. Plus tard, ados, nous rivaliserons afin de conquérir les faveurs d’une belle fille ou d’un beau gosse selon nos affinités sexuelles.
A l’âge adulte, certains d’entre nous placerons cette compétition entre les hommes au coeur de leurs projets, projets très divers de réussite sociale, de renommée, de richesse, etc …
Cette tendance à entrer en compétition est-elle innée ou acquise par notre éducation et notre développement au sein de la société dans laquelle nous vivons ?
Répondre honnêtement à cette question est essentiel !
La compétition entre jeunes enfants semble innée dans la mesure où l’environnement social n’a pas encore pesé lourdement sur leur développement. Est-ce bien sûr ? Au contraire, depuis leur plus jeune âge, les enfants ne sont-ils pas influencés fortement par leurs parents et tous ceux qui les côtoient ?
Dans les principes d’éducation et les règles de vie qu’on leur prodigue, n’y a t il pas en sous entendu de l’encouragement à la compétition ? Par exemple quand on incite un enfant à manger proprement, n’est-ce pas pour qu’il soit accepté et respecté dans la société ? Ce faisant, implicitement, on donne à cet enfant un bagage social afin de ne pas gâcher ses possibilités de s’affirmer au mieux dans la société, donc d’être un bon futur compétiteur !
Quand on lui impose de respecter des horaires pour toute activité, c’est pour bien vivre ensemble en famille ou en collectivité. Utile, normal semble-t-il ! Ici encore, on contraint le jeune homme à respecter assez strictement les usages de temps de notre société, contrainte que l’on admet sans trop se poser la question. Or, cette contrainte temporelle est fort stricte et elle signifie à contrario que toutes nos activités sont programmées et obligatoires presque chaque jour. Dans cette considération, même les loisirs deviennent alors contraints et sont alors assimilables à un travail utile pour la société.
Or, le travail utile à la société est le plus souvent une activité économique voire mercantile dans laquelle la compétition est la règle. L’activité économique est basée sur la vente d’un objet ou d’un service au meilleur prix possible. Pour se bien vendre cet objet ou se service doit plaire à l’acheteur. Il doit donc être le plus beau, le plus plaisant, le plus désirable ! De plus, la publicité faite de cet objet ou de ce service embellit la chose, suscite le désir d’acquérir de façon plus ou moins honnête d’ailleurs … Clairement, nous formons nos enfants pour qu’ils soient les plus compétitifs dans ce marché économique mondial !
Nous pourrions développer bien d’autres thèmes qui montrent que la compétition est sous-jacente.
La compétition entre les gens n’est pas innée ou fort peu. Par contre, la société dans laquelle nous vivons nous apprend et nous encourage à devenir compétitifs.
Cette orientation de notre modèle de société présente de graves inconvénients. Sur le plan économique les entreprises sont en guerre. C’est à qui s’affirmera le plus vite et bouffera les autres !
Et pour produire beaucoup, il faut des matières et des matériaux extraits du sol, il faut de l’énergie, il faut des routes terrestres, ferroviaires, navales, aériennes et des infrastructures de plus en plus gigantesques. Toute cette suractivité détruit la biodiversité, pollue l’eau vitale et l’air que nous respirons, c’est à dire altère sans cesse cet environnement naturel support de nos vies.
C’est pourquoi, comme le dit fort bien le Professeur Jacquard, il faut d’urgence rebâtir une société humaine et sans compétition.
Mais comment faire, vu que ceux qui ont le pouvoir économique ne semblent pas enclins à changer un modèle qui leur rapporte beaucoup ?
Mais comment faire, vu qu’ils manipulent la plupart des hommes politiques plus intéressés par leur position sociale, leur gloriole et les avantages financiers ?
Mais comment faire, vu qu’ils sont propriétaires des grands médias et sont en mesure d’influencer les gens ?
Nous pouvons comparer le marché économique mondial actuel à une vieille maladie qui a fait des ravages autrefois, la peste !
Et comme l’a montré Albert Camus dans son célèbre roman, le salut vient de la révolte. Il faut que nous braves gens qui subissons la peste économique, nous révoltons ! Pas dans quelques dizaines d’années comme les mauvais projets de lutte contre le réchauffement climatique, mais aujourd’hui même !
Peut-être faut-il relire « La peste » pour trouver les ressorts de cette révolte ?
Pourquoi pas ! Mais, il nous faut voir que cette révolte a déjà commencé, initialisée comme toujours par les plus courageux et les plus résistants au marché spéculatif mondial. Des révoltés on en trouve dans tous les domaines :
Dans l’agriculture, où de jeunes agriculteurs/éleveurs abandonnent la culture/élevage intensif et le combattent par la renaissance de fermes diversifiées et la création des amap, ce contrat entre consom-acteur et producteur agricole.
Dans l’urbanisation, où des gens soit fuient les grandes villes, soit font revivre la nature au sein des villes ; ces gens ont compris qu’il fallait rendre les villes, les territoires moins dépendants du monde entier, plus autonomes, plus résilients, plus humains.
Dans l’activité. L’entreprise se doit de produire utile et prioritairement local. Il faut assurer les moyens vitaux (alimentation, habillement, logement) avec les moyens du bord à chaque fois que possible. Les échanges à courte et moyenne distance sont privilégiés aux dépens des grands échanges internationaux qui restent possibles mais minoritaires.
Dans les loisirs, le local et la convivialité seront la règle. Les gens préfèrent se réunir dans une petite salle de cinéma/théâtre/sport multifonctionnelle au lieu de visualiser une série sur le smartphone. Le sport de compétition national ou international est abandonné au profit de sport utile à la santé et de petites compétitions/animations ouvertes et gratuites.
Dans les télécommunications, les débits sont volontairement limités et le type des télécommunications ciblés sur l’essentiel, l’humain et le bidirectionnel. Abandon du broadcast de spams et sms/mms.
Dans les transports, le vélo même sans assistance électrique revient en force car les longs déplacements rapides sont très rares, le volume des marchandises transportées bien plus faible.
Des révoltés, il n’y en a pas encore assez pour changer ce monde. S’indigner ne suffit pas !
Révoltez vous ! Rejoignez ceux qui vont construire ce monde humain !