14 Centralisation ou relocalisation, Mégapoles et territoires
Les hommes politiques ainsi que les financiers optent naturellement pour l'hyper centralisation. Ils glorifient les mégapoles ou même les super mégapoles qui seraient selon eux des exemples à suivre. Ils pensent que ces lieux de concentration humaine sont propices au développement de l'économie de marché, ce qui est sans doute vrai. Ils croient que la mise en concurrence des entreprises dans le monde entier est bénéfique pour tous, ce qui est vrai pour eux mais pas pour tout le monde. Ils vont même jusqu'à établir des comparaisons entre les mégapoles et les activités de ces mégapoles.
Ainsi, osent ils tenter de classer les universités du monde entier ! Je pense que ce classement touche au ridicule car chaque territoire de ce monde a ses spécificités humaines, culturelles, historiques, … et tenter de faire une classification universelle, c'est ignorer ces caractères locaux et ne comptabiliser que des caractères communs par exemple purement économiques.
Qui peut prétendre qu'une université ou une école dispense des cours de qualité en omettant volontairement les spécificités locales ? Les partisans de l'économie libérale sans doute ! Et pourtant chaque université ou autre organisme de formation implanté dans un territoire peut sans aucun doute délivrer une formation plus ou moins spécifique de l'endroit et à priori de bonne voire de très bonne qualité.
Par ailleurs, remarquons qu'une meilleure répartition sur tout le territoire français, européen, mondial présente des avantages certains pour chaque étudiant, chaque chercheur, chaque enseignant : en effet une répartition en petites unités sur l'ensemble d'un territoire réduit les temps de trajet de chacun, crée une synergie locale qui permet le développement d'autres activités, crée les conditions d'une plus grande multi-fonctionnalité territoriale.
Concentrer des étudiants, des chercheurs et des enseignants en un même lieu de concentration exacerbe la concurrence et crée les conditions d'une plus grande spéculation foncière et donc détruit de terres agricoles nourricières. Cette concentration exige le développement de transports de plus en plus rapides qu'ils soient collectifs ou individuels. Ceci est évidemment contraire aux principes validés, au Bourget, lors de la COP 21 ! Enfin, dois je faire remarquer que le milieu universitaire est à l'origine d'une utilisation massive d'internet et que les universitaires n'ont point besoin de s'entasser dans des clapiers, fussent ils de luxe, pour bien communiquer ?
Les mégapoles combinées avec les transports rapides de personnes et de biens autorisent les grosses sociétés à centraliser leurs cadres dans une seule entité de l'entreprise. Ainsi les cadres parisiens peuvent ils essaimer dans toute la France, voire plus loin grâce aux moyens de transport rapides et grâce à des télécommunications au flux de plus en plus importants. Cette disposition est néfaste pour les autres territoires de France et d'ailleurs. Certes les agglomérations de Lille, de Nantes, de Lyon, de Marseille, de Toulouse ou de Bordeaux tentent de fixer leurs cadres et d'apporter les conditions d'un développement économique régional. Néanmoins, la fuite de cadres vers la mégapole parisienne, nuit à l'équilibre entre toutes ces régions. Et de façon plus large, toute agglomération d'importance nuit au développement harmonieux des territoires locaux. On assiste régulièrement à la désertification des campagnes et à la densification des grandes agglomérations. Même si, quelques français éclairés et capables de se libérer des contraintes , retournent au monde rural, nos hommes politiques, pour la plupart fort âgés, continuent de promouvoir le modèle mégapolistique (comme dirait Dali ?) !
Ce modèle est suicidaire : en effet, il nous éloigne de plus en plus de la nature, de notre être profond et nous rend donc de plus en plus incapables de survivre en cas de difficultés. Nous trouvons normal d'aller au supermarché, voire de commander sur internet notre nourriture. Nous devenons inaptes à cultiver le moindre bout de terrain. Et qui plus est, nous mettons une forte pression concurrentielle sur tous les agriculteurs/éleveurs de notre pays et du monde entier. De ce fait, ceux-ci sont enclins à automatiser de plus en plus leurs exploitations, espérant ainsi réduire les coûts. Du coup, le monde agricole s'industrialise et se financiarise. Il s'éloigne donc lui aussi, de méthodes de culture ou d'élevage plus naturelles. Qui peut justifier les énormes entrepôts de poulets, de cochons, de vaches qui dénient la sensibilité des animaux ? Qui rendent aussi le travail rural inhumain !
Les subventions accordées à ces agriculteurs/éleveurs par l'Europe sont un vrai problème : soit elles ont insuffisantes pour la rentabilité d'une exploitation européenne, soit elles sont trop importantes dans la mesure où elles entraînent une concurrence déloyale avec les agriculteurs/cultivateurs du monde entier.Faut il supprimer toute compétitivité ?
Sûrement pas, impossible au vu de la nature humaine. Pourtant la compétitivité voulue par les entreprises, les médias qui les relaient benoîtement, les hommes politiques qui les écoutent (sans analyse et recul), est suicidaire. En effet, le plus compétitif s'impose sur le marché … aux dépens de tous les autres. En gros, on peut affirmer que la compétition c'est le jack pot pour le vainqueur, mais c'est aussi la mort assurée (à petit feu) pour tous les autres. Ce vainqueur tente bien sûr, d'accroître ses ventes, son marché comme on dit et donc de s'étendre sur un plus grand territoire, concurrençant ainsi d'autres entreprises plus lointaines. A ce jeu, il gagne ou perd au profit d'un plus fort. Remarquons que ce jeu fait de plus en plus d'entreprises moribondes et tend vers le monopole de très grosses entreprises.
Il faut donc limiter le territoire d’influence des entreprises et les effets de la concurrence. Autant une concurrence locale et à armes égales, sur un petit territoire, peut se comprendre, autant il est anormal que les produits manufacturés de l'Orient ou les aliments venant de pays lointains concurrencent nos industries et exploitations locales. On peut tenter de réduire quelque peu cette concurrence à tout va par des taxes d'importation. Malheureusement, ce moyen n'est possible que si nous n'avons pas un besoin ineffable de ces produits importés. De plus les pays exportateurs ne manqueraient pas de mettre en place des taxes similaires sur les produits que nous souhaitons exporter. Enfin, il y a le libre arbitre de chacun dans la fixation du taux des taxes qui n'est borné que par des règles de concurrence … qui n'existent pas. Le grand marché mondial, c'est la loi du plus fort économiquement et sans aucune considération humanitaire. Le système de la taxation a déjà été utilisé par le passé, sans succès.
Et si on essayait de mettre en place une taxation au CO2 qui soit assez forte pour faire en sorte que plus le produit importé est lointain, plus la taxe est élevée. Cette forme de taxe présente plusieurs avantages :
1) elle sanctionne tous ceux qui directement ou indirectement, via les transports, génèrent ces gaz à effet de serre qui déséquilibrent le climat.
2) elle est de nature universelle et son application ne favorise pas tel ou tel.
3) elle favorise les entreprises/exploitations qui délivrent des biens, services ou aliments vendus localement.
Si une entreprise se développe bien localement et envisage d'élargir son marché, c'est toujours possible mais la taxation CO2 rend sa tache plus difficile.