11 Nationalisation, privatisation, réseaux
Nationaliser ou privatiser ?
On entend souvent dire que la nationalisation coûte à l’État et donc à ses contribuables. Du coup, nombre de décisions politiques tendent au contraire à privatiser soit disant dans l'objectif de faire supporter moins de coûts sous forme d'impôts ou de taxes au contribuable. De plus, la privatisation engendre une rentrée immédiate d'argent dans les caisses de l’État. Néanmoins, même si les impôts ou taxes baissent grâce à la privatisation, il n'est pas sûr que le contribuable soit gagnant, car il paie cette fois les services rendus par l'entreprise privée. Comme cette entreprise privée se doit de faire du bénéfice tant pour sa survie que pour retourner des dividendes à ses actionnaires, il est fréquent que le contribuable usager du service enregistre un surcoût par rapport à la nationalisation.
Pire encore, il est avéré que nombre d'entreprises privées, soit délocalisent leur activité, soit automatisent au maximum et privent donc le pays d'un certain nombre d'emplois ; mêmes des entreprises partiellement nationalisées, délocalisent (industrie automobile par exemple) !
Le chômage engendré par la recherche de compétitivité des entreprises est un phénomène social néfaste à la cohésion de la société. Les effets de ce chômage sont minimisés par des subventions et aides d’État lesquels soit augmentent les impôts et taxes, soit mettent à contribution les entreprises … Cercle vicieux qui profite sans doute aux actionnaires mais augmente encore le surcoût pour le contribuable, devenu client forcé des entreprises privées.
La privatisation mais aussi certaines nationalisations (Sncf, Edf) a pour conséquence de ne faire payer le service rendu qu'à ceux qui l'utilisent. D'aucuns considèrent que cela est plus juste. Est ce bien sûr ? Par exemple, la création de lignes ferrées à grande vitesse bénéficient surtout à ceux qui ont les moyens de les emprunter : les plus aisés ou encore les cadres d'entreprises ou d'administrations. Est-il équitable et juste que le réseau ferré à grande vitesse ne profite réellement qu'à un faible pourcentage de la population du pays ? Par ailleurs, la recherche de performance justifiant le prix implique de ne desservir que les grandes agglomérations et de concourir à la désertification du reste du territoire. Est ce un objectif raisonnable ? Enfin le cas de la SNCF dont l’État est actionnaire est bâtard : en effet la SNCF a du emprunter lourdement pour construire son réseau à grande vitesse ; cet emprunt lourd a eu pour conséquence un manque d'entretien et un sous développement du réseau à vitesse normale. Indirectement la politique LGV réservée à une minorité d'usagers a lésé le plus grand nombre des usagers du chemin de fer. N'est ce pas un déni du service rendu ?
On voit bien que la privatisation complète ou partielle de certaines activités et tout particulièrement celles qui concernent les réseaux, n'est pas forcément la panacée, loin s'en faut. On comprend également que certaines sociétés nationalisées ont des pratiques commerciales du privé. Ces sociétés ne sont pas réellement nationalisées.
L'intérêt majeur de la nationalisation réelle réside dans le fait qu'aucun dividende n'est versé à aucun actionnaire. Le coût des services rendus par l'entreprise réellement nationalisée sont payés par l’État ; ce coût comprend les charges de personnel, l'investissement initial, les charges de réparation et d’entretien. Et cette dépense est compensée par une recette sous forme d'imposition de tous les citoyens du territoire concerné. Pour une mairie, sont concernés tous les résidents de la commune ; pour le transport ferré national, sont concernés tous les habitants du pays et même les habitants de pays voisins qui traversent le territoire national. L'impôt prélevé sur tous les citoyens et toutes les entreprises constitue l'ensemble des recettes de chaque entreprise nationalisée. Le service rendu est donc en apparence gratuit pour tout usager.
Développement de l’exemple du transport ferroviaire
Les habitants de pays voisins ne paient pas d'impôt dans notre pays et on pourrait être tenté de leur facturer le service rendu à l'unité pour ces usagers de services nationalisés. De façon générale, facturer un service de type transport selon la distance, le type de transport plus ou moins rapide, la classe, le taux de remplissage du moyen de transport, … complique énormément la tâche et n'est possible que grâce à une armada de gros calculateurs, une infrastructure importante, beaucoup de personnel pour déterminer les tarifs ou vendre les billets. Est il vraiment nécessaire de mettre en place un tel système, hyper compliqué, si tous les citoyens ont droit à l'usage du transport qu'ils 'paient' en fait sous forme d'impôt ?
N'est il pas acceptable de laisser voyager gratuitement tout le monde y compris les habitants de pays voisins qui renforcent l'économie touristique de notre pays ?
On supprime ainsi le système de marketing et vente des billets qui mobilise beaucoup de personnel non roulant. On peut utiliser ce personnel pour renforcer le contrôle d'accès aux trains de façon à limiter au tolérable les voyageurs assis ou présents en rame, ainsi que pour éviter quelques violences ou vols.
Tout le monde peut prendre les transports en commun à tout moment sans autre contrainte que le taux de remplissage. Tout le monde paie des impôts pour ces transports en commun qu'il utilise ou pas. Un bon moyen d'inciter les gens à utiliser ces transports en commun plutôt que les transports individuels bien plus polluants et énergivores !
Il semble bien que la nationalisation réelle d'activités ait de grands avantages trop méconnus ou volontairement méprisés par les capitalistes libéraux et par les hommes politiques qui les écoutent.
Remarque 1 : Il est vrai qu'il est difficile de revenir à la nationalisation quand la privatisation et la marchandisation ont créé un grand nombre d'emplois tertiaires qui contribuent un peu à la limitation du chômage. Mais sous l'angle du respect de l'individu et de l'environnement, il faut bien reconnaître que ces emplois ne sont pas valorisants et qu'ils n'apportent rien aux usagers, qu'ils sont parfaitement inutiles à la fonction première du transport. Pire encore, ils nécessitent des matériels et des processus qui pillent et polluent notre environnement.
Remarque 2 : Le risque de plus de chômage si transport gratuit, devrait s’estomper si les entreprises respectent les 3 règles vues plus haut à savoir : réelle utilité humanitaire, pollution environnementale faible ou nulle, non compétitivité abusive. En effet le respect de ces règles devrait créer de nombreux emplois de part moins d’automatisation, meilleure répartition de petites entreprises sur tout le territoire.
Edité le:05/03/2019