En ce temps là ...

En ce temps là, les couples se formaient par relations de voisinage ou familiales. Le mariage était célébré à la fois devant le maire et le curé. Une fois la cérémonie passée, le couple débutait son histoire. L’homme marié était le seul à travailler et percevoir un salaire permettant au couple de subsister. Le premier enfant arrivait très vite quand il n’avait pas été conçu avant mariage.
Il fallait subvenir aux besoins et se répartir les tâches.
L’homme travaillait à l’atelier, au magasin ou à l’usine durant 45 heures par semaine. Il y allait en vélo. Avec la paie du mari, le couple pouvait payer le loyer, les charges, acheter la nourriture, les vêtements, les ustensiles ou meubles utiles et nécessaires.
La femme se chargeait du ménage et de la cuisine ainsi que d ‘élever les enfants. Elle aussi utilisait son vélo pour conduire les petits à la maternelle ou pour faire les courses.
Le soir, après son boulot, l’homme cultivait quelques légumes au jardin. Il élevait quelques lapins qu’on mangerait dès qu’ils seront suffisamment grossis.
Leurs vacances, c’était rendre visite à des parents proches ou éloignés. Et quand c’était loin on prenait le train et le bus.
Ce couple n’était pas très riche mais il vivait bien et plutôt sainement. Il n’y avait pratiquement pas de chômage.
Ce temps là, se situe entre 1945 et 1955 environ. C’était la vie de mes parents.

Depuis 1970 jusqu’à aujourd’hui, le schéma du ménage commun n’est plus le même. Les gens ont de multiples occasions de se connaître et de fonder un couple plus ou moins durable.
Dans un couple, les deux protagonistes travaillent. Il paraît que c’est nécessaire à l’épanouissement social de chacun. C’est surtout une obligation pour que ce couple ait suffisamment de ressources pour s’acheter logement, voiture, mobiliers, nourriture, se payer le cinéma ou le concert, partir en vacances chaque année au moins une fois par an.
Chacun d’eux travaille 35 heures par semaine. Ils doivent confier la garde des enfants et le ménage à des tiers qu’ils rémunèrent. Leur vie est trépidante, tout particulièrement leurs déplacements fréquents et encombrés. Mais ce couple est chanceux, car il ne connaît pas la plaie du chômage relativement important.

Sans préconiser le retour à la bougie ou la vie des Amish, ne pourrait-on comparer ces deux façons de vivre et en tirer quelques enseignements pour vivre bien, voire mieux aujourd’hui ?

1. Commençons par comparer la durée de travail au dehors.

Le couple de 1950 travaillait 45 heures par semaine. Le couple de 1970 travaille au total 70 heures par semaine.
Vient donc à l’idée de réduire la durée de travail total du couple à 45 heures par semaine.
Chacun travaillera donc 22,5 heures par semaine seulement. Pour réduire le nombre des trajets domicile travail, le nombre de jours travaillés pourrait être de 3 seulement soit 7,5 heures par jour travaillé.
Pour des raisons économiques et sociales de continuité de service et de répartition des déplacements, ces 3 jours de travail seraient glissants.
Voir tableaux suivants sur 5 ou sur 6 jours

LundiMardiMercrediJeudiVendredi
TravailléTravailléTravaillé
TravailléTravailléTravaillé
TravailléTravailléTravaillé
TravailléTravailléTravaillé
TravailléTravailléTravaillé
LundiMardiMercrediJeudiVendrediSamedi
TravailléTravailléTravaillé
TravailléTravailléTravaillé
TravailléTravailléTravaillé
TravailléTravailléTravaillé
TravailléTravailléTravaillé
TravailléTravailléTravaillé
Le dimanche est considéré comme un vrai jour de repos pour tous. Cette considération pourrait être remise en cause dans la mesure où certains services de déplacements, restauration ou de loisirs restent bien opérationnels même le dimanche.
Remarquons que le planning sur 5 jours ouvrables donne un WE de 4 jours toutes les 5 semaines tandis que le planning sur 6 jours donne un WE de 4 jours toutes les 6 semaines.
Dans les entreprises de taille suffisante ou aux services non différentiés, tout employé pourra éventuellement permuter avec un autre afin d’arranger son planning personnel.
Chaque membre du couple ayant plus de jours non travaillés pourra s’occuper personnellement des taches d’éducation et de gardiennage des enfants, et sans doute se dispenser de certains services devenant inutiles.

Les 22,5 heures par semaine peuvent encore être réparties à raison de 4,5 heures par jour ouvrable. Dans cette hypothèse, ce sont les heures de début de travail qui deviendraient glissantes afin de répartir la charge sur les déplacements domicile-travail mais aussi afin de permettre la prise en compte de taches d’éducation des enfants ou ménagères par le couple. Voir ci dessous un exemple d’aménagement possible des horaires (limité au créneau 7h-17h30)
7h8h9h10h11h12h13h14h15h16h17h18h
XXXXXXXXX
XXXXXXXXX
XXXXXXXXX
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Bien d’autres aménagements des horaires sont possibles et nécessitent un véritable débat entre tous les intéressés d’une entreprise ou même d’un domaine d’entreprises. Pour les ménages célibataires constitués d’une seule personne, la durée de travail pourrait être supérieure à 22,5 heures par semaine sans jamais dépasser un plafond fixé à 30 heures. Ceci afin d’assurer à cette personne seule un revenu suffisant pour survivre décemment.
Dès que cette célibataire reconstitue un couple, la règle des 22,5 heures par semaine et par personne s’applique à nouveau. Certes le contrôle strict de l’existence du couple est difficile voire liberticide. Néanmoins, on table sur le fait que travailler moins longtemps est favorable pour la qualité de vie.

La transition entre les 35 heures actuelles (souvent plus) et les 22,5 heures préconisées ici n’est pas simple. Les gens travaillant moins longtemps seront donc payés moins. Leurs charges de services diminuées pèseront moins. A priori, les entreprises ne peuvent augmenter le taux horaire sans mettre en péril leurs ventes. L’État peut apporter une partie de contribution au passage aux 22,5 heures. Notons qu’Etat et entreprises verront leur contribution chômage diminuer drastiquement grâce à cette réduction d’horaires qui devrait favoriser le plein emploi de tous.
Cela signifie également que l’entreprise n’a pas le droit de ne sélectionner que les meilleurs mais doit accepter en son sein des salariés moins performants ou moins ciblés.

2. Etudions les besoins réels du couple ou ménage au regard de l’environnement.
La perte de biodiversité, le dérèglement climatique ont déjà et auront des conséquences sévères sur nos vies.
Ce point a très peu été étudié à ce jour. Il semble pourtant essentiel tant pour notre adaptation et notre survie que pour notre cohésion sociale.

Beaucoup d’objets réputés utiles le seront beaucoup moins ou même deviendront d’un usage néfaste. La voiture individuelle, les terminaux numériques de toutes sortes, les robots sont sur cette liste.

La voiture individuelle mais aussi les véhicules divers électriques nécessitent beaucoup d’énergie lors de leur fabrication, lors de leur utilisation et sur l’entretien des infrastructures nécessaires. Sachant que toute production d’énergie en grande quantité est forcément polluante et renforce donc la perte de biodiversité et la production de GES, l’usage de ces véhicules est néfaste.
Les citadins peuvent se passer de véhicule individuel dans la mesure où le réseau de transport en commun disponible est bien développé. Pour les gens qui habitent à la campagne et se rendent sur un lieu de travail éloigné, abandonner le véhicule individuel est plus problématique.
Bien sûr on peut renforcer les transports en commun mais à quel prix tant financier qu’environnemental !
La solution la plus fiable semble alors d’abandonner un urbanisme spécialisé, centralisé sur des pôles résidentiels, industriels, commerciaux, etc … En lieu et place, sera alors développé un urbanisme multifonctionnel, c’est à dire des quartiers ou villages où on trouve tout ce qui est nécessaire à notre vie (habitation, artisanat, petit commerce, ferme locale, …) et à portée de pieds.
Le besoin de déplacement sera alors minimisé et l’usage des véhicules motorisés individuels quasi-inutile.
On voit donc que la réduction des besoins de mobilité influe directement sur un changement radical de l’urbanisme. Les zones spécialisées de toutes natures doivent disparaître ou plutôt s’estomper, se fondre en zones multifonctionnelles. La transition de l’ancien urbanisme vers le nouveau, n’est pas inné vu nos habitudes. Mais cette transition est possible et vitale pour l’humanité.
Sans doute faut-il dès à présent, pour le moins, créer les formations adhoc pour entraîner toute la société dans ce sens.

Les terminaux numériques que nous utilisons sont très nombreux, téléviseurs, radios, ordinateurs, smartphones, box diverses, etc … Si certains d’entre eux sont conservés en bon état de marche longtemps, la plupart, tels les smartphones sont renouvelés rapidement. Il y a donc une forme de gâchis important par obsolescence programmée ou incitée par la propagande publicitaire.
L’utilisation de ces terminaux numériques nécessitent :
- la construction et l’élargissement des possibilités d’un réseau de télécommunication hertzien ou linéaire (câbles, fibres, …),
- l’utilisation de data centers de plus en plus nombreux et importants.

Tout cela induit donc un énorme besoin énergétique une fois encore polluant et destructeur de biodiversité, ce qui est néfaste à l’environnement et à l’humanité.
Mais comment réduire l’usage de ces appareils auxquels nous sommes très habitués ? Comment ne pas céder aux sirènes publicitaires nous invitant à acheter le machin dernier cri ? Comment les entreprises et les particuliers peuvent ils limiter l’usage des ordinateurs ?
Comment réduire le stockage des données dans les data centers sans perdre des informations essentielles ?

J’ai déjà donné quelques pistes ici mais très partielles. La réduction de l’usage des terminaux numériques est un énorme problème dont nous devrions débattre dès à présent à tous les niveaux ; les directives de réduction d’usage ne peuvent être décidées par un gouvernement, une élite, quelques uns. Tous les citoyens des pays voire tous les terriens doivent pouvoir s’exprimer et dégager des idées. C’est à ce pris que les mesures de réduction d’usage du numérique pourront être acceptées et mises en pratique par tous.

Les robots sont censés nous faciliter grandement la vie en nous épargnant des efforts physiques ou des efforts de mémorisation ou de calcul. Si certains robots comme la machine à laver sont sans aucun doute bénéfiques, bien d’autres le sont beaucoup moins voire pas du tout. Par exemple le robot ménager n’a d’intérêt que s’il est utilisé fréquemment. Dans le cas d’un usage exceptionnel, son intérêt est nul voire négatif. En effet, il faut le retrouver, l’installer, le nettoyer avant l’usage, le nettoyer après usage, etc … Il est fort probable que l’utilisation d’un couteau de cuisine ou une râpe à main sont plus efficaces !
Autre exemple : Autrefois, on utilisait un fil sur lequel on pendait le linge à sécher. Le soleil et le vent se chargeaient directement du séchage. Aujourd’hui, le sèche linge semble intéressant pour obtenir, après lavage, du linge propre, sec et donc mettable. Mais cet appareil utilise beaucoup d’électricité ! Il est particulièrement énergivore. Et il faut bien plus de vent et de soleil pour obtenir le même résultat !
Autre problématique : les robots nous évitent tout effort. Est-ce si bien que cela ? Pas sûr ! Notre nature d’être vivant avec deux pieds et deux bras a besoin d’exercice pour éviter l’atrophie de ces membres, pour respirer pleinement, en bref pour se sentir vivre. La suppression de tout effort, de toute contrainte peut rendre notre vie fort monotone.
La réduction de l’usage des robots évite la gabegie énergétique et ses inconvénients. Elle évite aussi que nous devenions des individus hors sol ayant perdu toute notion de leur animalité.

Conclusion
A partir d’une simple comparaison des façons de vivre d’hier et d’aujourd’hui, j’ai montré quelques éléments clés qui ont changé radicalement :
- le temps de travail pour un ménage
- les outils et objets utilisés

Compte tenu de l’actualité du chômage, j’ai proposé une réorganisation du temps de travail.
Compte tenu de la nécessité de réduire nos prédations sur l’environnement en vue de préserver la biodiversité et un climat clément, j’ai proposé quelques pistes sommaires vers la sobriété.

C’est très insuffisant pour un programme écologique complet et acceptable par tous.
En effet, ma vision individuelle est limitée. C’est à chacun de nous, aux associations, aux partis politiques réellement humanistes de s’interroger et débattre des mesures à prendre d’urgence pour changer de modèle économique, pour faire la rupture écologique nécessaire. (*)

(*) le terme transition écologique est inapproprié car bien trop faiblard.

Edité le:27/09/2021